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- Un système à trois piliers pour une mission commune
- Pompiers professionnels : un traitement indiciaire et des primes variables
- Pompiers volontaires : une indemnisation modeste mais exonérée d’impôt
- Pompiers militaires : un cadre rigide, des primes spécifiques
- Combien gagne réellement un pompier ? Synthèse par profil
- Des écarts territoriaux marqués entre départements
- Une reconnaissance encore partielle de la pénibilité du métier
- Un enjeu de sécurité publique
En France, tous les pompiers portent le même uniforme, mais leur rémunération varie fortement selon leur statut. Professionnels, volontaires ou militaires : trois catégories, trois systèmes de rémunération, avec des écarts parfois très importants.
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Un système à trois piliers pour une mission commune
Avec 256 400 pompiers recensés en 2023, la France s’appuie majoritairement sur l’engagement volontaire : 78 % des effectifs sont composés de sapeurs-pompiers volontaires, contre 17 % de professionnels et 5 % de militaires. Ce modèle hybride, hérité d’une tradition de solidarité locale et renforcé par les besoins opérationnels constants, fait de la France l’un des pays européens les plus dépendants du bénévolat encadré dans le domaine de la sécurité civile.
Pompiers professionnels : un traitement indiciaire et des primes variables
Les sapeurs-pompiers professionnels, fonctionnaires territoriaux, perçoivent un traitement basé sur une grille indiciaire. Le salaire brut mensuel de base commence à 1 801,74 € pour un sapeur débutant et peut atteindre 4 066,22 € pour un lieutenant-colonel en fin de carrière. La progression se fait par échelons et changements de grade, selon l’ancienneté et la réussite aux concours internes.
Mais le traitement indiciaire ne représente qu’une partie du revenu réel. L’indemnité de feu, équivalente à 25 % du traitement de base, s’ajoute systématiquement, soit environ 450 € pour un pompier débutant. Elle est intégrée dans le calcul de la retraite, ce qui en fait un élément central de la rémunération.
S’y ajoutent plusieurs indemnités : indemnité de responsabilité (6 % à 39 % du traitement), indemnité de spécialité pour les techniciens formés (jusqu’à 10 %), prime de logement pour les non-logés et indemnité de mobilisation pour les interventions exceptionnelles hors département.
Au total, un sapeur débutant perçoit entre 2 300 € et 2 500 € brut par mois, selon sa situation. En milieu de carrière, avec les responsabilités croissantes et les primes cumulées, le salaire brut mensuel dépasse les 3 500 €, et les officiers supérieurs atteignent entre 4 500 € et 5 800 € brut. À l’année, cela représente une fourchette de 28 000 € à 70 000 € brut selon le grade et l’ancienneté.
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Pompiers volontaires : une indemnisation modeste mais exonérée d’impôt
Les sapeurs-pompiers volontaires ne perçoivent pas de salaire mais des indemnités horaires. En 2025, celles-ci s’élèvent à 8,61 € pour un sapeur, 9,24 € pour un caporal, 10,43 € pour un sous-officier et 12,96 € pour un officier. Ces montants peuvent être majorés : 200 % pour les interventions de nuit, 150 % les jours fériés, et 60 % pour les gardes casernées.
Un volontaire effectuant quatre gardes de 24 heures par mois, avec quelques interventions, peut espérer toucher entre 400 € et 1 200 € mensuels. Ces indemnités sont entièrement exonérées d’impôt, ce qui constitue un avantage net considérable par rapport à un salarié classique. Pour un volontaire percevant 1 000 € d’indemnités, l’équivalent net après impôts d’un salarié imposé à 30 % serait d’environ 1 400 €.
Un autre dispositif, la Prestation de fidélisation et de reconnaissance (NPFR), verse une rente annuelle allant de 411 € (après 15 ans de service) à 2 050 € (après 35 ans), également exonérée d’impôt.
Depuis octobre 2025, le gouvernement a promis l’octroi de trimestres de retraite aux volontaires longue durée. Une avancée saluée mais toujours en attente d’un décret d’application. Sans ce texte réglementaire, la mesure reste théorique.
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Pompiers militaires : un cadre rigide, des primes spécifiques
Les 8 700 pompiers de la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris (BSPP), rattachés à l’armée de terre, et les 2 035 marins-pompiers de Marseille (BMPM), intégrés à la Marine nationale, obéissent à des logiques militaires. Leurs salaires suivent les grilles indiciaires des armées.
À la BSPP, un militaire du rang touche entre 1 600 € et 1 700 € brut, auxquels s’ajoutent des primes de risque, des compensations pour les gardes de 24 heures (120 par an en moyenne), et l’avantage du logement en caserne. Le salaire net réel avoisine les 2 000 € mensuels pour un jeune engagé. Les officiers supérieurs peuvent atteindre 4 000 € à 9 000 € brut mensuel, selon les fonctions et responsabilités.
Au BMPM, les rémunérations sont similaires, avec une base allant de 1 550 € à 2 500 € brut. Les militaires bénéficient en plus de 45 jours de permissions, de 75 % de réduction SNCF, d’accès à des logements militaires et d’une couverture sociale renforcée.
Combien gagne réellement un pompier ? Synthèse par profil
Un sapeur-pompier professionnel en début de carrière perçoit environ 28 000 € à 32 000 € brut par an, montant qui monte à 40 000 € en milieu de carrière et jusqu’à 70 000 € pour les officiers supérieurs.
Un pompier volontaire actif, avec 100 heures mensuelles d’engagement, perçoit 10 000 € à 15 000 € annuels d’indemnités totalement exonérées, ce qui équivaut à environ 13 000 € à 20 000 € nets comparés à un salarié imposé.
Les pompiers militaires touchent entre 24 000 € et 45 000 € brut par an selon le grade, avec des avantages matériels significatifs en complément.
Des écarts territoriaux marqués entre départements
Malgré une grille nationale, les rémunérations peuvent varier fortement selon les départements. À Paris, un pompier professionnel gagne en moyenne 2 500 € nets, contre 2 000 € à Lyon et 1 900 € à Bordeaux. Les différences viennent principalement des indemnités complémentaires, souvent décidées au niveau local par les services départementaux d’incendie et de secours (SDIS).
Côté volontaires, les pourcentages appliqués aux gardes casernées varient de 35 % à 75 % du taux horaire selon les départements. Ainsi, un volontaire en Haute-Garonne pourra percevoir deux fois plus qu’un collègue dans un département voisin pour le même engagement.
Une reconnaissance encore partielle de la pénibilité du métier
Les pompiers professionnels bénéficient du statut de catégorie active, leur permettant une retraite anticipée à 57 ans, voire plus tôt avec les bonifications. Toutefois, la réforme de 2023 a relevé l’âge de départ à 59 ans pour les générations nées après septembre 1966. Une suspension de cette réforme a été annoncée en octobre 2025, mais aucune mesure n’est encore en vigueur.
Les pompiers volontaires, longtemps exclus de tout avantage retraite, viennent d’obtenir un droit théorique à des trimestres supplémentaires. Là encore, les modalités d’application restent floues.
Un enjeu de sécurité publique
La rémunération des sapeurs-pompiers en France reflète un modèle de sécurité civile profondément inégalitaire. Les professionnels disposent d’un cadre stable, structuré et relativement protecteur. Les volontaires, qui représentent pourtant l’épine dorsale du système, perçoivent une compensation symbolique, bien que fiscalement avantageuse. Les militaires bénéficient d’une stabilité propre au monde de la défense, mais avec une charge opérationnelle très lourde.
La question de la reconnaissance financière réelle, au regard des risques et de l’engagement requis, reste posée. Face à l’inflation, à l’évolution des aspirations sociétales et à la crise du volontariat, la rémunération des pompiers pourrait devenir l’un des enjeux majeurs de la prochaine décennie pour la sécurité publique française.


