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Kiev et Washington resserrent les rangs. L’entreprise publique ukrainienne Ukroboronprom s’associe à la société américaine LeVanta Tech pour développer une nouvelle génération de drones amphibies. Un partenariat stratégique, officialisé lors du forum DFNC³ à Kiev, qui pourrait faire bouger les lignes sur le front naval, notamment en mer Noire où la Russie encaisse les coups.
Un drone capable de flotter et de voler à basse altitude
Le projet repose sur le concept encore peu exploité du “float-and-fly” : un drone capable de flotter, de naviguer à la surface et de voler à basse altitude en profitant de l’effet de sol pour gagner en portée et en discrétion. Derrière la promesse technologique, une alliance militaire et industrielle. LeVanta Tech, fournisseur de l’US Air Force et de la Navy, va ouvrir des lignes de production en Ukraine et former les ingénieurs locaux. Ukroboronprom, de son côté, espère améliorer la stabilité et la vitesse de ses futurs modèles tout en réduisant les délais de fabrication.
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Depuis le début de l’invasion russe, Kiev applique une stratégie simple : frapper là où Moscou est vulnérable, même en étant en infériorité numérique ou technique. Résultat : à l’été 2024, plus d’un tiers de la flotte russe en mer Noire était hors service – 27 navires endommagés ou détruits sur 74.
Les Ukrainiens ont combiné l’usage des drones, des missiles Neptune et des opérations spéciales. Les grands navires russes ont quitté la Crimée pour se replier à Novorossiïsk. Même le QG de la flotte à Sébastopol a été visé. La stratégie s’est ensuite étendue : attaque d’un navire russe sur le lac Onega, à plus de 1 000 kilomètres de l’Ukraine, frappes sur des terminaux pétroliers russes à Tuapse et Novorossiïsk.
Cette montée en puissance s’appuie sur une industrie en expansion rapide. L’Ukraine a produit 1,5 million de drones en 2024, et vise les 5 millions pour 2025. À terme, le président Zelensky estime que la production combinée de drones et de missiles pourrait atteindre 35 milliards de dollars d’ici 2026.
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Une technologie à fort potentiel
Les nouveaux drones Halia de LeVanta Tech s’inscrivent dans cette dynamique. Trois versions sont prévues :
– le Halia-S, destiné au civil, avec 400 km de portée et 45 kg de charge utile ;
– le Halia-M, version militaire, avec moteur à réaction, 3 200 km d’autonomie ;
– le Halia-X, le plus lourd, capable de transporter une tonne sur 5 000 km.
Tous sont conçus pour voler à quelques mètres au-dessus de l’eau. Moins repérables par radar, mais pas invisibles. Leur taille pourrait les exposer aux défenses russes embarquées, notamment les systèmes Pantsir-M. Le théâtre de guerre sature : en octobre 2025, Moscou a lancé 3 100 drones en une semaine. Les défenses russes en ont intercepté 251 en une seule nuit. Le rapport coût-efficacité devient un paramètre clé.
Un marché global en pleine gestation
Le partenariat Kiev-LeVanta dépasse le cadre du conflit. D’autres pays suivent la même piste. Pékin développe son propre engin amphibie, surnommé “Bohai Sea Monster”. Les industriels ukrainiens, eux, se préparent à l’export : 94 % des fabricants présents à DFNC³ se disent prêts à répondre à la demande internationale.
Kiev diversifie aussi ses alliances. Un accord avec l’Espagnol Escribano prévoit la production locale de blindés et de systèmes de défense aérienne. Un autre avec le Roumain Romarm porte sur les plateformes autonomes.
Aucune date de livraison n’a été communiquée pour les drones Halia. Le concept “float-and-fly” reste en développement. Mais l’installation de capacités industrielles en Ukraine pourrait accélérer le processus et permettre des adaptations locales plus rapides.