Afficher le résumé Masquer le résumé
La biotech lyonnaise Adocia vient de franchir une étape majeure. Après une première réussite en juillet 2025 chez les diabétiques de type 2, son insuline ultra-rapide BioChaperone Lispro vient d’obtenir des résultats positifs dans un deuxième essai clinique de phase III, cette fois chez les patients atteints de diabète de type 1. L’étude, menée par son partenaire chinois Tonghua Dongbao sur 550 adultes, valide l’efficacité du traitement.
Le principal objectif de l’étude — démontrer que la molécule n’est pas inférieure à celle du concurrent — est atteint. Mieux : elle fait mieux que l’Humalog (Eli Lilly) sur le contrôle de la glycémie après les repas. Une performance inédite sur ce segment très disputé des insulines dites « ultra-rapides ».
A LIRE AUSSI
Pénurie de médicaments dans les pharmacies : la crise s’aggrave
Une insuline plus rapide que les leaders actuels
Selon Olivier Soula, directeur général d’Adocia, BioChaperone Lispro est aujourd’hui la seule insuline à avoir montré une supériorité sur l’ensemble des repas quotidiens. Absorption plus rapide, efficacité postprandiale accrue : le produit se place dans une nouvelle génération, devant les références actuelles Fiasp (Novo Nordisk) et Lyumjev (Eli Lilly). Le résultat repositionne Adocia dans un secteur longtemps verrouillé par les géants historiques. « Nous venons de franchir une nouvelle étape dans la recherche sur l’insuline, qui a été découverte il y a plus d’un siècle », résume Olivier Soula.
Un partenariat solide pour attaquer le marché chinois
Le potentiel économique se joue à l’Est. Avec 148 millions d’adultes diabétiques, dont près de la moitié non diagnostiqués, la Chine représente le plus grand marché mondial. C’est là qu’Adocia espère prendre pied, via son partenaire Tonghua Dongbao. Depuis 2018, ce laboratoire coté à Shanghai détient une licence pour BioChaperone Lispro sur la Chine, plusieurs pays d’Asie et du Moyen-Orient, hors Japon. L’autorisation de mise sur le marché est attendue pour 2027.
La production reste française — via un sous-traitant — mais le « Fill and Finish », dernière étape industrielle, se fait en Chine dans les usines de Tonghua Dongbao. Ce partenaire pèse 370 millions de dollars de chiffre d’affaires et emploie 3.000 personnes. Son ancrage local assure à Adocia une porte d’entrée opérationnelle et réglementaire vers le marché chinois.
A LIRE AUSSI
À Toulouse, une usine relance l’espoir pharmaceutique
Des revenus immédiats et un cours en forte hausse
Financièrement, les retombées sont déjà là. L’accord prévoit un paiement de 20 millions de dollars à l’approbation du médicament, et des royalties à deux chiffres sur les ventes futures. Une première tranche de 10 millions a été encaissée dès juillet 2025, après le premier essai positif.
Adocia, qui a publié un chiffre d’affaires de 1,437 million d’euros sur les neuf premiers mois de l’année, bénéficie aussi du Crédit d’Impôt Recherche et d’une trésorerie de 13,4 millions d’euros au 30 septembre. Ces ressources sont précieuses pour tenir jusqu’aux prochaines étapes de développement.
Les investisseurs ne s’y sont pas trompés. L’action a bondi de plus de 10 % le 14 octobre, à 11,08 euros. Depuis janvier, le titre a pris près de 80 %, preuve que les marchés croient au potentiel de BioChaperone Lispro, en particulier en Asie.
Une stratégie d’innovation pour sortir du rang
La biotech ne mise pas tout sur une seule molécule. Elle avance sur plusieurs fronts, avec quatre plateformes technologiques protégées par 25 brevets. Parmi les projets en cours : AdOral, pour administrer des peptides par voie orale ; AdoShell, un biomatériau pour protéger des cellules greffées, dont un essai clinique est prévu en 2026 ; ou encore BioChaperone CagriSema, une combinaison injectable contre l’obésité.
Adocia a également cédé en 2023 les droits exclusifs sur le candidat M1Pram à Sanofi pour 10 millions d’euros, même si un accord définitif reste en attente.
Cette stratégie de rebond s’inscrit dans un contexte de reconstruction après un épisode douloureux. En 2017, Eli Lilly avait mis fin à un partenariat avec Adocia, déclenchant un contentieux finalement favorable à la biotech, qui a obtenu 14,3 millions de dollars en 2019. Depuis, l’entreprise a recentré ses efforts sur ses alliances asiatiques et le développement clinique.