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- Une procédure de sauvegarde pour protéger le réseau de boutiques
- Une entreprise frappée par la crise des matières premières
- Des pertes nettes malgré une hausse du chiffre d’affaires
- Une tentative de scission déjà envisagée en 2018
- Une marque au cœur du patrimoine breton
- Des innovations produits et une image forte
- Engagement local et inclusion sociale
- Une reprise incertaine, sous observation jusqu’en 2026
Le groupe La Trinitaine, figure historique de la biscuiterie bretonne, traverse une grave crise. L’entreprise familiale a placé sa filiale industrielle en redressement judiciaire, tandis qu’une procédure de sauvegarde préventive protège son réseau de distribution.
Basée à Saint-Philibert, dans le Morbihan, La Trinitaine incarne depuis 70 ans un savoir-faire biscuitier régional. Le groupe familial, qui emploie près de 300 salariés, a annoncé le placement en redressement judiciaire de sa filiale industrielle, la « Biscuiterie La Trinitaine ». La procédure a été ouverte par le tribunal de commerce de Rennes et prévoit une période d’observation courant jusqu’au 15 avril 2026. Un point de situation intermédiaire est fixé au 10 décembre prochain.
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Ce redressement vise à permettre la restructuration de l’activité de production, tout en assurant la continuité des opérations. Il s’agit de l’entité chargée de la fabrication des galettes, palets bretons et petits-beurre vendus en France et à l’international, majoritairement sous marques de distributeurs (MDD).
Une procédure de sauvegarde pour protéger le réseau de boutiques
Parallèlement, le groupe a engagé une procédure de sauvegarde préventive pour sa seconde filiale, Trinitaine Distribution. Cette entité gère le réseau de 48 boutiques, principalement implantées dans le Grand Ouest, et commercialise les produits de la maison ainsi que ceux de partenaires locaux (alcools, confiseries, objets souvenirs).
Jugée saine sur le plan financier, cette branche est isolée juridiquement pour éviter que les difficultés industrielles ne fragilisent l’ensemble du groupe. « Nous avons pris ces décisions dans l’intérêt des salariés et de la pérennité de l’activité », a déclaré Yann Petit, président du groupe.
Une entreprise frappée par la crise des matières premières
Comme de nombreuses entreprises agroalimentaires, La Trinitaine a été confrontée à une hausse brutale des coûts de production. La crise sanitaire, suivie de la guerre en Ukraine, a entraîné une flambée des prix des matières premières, notamment le beurre, les œufs et les emballages.
Face à une forte pression des enseignes de grande distribution, le groupe explique n’avoir jamais pu répercuter ces hausses sur ses prix de vente. Résultat : les marges industrielles se sont effondrées, alors même que le chiffre d’affaires progressait.
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Des pertes nettes malgré une hausse du chiffre d’affaires
En 2022, le chiffre d’affaires du groupe s’élevait à 33,8 millions d’euros. Il a atteint 40,4 millions en 2024. Mais les résultats restent lourdement déficitaires. En 2023, la perte nette s’élevait à 5,2 millions d’euros. Elle atteint encore 1,2 million d’euros sur l’exercice 2024.
Pour tenter d’enrayer la spirale, plus de 10 millions d’euros ont été investis dans l’automatisation des lignes de production et de conditionnement à Saint-Philibert. Ces efforts n’ont pas suffi à restaurer un équilibre économique durable.
Une tentative de scission déjà envisagée en 2018
La crise actuelle ravive une stratégie déjà esquissée par le passé. En 2018, La Trinitaine avait envisagé de vendre son site de production de 37 000 m² à Saint-Philibert à l’entreprise Pâtisseries Gourmandes, basée à Loudéac (Côtes-d’Armor). L’opération avait échoué, et le groupe avait alors choisi de maintenir son activité industrielle tout en développant la distribution.
Le choix de conserver la production en interne, malgré des marges plus faibles, s’avère aujourd’hui déterminant dans les difficultés rencontrées.
Une marque au cœur du patrimoine breton
Fondée en 1955 par Lucien Petit, La Trinitaine est née dans une petite échoppe de la Trinité-sur-Mer. L’histoire commence par hasard, avec l’invention de la Cigarette, un biscuit roulé devenu emblématique. Rapidement, l’entreprise prend de l’ampleur sous l’impulsion de Bernard Petit, fils du fondateur, qui développe un atelier de production à Saint-Philibert.
Toujours dirigée par la famille Petit, l’entreprise a reçu en 2023 le label « Entreprise du Patrimoine Vivant » (EPV), une distinction qui salue son savoir-faire et sa capacité à allier tradition et innovation.
Des innovations produits et une image forte
Au fil des décennies, La Trinitaine a multiplié les initiatives pour valoriser son image. Elle a été l’une des premières à utiliser des coffrets métalliques pour ses biscuits. Elle a également été présente dans la course au large, avec des voiliers portant son nom sur les océans, barrés notamment par Mike Birch et Marc Guillemot.
Côté produits, l’entreprise continue d’innover. En 2023, ses crakoises au café ont été élues « Meilleure nouveauté Produit en Bretagne » par un jury de professionnels et de consommateurs. Elle est aussi partenaire officiel de la marque Élysée pour représenter le savoir-faire biscuitier français.
Engagement local et inclusion sociale
La Trinitaine entretient un lien étroit avec son territoire. Depuis ses débuts, elle collabore avec des producteurs locaux, et a ouvert ses magasins à une large gamme de produits régionaux. Sur le plan social, elle travaille depuis plusieurs années avec neuf ESAT morbihannais. Un atelier a même été intégré à l’usine pour accueillir chaque jour une équipe de travailleurs en situation de handicap.
Sur le volet environnemental, l’entreprise a récemment remplacé les barquettes plastiques de ses biscuits secs par des emballages en carton FSC, issus de forêts gérées durablement.
Une reprise incertaine, sous observation jusqu’en 2026
Le placement en redressement judiciaire de la filiale industrielle ouvre une phase critique pour La Trinitaine. L’objectif affiché est de restructurer cette activité dans un cadre légal sécurisé, tout en préservant l’outil de production et les emplois.
La prochaine échéance est fixée au 10 décembre, date du point d’étape intermédiaire. L’avenir du groupe dépendra de sa capacité à restaurer sa rentabilité industrielle sans compromettre l’équilibre de sa branche distribution.


