Soupçonnée de corruption, Rachida Dati peut-elle rester ministre ?

Pourquoi Rachida Dati peut-elle rester ministre malgré ses démêlés avec la justice ?

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Le 12 octobre, le gouvernement Lecornu II est dévoilé : sur 35 membres, 12 ministres sont reconduits, dont Rachida Dati. Malgré ses ennuis judiciaires, elle conserve la rue de Valois. L’Élysée assume. Elle « agit, et elle n’est pas condamnée », dit-on dans l’entourage du Premier ministre. Reste que cette ligne de défense s’effrite à mesure que l’agenda judiciaire se précise.

Dati reste un atout pour la droite à Paris. Le 28 août, Les Républicains ont validé sa candidature pour les municipales de 2026 et malgré son exclusion du parti, elle se présentera sous l’étiquette LR aux prochaines élections. Maire du VIIᵉ arrondissement depuis 2008, elle conserve une base électorale solide dans un parti très affaibli dans la capitale. La tentation de préserver cet atout a pesé dans le maintien.

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Un procès pour corruption en embuscade

L’affaire Renault-Nissan est le dossier le plus lourd auquel Dai doit faire face. L’ex ministre de la Justice est renvoyée devant le tribunal correctionnel de Paris du 16 au 28 septembre 2026. Elle devra répondre de corruption passive, trafic d’influence passif et recel d’abus de pouvoir. Les juges estiment qu’elle a perçu environ 900 000 euros entre 2009 et 2012 de la filiale néerlandaise du groupe automobile, pour des prestations juridiques jugées fictives. Le Parquet national financier y voit un pacte corruptif lié à l’influence de Dati à Bruxelles, alors députée européenne.

Sa défense conteste la procédure depuis le départ. Plusieurs recours ont été rejetés, notamment en juin par la cour d’appel de Paris. Le procès reste fixé après les municipales, laissant le champ libre à la campagne.

Une deuxième affaire fragilise encore plus la ministre

Depuis le 16 septembre, une enquête préliminaire vise Rachida Dati pour non-déclaration de biens. Selon les médias Libération et Blast, elle aurait reçu entre 2017 et 2023 dix-neuf bijoux de luxe, d’une valeur estimée entre 420 000 et 600 000 euros, sans les déclarer à la HATVP, qui impose un seuil de déclaration à 10 000 euros.

La ministre nie toute infraction, parle d’« instrumentalisation politique ». Mais la procédure, confiée à la Brigade financière, suit son cours. Si elle aboutit, les peines encourues vont jusqu’à trois ans de prison, 45 000 euros d’amende et dix ans d’inéligibilité.

Un bilan ministériel terne et contraint

Côté Culture, le mandat de Dati reste pour le moins mitigé. La grande réforme de l’audiovisuel public a été rejetée en juin par l’Assemblée. Le Pass Culture a été raboté : la dotation pour les 18 ans passe à 150 euros, les 15–16 ans en sont exclus. La part collective a été suspendue avant d’être relancée à l’automne.

Sur le budget, la mission Culture a connu des coupes en cours d’année, partiellement réinjectées dans la création. Dati revendique une politique populaire, tournée vers les cultures urbaines et les territoires. Mais sa marge de manœuvre reste limitée, sous la pression de Bercy. Et son poids politique n’a pas grandi à la rue de Valois.

Une ligne rouge de plus en plus fine

Depuis 2017, la moralisation de la vie publique est une promesse récurrente du macronisme. En maintenant Dati, le pouvoir mise sur la présomption d’innocence et la stabilité politique. Mais l’écart entre cette stratégie défensive et les attentes en matière d’exemplarité se creuse.

Le calendrier judiciaire pourrait rattraper la ministre avant les municipales. Une mise en examen dans l’affaire des bijoux ou une fuite de documents suffiraient à bousculer la campagne. Et fragiliser un peu plus un gouvernement qui a choisi d’ignorer l’alerte.


Les dates à retenir

  • 28 août 2025 : Dati investie candidate à Paris par Les Républicains
  • 12 octobre 2025 : reconduction au ministère de la Culture
  • 16 septembre 2025 : enquête ouverte sur les bijoux non déclarés
  • 29 septembre 2025 : audience préparatoire dans l’affaire Renault-Nissan
  • 16–28 septembre 2026 : procès pour corruption et trafic d’influence


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