Retraite sans avoir travaillé : jusqu’à 1 034 €/mois

Peut-on vraiment toucher une retraite sans cotiser ? Oui, via l’ASPA, les seniors sans carrière peuvent obtenir jusqu’à 1 034 €/mois.

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En France, il est possible de toucher une retraite sans avoir travaillé ni cotisé. Grâce à un ensemble de dispositifs de solidarité, l’État garantit un revenu minimal aux personnes âgées sans ressources. Le principal d’entre eux, l’Allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA), permet d’assurer une pension de base à ceux qui n’ont jamais exercé d’activité professionnelle. En 2025, cette aide peut atteindre plus de 1 000 euros par mois pour une personne seule.

Une retraite sans carrière professionnelle : ce que permet la loi

Le système de retraite français repose sur un principe contributif : on cotise pendant sa vie active pour obtenir une pension à la retraite. Cependant, certaines personnes âgées n’ont jamais exercé d’emploi déclaré, ou ne totalisent pas suffisamment de trimestres. Pour ces cas particuliers, la solidarité nationale prend le relais à travers l’ASPA. Ce dispositif vise à éviter les situations de grande précarité chez les seniors, y compris lorsqu’ils n’ont jamais cotisé.

Jusqu’à 1 034 euros par mois grâce à l’ASPA

L’Allocation de solidarité aux personnes âgées constitue le principal filet de sécurité. Elle remplace depuis 2007 le minimum vieillesse et permet à une personne seule de percevoir jusqu’à 1 034,28 euros par mois, et jusqu’à 1 605,73 euros pour un couple, en 2025. L’ASPA est une allocation dite « différentielle » : elle complète les ressources de la personne pour atteindre ce plafond. Par exemple, un retraité qui perçoit 500 euros de pension mensuelle touchera un complément de 534,28 euros au titre de l’ASPA.

Des conditions strictes pour y avoir droit

Pour bénéficier de l’ASPA, il faut remplir plusieurs conditions. L’âge minimum est fixé à 65 ans, sauf pour certains publics spécifiques (invalidité, inaptitude, anciens combattants) pour lesquels l’âge est abaissé à 62 ans. La résidence stable sur le territoire français est indispensable : il faut vivre en France au moins 9 mois par an.

La nationalité joue également un rôle. Les ressortissants français, européens ou de pays ayant signé une convention bilatérale avec la France sont éligibles sous certaines conditions. Les personnes extra-communautaires doivent justifier d’au moins 10 ans de séjour régulier autorisant le travail.

Enfin, des plafonds de ressources s’appliquent. Tous les revenus sont pris en compte : pensions, revenus d’activité, rentes, revenus du patrimoine. Certaines aides ne sont cependant pas comptabilisées, comme l’APL, l’AAH ou la PCH.

Un public majoritairement féminin et isolé

Fin 2023, plus de 723 000 personnes percevaient l’ASPA ou son équivalent antérieur. La majorité des bénéficiaires sont des femmes seules. Parmi les nouveaux allocataires, 48 % étaient des femmes vivant seules. Cette surreprésentation s’explique par des carrières hachées, marquées par le travail à temps partiel, la charge familiale ou des périodes d’inactivité non compensées.

Les bénéficiaires sont aussi souvent isolés : 77 % vivent seuls. Environ 35 % des nouveaux allocataires ont moins de 65 ans, bénéficiant d’exceptions liées à l’invalidité ou à l’inaptitude. Seuls 10 % ont une carrière complète ; près de 40 % n’ont validé que moins de 80 trimestres, soit moins de 20 années.

Revenus réellement perçus : des montants souvent modestes

En 2023, le montant moyen versé au titre de l’ASPA était de 480 euros mensuels. Les hommes touchent en moyenne 560 euros, contre 415 euros pour les femmes. La plupart des bénéficiaires cumulent l’ASPA avec une petite pension de retraite : en moyenne 450 euros contre 1 580 euros pour les retraités en général.

Les bénéficiaires de l’ASPA sont répartis de manière inégale sur le territoire. En moyenne, 4,2 % des personnes âgées perçoivent cette aide, mais ce taux grimpe à 16,4 % dans les départements et régions d’outre-mer. Il atteint également 8,4 % en Seine-Saint-Denis, 7,6 % en Corse et 7,4 % dans les Bouches-du-Rhône.

Autres moyens de valider des trimestres sans emploi

Il existe des mécanismes pour valider des trimestres sans avoir travaillé. L’Assurance vieillesse des parents au foyer (AVPF) permet par exemple aux parents au foyer ou aidants familiaux de valider des trimestres gratuitement, sous conditions de ressources et de prestations familiales. Les cotisations sont alors prises en charge par la CAF.

Autre possibilité : les périodes d’inscription à France Travail permettent de valider des trimestres, même sans allocation chômage. Enfin, les veufs et veuves peuvent percevoir une pension de réversion représentant 54 % de la pension de leur conjoint décédé, sous conditions de ressources. Le montant mensuel de cette pension varie entre 331,94 euros et 1 059,75 euros.

Des recours limités : l’allocation simple d’aide sociale

En cas de refus d’ASPA, il est possible de solliciter l’allocation simple d’aide sociale aux personnes âgées auprès de sa commune. Cette aide subsidiaire reprend les mêmes plafonds que l’ASPA, mais est financée par l’aide sociale départementale. Le montant maximal atteint 1 605,73 euros pour un couple.

Entre 2018 et 2020, l’ASPA a été revalorisée de 100 euros conformément à un engagement gouvernemental. Depuis 2020, elle est indexée sur l’inflation. En 2025, le montant mensuel pour une personne seule est passé de 1 012,02 euros à 1 034,28 euros.

Des démarches complexes et des délais longs

La demande d’ASPA n’est pas automatique. Elle se fait auprès de la caisse de retraite principale ou du CCAS pour les personnes sans droits à la retraite. Le dossier comprend un formulaire Cerfa et plusieurs justificatifs (impôts, résidence, titre de séjour). Le délai légal de traitement est de 6 mois maximum.

Le versement commence le mois suivant la réception de la demande. Il est versé chaque mois entre le 9 et le 10.

L’un des freins majeurs à la demande d’ASPA est la clause de récupération sur succession. Si le patrimoine net du bénéficiaire dépasse 107 616,60 euros (ou 150 000 euros en outre-mer), les sommes versées peuvent être récupérées après le décès. Le montant récupérable est plafonné à 8 387,93 euros par an pour une personne seule et 11 221,78 euros pour un couple. Pour un bénéficiaire ayant perçu l’ASPA pendant 6 ans, le montant récupérable peut atteindre 50 327,58 euros.

La récupération ne s’applique que sur la fraction du patrimoine qui dépasse le seuil. Pour une succession de 120 000 euros, seuls 12 383,40 euros peuvent être récupérés, dans la limite de ce qui a été versé.

Près d’un retraité sur deux ne demande pas l’ASPA

Malgré son utilité, l’ASPA souffre d’un non-recours massif. Environ 50 % des personnes éligibles ne la demandent pas. En 2025, sur 1,4 million de retraités potentiellement concernés, seuls 723 020 la perçoivent. Ce renoncement représente une perte de 499 euros par mois en moyenne.

Les raisons sont multiples : peur de la récupération sur succession, complexité des démarches, manque d’information, sentiment de stigmatisation. Le phénomène est plus marqué chez les femmes (52 % des non-recourantes) et les personnes âgées de plus de 85 ans (56 % de non-recours).

Depuis 2018, des campagnes de sensibilisation ont été menées par l’Assurance retraite. En 2024, plus de 11 500 assurés ont été contactés. Ces actions ont permis l’ouverture de 855 nouveaux droits début 2025. Les campagnes téléphoniques affichent un taux d’attribution de 15 %, contre 10 % pour les courriers postaux et 8 % pour les emails.

Parmi les 2 388 assurés ayant accepté un échange téléphonique, 80 % étaient éligibles. Mais tous ne souhaitent pas forcément déposer un dossier, souvent en raison de la clause de récupération sur succession.

L’ASI : une alternative pour les personnes invalides de moins de 62 ans

L’Allocation supplémentaire d’invalidité (ASI) concerne les personnes invalides âgées de moins de 62 ans. En 2025, les plafonds de ressources sont fixés à 914,85 euros par mois pour une personne seule et 1 601 euros pour un couple. Le montant maximal versé correspond à la différence entre le plafond et la pension de base. En moyenne, les bénéficiaires perçoivent 401 euros par mois. En 2023, seuls 105 nouveaux allocataires ont été recensés.



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