Vers un contraceptif sans hormone pour remplacer la pilule

Un implant révolutionnaire, sans hormone ni chirurgie lourde, pourrait changer durablement la contraception féminine. Voici comment fonctionne cette innovation.

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La start-up néerlandaise Choice s’associe à la deeptech française SilMach pour développer un implant contraceptif de nouvelle génération. L’objectif : un dispositif réversible, sans hormone, sans douleur, sans chirurgie lourde. L’innovation repose sur une rupture technologique majeure qui pourrait transformer durablement le paysage contraceptif. Mais le chemin vers la mise sur le marché reste long et incertain.

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Une microvalve dans les trompes pour bloquer les spermatozoïdes

Le principe est simple mais ambitieux : insérer une microvalve dans les trompes de Fallope, capable de s’ouvrir ou se fermer à la demande, empêchant ou permettant la rencontre entre ovule et spermatozoïdes. Cette solution entend offrir une alternative aux dispositifs intra-utérins ou hormonaux. Elle se veut réversible, discrète, pilotable, sans interférence avec le cycle menstruel ni le système endocrinien.

Pour concrétiser ce projet, Choice s’est tournée vers SilMach, société bisontine experte en micromécanique et en MEMS (systèmes électromécaniques sur silicium). Après trois ans de recherche, SilMach a conçu un micromoteur sur mesure de 10 mm de long, 1 mm de large et 0,1 mm d’épaisseur. Il actionne mécaniquement la valve via un système de peignes électrostatiques. Cette technologie, déjà utilisée dans d’autres secteurs, assure une consommation énergétique très basse, une production de chaleur minimale et une extrême précision de mouvement.

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Un dispositif complet, pilotable et miniaturisé

L’implant intègre bien plus qu’un moteur : une antenne, un circuit de commande, une source d’alimentation, la valve elle-même et un stent pour maintenir l’ensemble en place. Le tout tient dans un volume réduit, conçu pour ne pas gêner les tissus et garantir une implantation durable. La première version nécessitera une pose par microcathéter, réalisée par un professionnel de santé. Mais Choice ambitionne de confier le contrôle du dispositif directement à l’utilisatrice.

Le projet, encore au stade de prototype, est soutenu par un financement européen de 450 000 euros via le programme Eurostars Innovation. Les essais cliniques sont prévus aux Pays-Bas, mais pas avant fin 2026. La mise sur le marché est espérée pour 2032. Le calendrier témoigne du caractère exploratoire du projet, encore éloigné d’une validation clinique ou réglementaire

Une réponse à la défiance croissante envers les hormones

Ce développement s’inscrit dans une tendance de fond : la remise en question des contraceptifs hormonaux, en particulier chez les jeunes femmes. Effets secondaires lourds, risques de thrombose, troubles cardiovasculaires ou psychiques : la demande augmente pour des alternatives plus respectueuses de la physiologie féminine. Choice vise aussi les femmes souffrant de pathologies hormono-dépendantes, comme le cancer du sein.

Malgré les promesses, plusieurs questions restent ouvertes. La pose de valves dans les trompes soulève des inquiétudes sur les effets à long terme, les risques d’infection ou de défaillance du système. Le contrôle électronique de la fertilité, aussi séduisant soit-il, pourrait susciter des réticences éthiques et psychologiques, malgré les garanties affichées sur l’autonomie de l’utilisatrice

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Micromécanique et santé reproductive : un pari risqué

Le projet repose sur un pari technologique audacieux : miniaturiser et sécuriser un système électromécanique dans un environnement biologique contraint. SilMach a déjà démontré son savoir-faire industriel, mais le passage au corps humain implique un niveau de fiabilité, de robustesse et de biocompatibilité encore à prouver.



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