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C’est un coup double pour les retraités. En 2026, leurs pensions ne seront pas revalorisées. Ni celles versées par le régime de base, ni celles de la complémentaire Agirc-Arrco. Dans un contexte d’inflation toujours active et de pression fiscale croissante, ce gel va réduire concrètement le pouvoir d’achat de 17 millions de personnes. Un choix budgétaire lourd de conséquences.
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Agirc-Arrco : les partenaires sociaux se déchirent
Le premier coup est tombé le 17 octobre. Les partenaires sociaux, gestionnaires de l’Agirc-Arrco, n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur la revalorisation annuelle prévue au 1er novembre 2025. Selon les règles du régime, l’augmentation doit suivre l’inflation hors tabac, minorée de 0,4 point. Avec une inflation estimée à 1,1 % en septembre, une hausse de 1 % était envisageable.
Les syndicats ont proposé ce chiffre, puis abaissé leur demande à 0,8 %. Refus net du Medef, de la CPME et de l’U2P, qui ont bloqué à 0,2 %. Conséquence : sans accord, la revalorisation est annulée. Le patronat brandit le spectre des 15 milliards d’euros de manque à gagner liés à la suspension de la réforme des retraites. Les syndicats répliquent avec les 85,6 milliards d’euros de réserves du régime, soit près du double du seuil requis.
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Retraite de base : une décision politique, pas technique
Quelques semaines plus tard, c’est l’État qui confirme le second gel. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, présenté par le gouvernement de Sébastien Lecornu, prévoit une revalorisation nulle au 1er janvier. Le texte a été ajusté en ce sens lors du Conseil des ministres du 23 octobre.
Là aussi, en l’absence de gel, une hausse de 0,9 % était attendue. Ce gel n’est donc pas dicté par une évolution économique défavorable, mais par un choix budgétaire délibéré.
Quel impact réel pour les retraités ?
Le manque à gagner dépend du niveau de pension. Exemples :
- 1 400 € net/mois (980 € de base + 420 € complémentaire) : perte de 11,34 €/mois
- 2 300 € net (1 150 € base + 1 150 € complémentaire) : –17,25 €/mois
- 2 800 € net : –21 €/mois
- 4 000 € net : –28,32 €/mois
Sur une année, la facture grimpe. Et pour les retraités aux revenus moyens, elle s’ajoute à d’autres hausses de prélèvements.
CSG : le piège des seuils
Autre coup de rabot, plus discret : le gel du barème de la CSG pour 2026. Si les seuils ne bougent pas, mais que les pensions augmentent – comme prévu en janvier 2025 de 2,2 % – de nombreux retraités risquent de changer de tranche.
Un passage du taux réduit (3,8 %) au taux médian (6,6 %), voire au taux plein (8,3 %), n’est pas à exclure. Pour ceux qui bénéficiaient jusque-là d’une exonération, l’addition fiscale pourrait être encore plus salée. Résultat : même sans hausse d’impôt déclarée, le prélèvement augmente.
Une réforme fiscale abandonnée… pour l’instant
Le gouvernement avait aussi prévu, dans le projet de loi de finances 2026, de supprimer l’abattement de 10 % sur les pensions. Il devait être remplacé par un abattement forfaitaire de 2 000 euros, pénalisant tous ceux touchant plus de 20 000 euros par an.
Devant la levée de boucliers, la mesure a été retirée en commission des Finances le 21 octobre. Mais le gouvernement n’a pas exclu de la réintroduire en séance.
2026-2030 : un ralentissement programmé
Le gel de 2026 n’est pas un accident. Il s’inscrit dans une trajectoire : entre 2027 et 2030, les pensions de base seront revalorisées, mais moins vite que l’inflation – 0,4 point de moins chaque année. Objectif affiché : économiser jusqu’à 15 milliards d’euros sur la période.
Autre levier : le cumul emploi-retraite. À partir de 2027, la pension sera écrêtée à 100 % des revenus d’activité pour les moins de 64 ans. Entre 64 et 67 ans, la franchise sera abaissée à 7 000 euros annuels (contre 20 000 aujourd’hui). Une mesure censée rapporter 200 millions d’euros par an dès 2027.
Deux mesures pour les mères de famille
Au milieu des coupes, deux avancées ciblées :
- À partir de 2026, les mères d’un enfant verront leur retraite calculée sur les 24 meilleures années (contre 25 aujourd’hui), et celles de deux enfants ou plus sur 23 années.
- Dès septembre 2026, deux trimestres supplémentaires de majoration pour enfant compteront pour la durée d’assurance dans le cadre des carrières longues. Près de 13 000 femmes nées après 1970 pourraient en bénéficier chaque année.


