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L’exécutif macroniste commence à regarder sérieusement une option qu’il avait longtemps balayé : la suspension de la réforme des retraites de 2023. L’objectif ? Désamorcer un blocage politique autour du budget 2026. La mesure aurait des effets immédiats sur les actifs nés entre 1963 et 1965. Un gel à 63 ans est désormais sur la table.
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Un gel de la réforme pour éviter l’impasse budgétaire
Le débat budgétaire s’annonce tendu. À tel point que l’hypothèse d’un gel partiel de la réforme des retraites a refait surface au sommet de l’État. Une option évoquée pour faire passer le projet de loi de finances 2026, qui doit être déposé d’ici au 13 octobre. En coulisses, l’idée avance : offrir une concession visible pour éviter une impasse parlementaire.
Le président de la Cour des comptes l’a rappelé sèchement : le calendrier budgétaire ne peut pas déraper. Tout retard ferait peser un risque sur l’adoption de la loi avant la fin de l’année. Dans ce contexte, suspendre temporairement la réforme des retraites pourrait servir de monnaie d’échange politique.
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Âge de départ : les scénarios d’un gel à 63 ans
Depuis le 1er septembre 2023, la réforme prévoit un relèvement progressif de l’âge légal, à raison d’un trimestre par génération. 62 ans et neuf mois pour les natifs de 1963. 63 ans pour ceux de 1964. 63 ans et trois mois pour la génération 1965. Objectif final : 64 ans.
Plusieurs scénarios sont envisagés si la réforme était gelée. Le plus simple consisterait à stopper la hausse à 62 ans et neuf mois, l’âge en vigueur depuis octobre 2025. Mais c’est l’hypothèse d’un arrêt à 63 ans qui tient la corde : elle stabiliserait le calendrier sans revenir trop en arrière, tout en limitant le coût budgétaire.
Un retour à 62 ans, comme avant 2023, est considéré comme hors de portée financièrement. Il impliquerait une révision complète du système et un effort budgétaire incompatible avec les contraintes actuelles.
Les 172 trimestres resteraient la norme
Si l’âge légal est figé, la durée de cotisation ne devrait pas bouger. Le cap des 172 trimestres – soit 43 années – resterait la norme à partir de la génération 1965. Un choix qui permettrait de contenir l’impact budgétaire et d’éviter de rouvrir tout le chantier des paramètres de départ.
Mais ce maintien pèse lourd pour les carrières hachées. Pour valider 172 trimestres, il faut avoir commencé à 20 ans sans interruption majeure. Les périodes de chômage, de formation ou de temps partiel compliquent fortement l’accès au taux plein avant 67 ans.
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Les générations 1963 à 1965 en première ligne
Le gel partiel aurait des effets immédiats pour trois classes d’âge. Les natifs de 1963 conserveraient leur droit à un départ à 62 ans et neuf mois. Ceux de 1964 pourraient partir à 63 ans, sans attendre les trois mois supplémentaires prévus. Pour la génération 1965, l’incertitude reste entière : le relèvement prévu à 63 ans et trois mois pourrait être suspendu… ou non, selon l’arbitrage final.
Pour les générations suivantes, la réforme continuerait de s’appliquer, sauf décision politique d’élargir le gel. Les écarts d’âge de départ pourraient donc se stabiliser temporairement, mais la durée de cotisation resterait la variable la plus lourde.
Un arbitrage politique d’ici la fin de l’année
Le gouvernement n’a pas encore tranché. Mais le calendrier s’accélère. Pour que la suspension pèse dans les négociations budgétaires, il faudra décider avant la fin décembre. Le coût estimé d’un gel à 63 ans : 5,8 milliards d’euros à l’horizon 2035. Une somme qui reste maîtrisable, mais qui devra être compensée ailleurs.
Pour les assurés proches de la retraite, l’incertitude reste entière. Le choix final ne sera pas uniquement budgétaire. Il sera aussi politique, dans un climat où chaque compromis compte.


