Les députés font partie des 10 % des Français les mieux rémunérés

Le chiffre est sans appel : les députés gagnent bien plus que 90 % des Français. Et ce n’est pas leur seul avantage…

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Depuis janvier 2024, un député perçoit une indemnité nette mensuelle de 5 953,34 euros. Or, selon les dernières données de l’Insee publiées en juillet 2025, le seuil d’entrée dans les 10 % les plus riches (haut décile) – c’est-à-dire les 10 % des Français au niveau de vie le plus élevé – est fixé à 3 913 euros par mois pour une personne seule. Le calcul tient compte du revenu disponible après impôts, rapporté au nombre d’unités de consommation (UC) dans le foyer.

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Autrement dit, un député vivant seul dépasse de plus de 2 000 euros le seuil d’entrée dans les 10 % les plus riches (« haut décile » dans le vocabulaire Insee), sans même inclure d’éventuels autres revenus. Même dans des configurations familiales plus complexes (couples avec enfants), la grande majorité des députés franchit ce seuil, seuls quelques cas spécifiques pouvant se situer en dessous.

Que signifient UC et D9 dans le calcul du niveau de vie ?

L’Insee classe les Français non pas uniquement selon leur revenu brut, mais selon leur niveau de vie, qui correspond au revenu disponible d’un ménage (après impôts et prestations sociales) divisé par le nombre d’unités de consommation (UC). Ce calcul permet de comparer équitablement des ménages de tailles différentes.

Quant au terme D9, ou 9e décile, il désigne le seuil au-dessus duquel se trouvent les 10 % des Français au niveau de vie le plus élevé, soit les 10 % les plus riches (haut décile). Si un individu ou un foyer a un niveau de vie supérieur à ce seuil, il est considéré comme appartenant à cette catégorie. À l’inverse, 90 % de la population a un niveau de vie inférieur à ce seuil.

En 2023, ce seuil est fixé par l’Insee à 46 960 euros par an, soit 3 913 euros par mois pour une personne seule (1 UC).

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Ce que disent les chiffres officiels : au-dessus du seuil dans la quasi-totalité des cas

L’indemnité parlementaire brute d’un député s’élève à 7 637,39 euros, dont 5 953,34 euros nets. Elle se compose de trois éléments : une indemnité de base (5 931,95 €), une indemnité de résidence (177,96 €) et une indemnité de fonction (1 527,48 €). Un plafond de cumul avec d’autres mandats locaux est fixé à 2 965,98 €.

S’y ajoutent des avantages non imposables, comme l’avance de frais de mandat (AFM), portée à 5 950 euros mensuels en janvier 2024, et un crédit collaborateur pour rémunérer les assistants. Ces dispositifs ne sont pas comptabilisés dans le revenu disponible, mais améliorent significativement la situation financière globale des parlementaires.

Des députés issus de milieux très favorisés

Au-delà de leur indemnité actuelle, une grande majorité des députés étaient déjà parmi les 10 % les plus riches avant leur élection. Une enquête des Décodeurs du Monde (mai 2023) indique que 75 % des députés élus en 2022 déclaraient des revenus d’activité supérieurs à ce seuil.

Cette tendance s’est accentuée après les législatives de 2024 :

  • 74 % des députés actifs sont des cadres ou professions intellectuelles supérieures (contre 21,6 % dans la population active)
  • 0,7 % seulement sont ouvriers (4 députés sur 577)
  • 6 % sont employés (34 députés)

Les groupes parlementaires les plus représentés dans les 10 % les plus riches (haut décile) sont Renaissance, LR et LIOT, avec plus de 90 % de députés au-dessus du seuil, contre des proportions moindres au RN et à LFI.

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L’effet de l’impôt et des avantages non imposables

Le niveau de vie mesuré par l’Insee tient compte de l’impôt, mais pas des avantages comme l’AFM, qui, bien que non imposable, améliore nettement la situation financière réelle. L’indemnité parlementaire étant imposable, son impact net dépend des déductions fiscales, comme les dons aux partis politiques, qui peuvent réduire le revenu imposable.

Ainsi, même si le calcul de l’Insee ne tient pas compte de l’AFM, celle-ci confère aux députés une marge de manœuvre budgétaire très significative.

Un contexte d’inégalités croissantes

Les données Insee sur l’année 2023 montrent une dégradation marquée des conditions de vie pour les ménages les plus modestes :

  • Taux de pauvreté à 15,4 %, soit 9,8 millions de personnes
  • Baisse de 1,0 % du niveau de vie des 10 % les plus pauvres
  • Hausse de 2,1 % pour les 10 % les plus riches (haut décile)
  • Rapport interdécile de 3,49, indice de Gini à 0,297

Dans ce contexte, la position privilégiée des députés dans l’échelle des revenus prend une résonance particulière en matière de représentativité démocratique.

L’indemnité des députés est indexée sur le point d’indice de la fonction publique, ce qui garantit une revalorisation automatique au rythme de l’inflation. Le budget 2025 de l’Assemblée nationale prévoit 53,8 millions d’euros pour les indemnités parlementaires, en hausse de 0,4 % par rapport à 2024.

Dans l’immense majorité des cas, les députés sont dans les 10 % les plus riches

L’indemnité parlementaire nette de 5 953 euros mensuels place quasiment tous les députés au-dessus du seuil défini par l’Insee pour les 10 % les plus riches. Même après impôts et en tenant compte des tailles de foyer, les exceptions sont rares et relèvent de cas particuliers.

Dans un contexte où le taux de pauvreté atteint un niveau record de 15,4 % et où les inégalités se creusent entre les plus pauvres et les 10 % les plus riches, la question de la représentativité économique de l’Assemblée nationale prend une dimension politique et sociale majeure.



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