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- Un écart budgétaire massif
- Salaires : gigantisme contre rationalité
- Transferts : la logique des plus-values face à la surenchère
- Infrastructures : gigantisme qatari contre optimisation allemande
- Droits TV : un cadre plus favorable en Allemagne
- Valorisation : entre spéculation et stabilité
- Recettes européennes : jackpot parisien, progression allemande
- Ancrage territorial : franchise contre club-entreprise
- Stratégies d’investissement : soft power vs projet industriel
Un club financé par un État, l’autre par une entreprise centenaire. Un mastodonte du capitalisme mondialisé face à un modèle rhénan rigoureux. Alors que le Paris Saint-Germain a décroché sa première Ligue des champions en 2025, le Bayer Leverkusen, champion d’Allemagne invaincu et finaliste de la Ligue Europa, s’impose comme son exact opposé. Derrière le duel sportif, deux conceptions du football européen s’affrontent : entre capitalisation spéculative et gestion durable.
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Un écart budgétaire massif
Avec un chiffre d’affaires record de 806 millions d’euros en 2023-2024, le PSG figure parmi les trois clubs les plus riches d’Europe, juste derrière le Real Madrid et Manchester City. Le Bayer Leverkusen, lui, prévoit un budget de 323 millions pour la saison 2024-2025. L’écart est significatif : moins de 40 % des revenus du club parisien.
Cette asymétrie se retrouve dans la structure des revenus. Le PSG a généré 391 millions d’euros en revenus commerciaux, tirés notamment de ses partenariats avec Nike (90 M€), Qatar Airways (70 M€) et Snipes (10 M€). À lui seul, le maillot du PSG est valorisé à 170 millions d’euros par saison. Leverkusen, de son côté, a vu ses revenus commerciaux progresser à 66 millions d’euros, soit près de six fois moins.
Les revenus de billetterie confirment le déséquilibre. Le PSG a encaissé 168,5 millions d’euros lors de la saison écoulée, en grande partie grâce à des prix élevés et un Parc des Princes systématiquement complet. La BayArena, avec 30 210 places, reste bien plus modeste malgré une fréquentation maximale et une liste d’attente de 14 000 personnes.
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Salaires : gigantisme contre rationalité
En 2023-2024, le PSG affichait une masse salariale brute de 658,59 millions d’euros, représentant 81,7 % de ses revenus. Un niveau considéré comme dangereux par les experts financiers du football. Depuis, le départ de Kylian Mbappé à l’été 2024 a marqué une rupture : la masse salariale est tombée à 145,76 millions d’euros pour 2024-2025, hors primes.
Leverkusen, lui, fonctionne à l’échelle inférieure. Sa masse salariale annuelle est estimée à 191,5 millions d’euros. Le joueur le mieux rémunéré, Patrik Schick, touche 6 millions d’euros par an. À Paris, Ousmane Dembélé perçoit trois fois plus. Cette maîtrise des salaires permet à Leverkusen de rester dans les clous du fair-play financier européen.
Fernando Carro, président du club allemand, milite pour un plafonnement des salaires à l’échelle européenne, sur le modèle nord-américain. Une mesure qu’il juge essentielle pour rééquilibrer les compétitions.
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Transferts : la logique des plus-values face à la surenchère
Depuis son rachat par Qatar Sports Investments en 2011, le PSG a investi plus de 2,14 milliards d’euros sur le marché des transferts. Le bilan financier est négatif. Entre 2015 et 2025, le PSG affiche un déficit de 646 millions d’euros sur le marché des transferts, avec des ventes limitées à 420 millions sur la période.
Leverkusen suit une toute autre voie. En 2025, le club a généré 229,5 millions d’euros de ventes, notamment grâce au transfert record de Florian Wirtz à Liverpool (125 M€). Ces plus-values régulières sont réinvesties dans des jeunes talents à fort potentiel, comme Victor Boniface ou Jeremie Frimpong. Le directeur sportif Simon Rolfes orchestre cette stratégie depuis 2018.
Infrastructures : gigantisme qatari contre optimisation allemande
Le PSG a inauguré en 2024 son nouveau centre d’entraînement à Poissy. Le campus a coûté 350 millions d’euros à QSI. Sur 59 hectares, il comprend 16 terrains, un stade de 5 000 places et des installations médicales de pointe. Il est conçu comme un centre de performance global, symbole de l’ambition du club.
Leverkusen, en comparaison, mise sur l’efficacité. La BayArena, modernisée en 2009, reste un stade fonctionnel. Le club développe actuellement un nouveau centre de formation à Monheim, sur 22 hectares. Moins coûteux mais ambitieux, ce projet vise à renforcer la compétitivité à long terme. Leverkusen a aussi ouvert une académie au Brésil, une première pour un club allemand.
Droits TV : un cadre plus favorable en Allemagne
Le PSG perçoit environ 178,14 millions d’euros de droits TV nationaux, dans un championnat français dont les recettes totales plafonnent à 500 millions par an. La Bundesliga, elle, a signé un contrat record pour 2025-2029 à hauteur de 4,484 milliards d’euros. Leverkusen touche 75,5 millions d’euros, soit près de la moitié du PSG dans un cadre structurel plus stable.
Ce contexte permet aux clubs allemands de planifier plus sereinement. À l’inverse, l’instabilité du marché français pousse les clubs de Ligue 1 à chercher des solutions alternatives, souvent à travers des investissements extérieurs.
Le PSG a été plusieurs fois épinglé par l’UEFA pour ses pratiques financières. Sanctions, amendes, enquêtes : le club reste sous surveillance. En 2024, malgré des revenus record, il affiche un déficit de 60 millions d’euros et une dette totale de 1,05 milliard, en forte hausse.
Leverkusen présente une situation radicalement différente : une dette inférieure à 120 000 euros, aucun déficit majeur, et une conformité stricte au règlement financier européen. Ce contraste illustre deux manières de gérer un club dans le cadre réglementaire de l’UEFA.
Valorisation : entre spéculation et stabilité
L’entrée du fonds américain Arctos Partners au capital du PSG fin 2023 a fixé une valorisation de 4,25 milliards d’euros. Le club a été multiplié par 60 depuis 2011. Cette croissance repose sur sa marque mondiale, ses revenus et ses actifs immobiliers.
Leverkusen n’est pas coté en bourse. Sa valeur reste estimée, mais la progression est indéniable. Le titre de Bundesliga, les recettes commerciales en hausse (+20 % en 2024), l’augmentation des ventes de maillots (+73 %), et l’afflux de nouveaux membres (+69 %) renforcent l’attractivité du club.
Recettes européennes : jackpot parisien, progression allemande
Le PSG a récolté près de 175 millions d’euros grâce à sa campagne victorieuse en Ligue des champions. Ce succès, combiné à une revalorisation des primes par l’UEFA, contribue à ses performances économiques. Cette manne devrait porter le chiffre d’affaires du club à plus de 850 millions en 2024-2025.
Leverkusen, finaliste de la Ligue Europa en 2024, a perçu des revenus européens bien moindres, estimés autour de 20 à 25 millions d’euros. Mais ils s’ajoutent à des droits TV stables et à une gestion rigoureuse, permettant au club de maintenir une croissance soutenue.
Ancrage territorial : franchise contre club-entreprise
Le PSG revendique un fort impact économique local. En 2023-2024, il a généré 243 millions d’euros de valeur ajoutée et soutenu plus de 2 300 emplois en Île-de-France. Sa contribution fiscale a atteint 371 millions d’euros.
Leverkusen s’inscrit dans un tissu local plus restreint. La ville de 165 000 habitants vit au rythme du club et de Bayer AG, qui en est propriétaire depuis 1999. La réussite sportive de 2024 a entraîné un regain d’adhésion populaire et une hausse du tourisme sportif. Le club compte désormais 66 000 membres, soit 40 % de la population locale.
Stratégies d’investissement : soft power vs projet industriel
L’investissement qatari dans le PSG relève d’une stratégie géopolitique assumée. Le club est une vitrine du soft power du Qatar, appuyé par des relais comme beIN Sports ou des ambitions globales (Coupe du monde des clubs, NBA Europe). Le sport est ici un outil d’influence.
Leverkusen suit une logique industrielle. Le club a été créé en 1904 pour les employés de Bayer. Il reste un projet à but non spéculatif, pensé comme outil de cohésion et de communication interne. Malgré les difficultés économiques de Bayer AG, le maintien de la section football est justifié par ses retombées positives.