Afficher le résumé Masquer le résumé
Pour la première fois depuis 1958, un ancien président de la République française va être incarcéré. Nicolas Sarkozy, 70 ans, a été condamné le 25 septembre à cinq ans de prison, dont trois ferme, pour « association de malfaiteurs » dans l’affaire de financement libyen présumé de sa campagne présidentielle de 2007. Cette peine s’accompagne d’une exécution provisoire, d’une amende de 100 000 euros, ainsi que d’une interdiction d’exercer une fonction publique pendant cinq ans.
L’exécution provisoire implique que l’appel déposé par ses avocats ne suspend pas l’exécution de la peine. Ce lundi 13 octobre, le juge du parquet national financier (PNF) à Paris, lui a notifié la date et le lieu de son incarcération : le 21 octobre à la prison de la Santé.
A LIRE AUSSI
Combien gagne Nicolas Sarkozy aujourd’hui ?
Nicolas Sarkozy sera incarcéré à la prison de la Santé, dans le quartier des « vulnérables »
L’ancien président sera emprisonné dans le quartier réservé aux détenus dits « vulnérables » ou « VIP ». Cette option a été privilégiée par l’administration pénitentiaire pour des raisons de sécurité, de confidentialité et de protection de la vie privée.
Initialement évoquée, la piste d’un placement à Fleury-Mérogis – plus grande prison d’Europe – a été écartée. Trop exposée médiatiquement, et peu adaptée à la singularité du profil de Nicolas Sarkozy, cette option présentait des risques logistiques et sécuritaires importants.
À la prison de la Santé, le quartier des vulnérables accueille des personnalités publiques, des policiers condamnés, ou des détenus susceptibles d’être ciblés en détention. Il offre un cadre plus sécurisé et cloisonné, avec des cellules individuelles, un accès restreint, et des protocoles renforcés contre les captations d’image ou les fuites.
L’administration pénitentiaire a par ailleurs prévu un dispositif spécifique pour garantir la protection de l’ancien chef de l’État durant sa détention, en coordination avec la Chancellerie.
A LIRE AUSSI
Fabrice Arfi, l’homme qui a fait tomber Sarkozy
Une condamnation sans précédent
L’audience d’appel dans l’affaire du financement libyen est prévue pour le 18 décembre prochain. Mais l’article 465-1 du code de procédure pénale permet au tribunal de prononcer l’exécution immédiate de la peine dans certaines affaires. C’est cette disposition qui a été activée, malgré les démarches de la défense de Nicolas Sarkozy.
La décision du tribunal correctionnel de Paris (32ᵉ chambre), présidée par Marie-Laurence Hoareau, marque une rupture dans l’histoire judiciaire de la Ve République. Aucun ancien président n’avait jusqu’ici été soumis à une peine de prison ferme avec exécution immédiate. Jacques Chirac, condamné en 2011 dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris, avait bénéficié d’un aménagement de peine en raison de son état de santé.
Plusieurs proches de Sarkozy également condamnés
Huit autres prévenus ont été condamnés dans cette affaire. Claude Guéant, ancien ministre de l’Intérieur et secrétaire général de l’Élysée, a écopé de six ans de prison et de 250 000 euros d’amende. Brice Hortefeux a été condamné à deux ans, avec possibilité d’aménagement sous bracelet électronique, ainsi qu’à 50 000 euros d’amende. Wahib Nacer, banquier suisse impliqué dans les flux financiers présumés illicites, a reçu une peine de quatre ans de prison, dont un mandat de dépôt immédiat, assortie d’une amende de deux millions d’euros.
La plupart des condamnés ont fait appel de leur jugement.
Une trajectoire judiciaire loin d’être terminée
Nicolas Sarkozy reste mis en cause dans deux autres dossiers judiciaires : l’affaire Bygmalion, pour laquelle il a été condamné en première instance et attend son procès en appel, et celle des sondages de l’Élysée, en cassation depuis juillet 2025.