Pourquoi la série Montmartre est un triomphe pour TF1

Personne n’attendait un tel carton : Montmartre s’impose comme la surprise télévisuelle de la rentrée sur TF1. Voici pourquoi.

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Avec plus de 5,3 millions de téléspectateurs en audience consolidée à J+7, Montmartre s’est imposée comme la série événement de la rentrée 2025. Cette fresque historique en huit épisodes, diffusée sur TF1 et portée par un casting audacieux, témoigne de la capacité de la fiction française à se renouveler. Entre ambition artistique, stratégie industrielle et résonance contemporaine, retour sur les ressorts d’un succès maîtrisé.

Un lancement puissant sur TF1

Dès sa diffusion le 29 septembre, Montmartre réalise un démarrage remarquable. Le premier épisode rassemble 4,14 millions de téléspectateurs, soit 21,9 % de part d’audience sur l’ensemble du public et 25,1 % sur la cible stratégique des FRDA-50 (femmes responsables des achats de moins de 50 ans). Le second épisode, diffusé dans la foulée, retient 3,45 millions de spectateurs, portant la moyenne de la soirée à 3,79 millions.

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TF1 domine ainsi la soirée face à M6 et L’amour est dans le pré, brisant une dynamique bien installée dans le paysage audiovisuel français. Une semaine plus tard, la série confirme sa solidité avec 3,57 millions de téléspectateurs en moyenne pour les épisodes 3 et 4, avec une nouvelle victoire sur la concurrence.

Replay et streaming : l’autre succès de Montmartre

Au-delà des performances en direct, Montmartre s’impose comme un cas d’école en matière de consommation différée. À J+7, le premier épisode cumule 5,3 millions de visionnages, soit un gain de 1,1 million en replay. Les résultats sur les cibles commerciales sont encore plus parlants : 30 % de part de marché sur les FRDA-50 et 25 % sur les 25-49 ans, en forte hausse par rapport au direct.

La série parvient ainsi à séduire à la fois le public traditionnel du linéaire et une audience plus jeune, adepte du streaming via la plateforme TF1+. Ce double levier consolide l’assise de Montmartre dans un marché fragmenté et en pleine mutation.

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Une production ambitieuse malgré des moyens contraints

Tournée en 85 jours, la série mobilise une logistique conséquente : 10 lieux de tournage, 30 décors, près de 1 500 figurants et une reconstitution soignée du Paris de 1899. Pourtant, la productrice Aline Panel ne cache pas les difficultés financières. Plusieurs millions d’euros manquaient au budget initial, obligeant l’équipe à revoir certaines ambitions à la baisse.

Le quartier de Montmartre, jugé trop coûteux et peu adapté aux contraintes de tournage, n’apparaît que trois jours à l’écran. La rue principale est recréée en Seine-Saint-Denis, et le cabaret fictif L’Éléphant Rose est entièrement bâti en studio sur 700 m². Ces choix permettent de maintenir une qualité visuelle élevée tout en maîtrisant les coûts.

Un casting pensé pour l’histoire, pas pour les affiches

Plutôt que de miser sur des têtes d’affiche connues, la production privilégie des profils singuliers. Alice Dufour, ancienne gymnaste et danseuse du Crazy Horse, incarne Céleste, personnage central de la série. Son parcours atypique fait d’elle une interprète physiquement engagée et crédible dans un rôle exigeant.

Autour d’elle, de jeunes comédiens comme Victor Meutelet, Claire Romain ou Mikaël Mittelstadt apportent fraîcheur et justesse. Quelques figures établies – Mathilde Seigner, Cristiana Reali, Thibault de Montalembert – occupent des rôles secondaires. Ce choix de casting s’inscrit à la fois dans une logique budgétaire et dans une volonté artistique affirmée de renouvellement.

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Une mise en scène immersive et assumée

Le réalisateur Louis Choquette imprime une signature visuelle forte à la série. Les décors sont filmés comme des espaces vivants, et les chorégraphies conçues par Johan Nus ne sont jamais de simples interludes. Chaque numéro de cabaret participe à la narration, révèle un enjeu, une tension ou une émotion.

Les scènes de nudité, encadrées par une coordinatrice d’intimité, sont intégrées à des séquences chorégraphiées pensées comme des tableaux vivants. Choquette revendique une esthétique « néo-romanesque » : le cadre historique devient un miroir des tensions sociales et intimes contemporaines.

TF1 opte pour un rythme hebdomadaire resserré : deux épisodes chaque lundi soir en prime time. Ce format crée un effet de rendez-vous, tout en incitant les spectateurs les plus impatients à se tourner vers TF1+ Premium, où l’intégralité des épisodes est disponible en avance.

La déprogrammation temporaire des épisodes 5 et 6 au profit du match France-Islande témoigne de la souplesse stratégique de la chaîne, qui ajuste son calendrier en fonction de ses priorités d’audience. Cette gestion différenciée entre diffusion linéaire et numérique permet de maximiser la visibilité de la série sur l’ensemble des supports.

Une coproduction franco-internationale

Le montage économique de Montmartre reflète l’évolution du secteur. TF1 finance environ 70 % du projet, avec Disney+ comme partenaire de diffusion internationale. Authentic Prod, filiale de Banijay, assure la production. Ce triptyque illustre le modèle hybride désormais dominant : mutualisation des coûts, circulation des œuvres, exploitation multi-plateformes.

L’arrivée de Disney+ en cours de production n’a pas permis d’augmenter le budget comme espéré, mais elle ouvre des perspectives de diffusion à l’international. En 2026, le partenariat historique entre TF1 et Netflix renforcera encore cette logique de synergie entre chaînes historiques et géants du streaming.

Un imaginaire français mis au service de récits universels

Le choix de Montmartre n’est pas anodin. Le quartier parisien, haut lieu de la Belle Époque, symbolise à la fois la fête, la liberté artistique et les luttes sociales. La série capitalise sur ce patrimoine pour construire un récit où se croisent émancipation féminine, homosexualité réprimée et rapports de classe.

La documentation rigoureuse et les choix esthétiques contemporains (usage du jean, amplification de l’électricité) permettent d’ancrer le récit dans l’époque tout en le rendant lisible pour un public actuel. Cette articulation entre authenticité historique et accessibilité moderne participe à l’impact de la série.

Montparnasse après Montmartre

Montmartre n’aura pas de saison 2. La productrice Aline Panel l’assume : l’histoire est achevée, et le format de la collection permet de repartir sur d’autres territoires. Le projet Montparnasse, prévu pour 2026, prolongera cette démarche : explorer un quartier de Paris, une époque, une histoire.

Chaque série fonctionnera de manière autonome, sur le modèle des anthologies. Ce format offre une flexibilité créative et permet de capitaliser sur la marque tout en renouvelant l’offre.



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