Combien gagne une aide-soignante ?

Grille, primes, nuit, ancienneté... Découvrez ce que gagne réellement une aide-soignante, selon son poste, son statut et sa région.

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Malgré les hausses salariales actées par le Ségur de la santé et le reclassement des aides-soignantes en catégorie B, les écarts de rémunération restent importants. Secteur public ou privé, ancienneté, région, primes… les déterminants sont nombreux.

Une base revalorisée

En 2025, le salaire brut de base d’une aide-soignante varie selon qu’elle exerce dans le secteur public hospitalier ou dans une structure privée. Dans la fonction publique, il oscille entre 1 838 € et 2 759 € brut par mois, en fonction de l’échelon et de la classe. Dans le privé, les salaires vont de 1 806 € à 2 436 € brut mensuel. À cette rémunération s’ajoutent différentes primes, indemnités et majorations qui peuvent faire grimper les revenus de +20 % à +30 % selon les situations.

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Fonction publique hospitalière : une rémunération liée à l’indice

Depuis la réforme de 2021-2022, les aides-soignantes du public sont intégrées à la catégorie B de la fonction publique hospitalière. La grille indiciaire 2025 prévoit une progression de l’indice majoré de 372 à 558, correspondant à une rémunération brute mensuelle de 1 838,21 € à 2 759,17 €. Cette rémunération évolue automatiquement avec l’ancienneté.

Le calcul du traitement de base repose sur la formule suivante : indice majoré × 4,94513 € (valeur du point d’indice au 1er avril 2025).

Primes et compléments dans le public : un critère essentiel

Outre le traitement de base, les aides-soignantes du secteur public bénéficient de plusieurs primes. La prime Ségur représente 183 € nets mensuels, dont 50 % sont désormais intégrés dans le traitement indiciaire. La prime de sujétion spéciale ajoute +10 % du salaire brut.

Le travail de nuit entre 21 h et 6 h est majoré de +25 %. Les jours fériés sont indemnisés à hauteur de 75 € bruts pour 8 heures de travail. Les heures supplémentaires, plafonnées à 250 h/an, sont rémunérées avec une majoration de +25 % pour les huit premières heures, puis de +50 % au-delà.

Selon les rythmes de travail, ces compléments peuvent augmenter le revenu global de +20 % à +30 %.

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Dans le privé, des grilles variables selon les conventions

Les structures privées (cliniques, EHPAD) n’appliquent pas de grille salariale unique. En 2025, une aide-soignante en début de carrière perçoit 1 805,92 € brut mensuel (coefficient 376). Au bout de cinq ans, la rémunération peut atteindre 2 179 € brut, et en fin de carrière, environ 2 436 € brut. En EHPAD, le salaire net mensuel varie généralement entre 1 420 € et 2 100 €.

Le salaire minimal est fixé par la convention collective nationale (IDCC 2264), mais les accords d’établissement jouent un rôle central dans l’attribution des primes.

Primes dans le secteur privé : entre Ségur, sujétions et majorations

Dans les établissements privés, la prime Ségur atteint 160 € nets mensuels. Les heures de nuit peuvent être majorées jusqu’à +25 %. Le travail dominical ou les jours fériés est majoré de +20 % à +100 %, selon les conventions locales. Des primes de sujétion spécifiques peuvent aller jusqu’à +11 points.

Les structures ayant recours à des aides-soignantes en intérim versent parfois des primes de précarité, avec des taux horaires bruts pouvant atteindre 14 €.

Salaires et primes : des écarts marqués selon les territoires

La rémunération d’une aide-soignante varie également selon la région. Les écarts mensuels peuvent dépasser 700 € brut. En Île-de-France, les salaires bruts mensuels vont de 2 300 € à 2 500 €, contre 1 800 € à 2 000 € en Bretagne. Dans certaines zones rurales classées en « zones de revitalisation rurale » (ZRR), une prime d’attractivité annuelle de 1 200 € brut est versée.

Spécialisations médicales : un facteur de valorisation salariale

Certaines spécialités offrent des compléments de rémunération. En réanimation ou en soins palliatifs, une prime de soins critiques de 118 € brut/mois est prévue. En gériatrie, une prime de risque équivalente à +15 % du salaire s’ajoute à la rémunération. En psychiatrie, des primes spécifiques peuvent atteindre +20 %. Ces spécialisations nécessitent souvent une formation complémentaire mais permettent un gain mensuel moyen de 200 à 300 €.

Des perspectives de carrière qui améliorent la rémunération

Depuis la loi “Soin+” de mars 2025, les aides-soignantes ayant trois ans d’ancienneté peuvent accéder à la deuxième année d’IFSI après 160 heures de formation et un test d’entrée validé avec une note minimale de 12/20. Cette passerelle facilite l’évolution vers le métier d’infirmier.

Certaines aides-soignantes peuvent également s’orienter vers des fonctions d’encadrement. Le concours de cadre de santé donne accès à une formation d’un an en management. Le salaire brut à l’entrée se situe entre 2 800 € et 3 500 € par mois.

Formation initiale : salaires et aides pour les apprentis

Les aides-soignantes en formation par apprentissage perçoivent une rémunération selon leur âge et leur année d’étude. En 2025, un·e apprenti·e de 21 à 25 ans perçoit entre 954,95 € (1ʳᵉ année) et 1 405,40 € brut mensuel (3ᵉ année). Au-delà de 26 ans, la rémunération est fixe à 1 801,80 €, quel que soit le niveau. Ces apprentis peuvent bénéficier de la prime d’activité et d’exonérations de cotisations sociales sur les premiers échelons.

La France dans la moyenne européenne

Comparée à ses voisins, la France se situe dans la moyenne basse européenne. En 2025, les salaires des aides-soignantes varient entre 1 838 € et 2 759 € brut mensuels. En Allemagne, ils oscillent entre 1 500 € et 2 400 €, tandis qu’au Royaume-Uni, ils atteignent 1 600 à 2 500 £. En Suisse, les salaires bruts sont nettement plus élevés, entre 4 000 et 6 000 CHF.

Pays Salaire brut mensuel Équivalent en euros Remarques
France 1 838 € – 2 759 € Moyenne basse européenne
Allemagne 1 500 € – 2 400 € Grille variable selon Länder
Royaume-Uni 1 600 £ – 2 500 £ ~1 860 € – ~2 900 € Variation selon NHS ou privé
Suisse 4 000 CHF – 6 000 CHF ~4 200 € – ~6 300 € Coût de la vie nettement plus élevé

Un métier sous pression face à la pénurie

Malgré les revalorisations, les rémunérations nettes restent jugées faibles. Le salaire moyen dans le public atteint 1 720 € net, contre 1 420 € dans le privé. Cette situation ne compense pas la pénibilité et les contraintes du métier, conduisant à une pénurie structurelle. Pour pallier le manque de personnel, les établissements ont recours à l’intérim et aux heures supplémentaires, au détriment parfois de la qualité des soins.

Face à ces tensions, plusieurs pistes sont évoquées pour revaloriser durablement la profession : poursuite de l’augmentation du point d’indice, harmonisation des primes entre le public et le privé, renforcement des formations spécialisées, développement des passerelles de carrière. Ces leviers visent à améliorer l’attractivité du métier et à fidéliser les professionnels.



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