Afficher le résumé Masquer le résumé
Le budget 2026, tel que présenté par le gouvernement, vise un redressement des comptes publics sans toucher de front aux dépenses. En apparence, peu de hausses d’impôts. En réalité, une série de mécanismes qui ponctionneront davantage les ménages, en particulier les retraités, les classes moyennes et les hauts revenus. Sous couvert de « rationalisation » et d’« équité », l’exécutif avance sur un terrain glissant : celui d’un ajustement budgétaire qui n’en dit pas tout à fait le nom.
A LIRE AUSSI
Les retraités dans le viseur de Sébastien Lecornu
Un gel fiscal qui ne dit pas son nom
Premier levier : le gel du barème de l’impôt sur le revenu et de la CSG. En clair, pas d’indexation sur l’inflation en 2026. Conséquence mécanique : une hausse d’impôt déguisée. Les revenus progressent, les seuils restent figés. Résultat : des contribuables non imposables le deviendront, d’autres verront leur charge fiscale grimper sans hausse réelle de revenu. L’État attend 2,2 milliards d’euros de cette manœuvre silencieuse.
Les retraités en première ligne
Deuxième cible : les retraités. Leur abattement fiscal de 10 %, aujourd’hui proportionnel au revenu, sera remplacé par un forfait de 2 000 euros. Les petites pensions seront avantagées, les plus élevées pénalisées. En parallèle, le gouvernement annonce une année blanche pour la revalorisation des prestations sociales : pas de hausse en 2026. À partir de 2027, les pensions seront indexées 0,4 point en dessous de l’inflation. Autrement dit : une érosion programmée du pouvoir d’achat des retraités.
Hauts revenus et niches fiscales
Le gouvernement prolonge d’un an la « contribution différentielle » des hauts revenus. Le principe : aucun foyer au-dessus de 250 000 euros de revenus (500 000 pour un couple) ne doit payer moins de 20 % d’impôt. Une mesure introduite en 2025, qui visait déjà à serrer la vis fiscale sur les plus aisés. Elle restera en vigueur en 2026.
A LIRE AUSSI
Suspension de la réforme des retraites : qui va être impacté ?
Autre chantier : les niches fiscales. Le budget prévoit d’en supprimer 23 sur les 474 actuellement en vigueur. Des dispositifs souvent anciens, parfois symboliques, mais qui bénéficient à des dizaines de milliers de contribuables. Parmi les victimes : l’exonération sur les indemnités journalières en cas d’affection longue durée, ou encore la réduction d’impôt pour frais de scolarité dans le secondaire et le supérieur. L’économie espérée : 5 milliards d’euros.
Des taxes ciblées mais visibles
Deux nouvelles taxes viendront compléter le tableau. D’abord, une surtaxe sur les petits colis importés de pays hors Union européenne – en ligne de mire, les plateformes chinoises. Le gouvernement y voit une réponse à une concurrence jugée déloyale. Gain attendu : 500 millions. Ensuite, une extension de la fiscalité sur les produits à fumer, y compris ceux sans tabac ni nicotine, comme les vapoteuses. Objectif : élargir l’assiette, capter une consommation en forte croissance.
Un ajustement sans coupe franche
Derrière ces choix, une ligne : éviter les coupes nettes, mais utiliser tous les leviers disponibles pour freiner la dépense et augmenter les recettes. Gel des barèmes, modification des abattements, taxation ciblée : le gouvernement avance par ajustements, sans grande réforme structurelle. Mais avec un impact direct sur les ménages. Si le Parlement suit, l’année 2026 pourrait bien être celle d’un tournant budgétaire discret mais profond.