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Changement de cap pour Stellantis. Le groupe automobile né de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler tourne la page de la mobilité partagée. Face à une dégradation rapide de ses résultats financiers, il a mandaté la Société Générale pour organiser la vente de Free2Move, sa filiale dédiée à ce secteur. Une décision emblématique, qui illustre un recentrage stratégique brutal : priorité à la rentabilité, au détriment de projets jugés trop coûteux ou incertains.
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Après deux années records, le réveil a été brutal. En 2024, le résultat net de Stellantis s’est effondré à 5,5 milliards d’euros, contre 18,3 milliards un an plus tôt. Le chiffre d’affaires a reculé de 17 %, pour tomber à 132 milliards d’euros. La première moitié de 2025 a enfoncé le clou, avec une perte nette de 2,3 milliards. Le marché nord-américain, longtemps vache à lait du groupe, est devenu instable. Les prix sont volatils, la concurrence s’intensifie. Et les investissements massifs dans l’électrification ont tari la trésorerie, sans générer de retour immédiat.
À cela s’ajoutent des retards logistiques, des surcoûts, et la guerre commerciale entre Bruxelles et Washington, qui a poussé Stellantis à suspendre ses prévisions annuelles. Résultat : un virage stratégique s’impose. Antonio Filosa, nommé directeur général fin juin 2025, a lancé une cure d’austérité. Réduction des coûts fixes, recentrage des projets, et mise sur le marché d’activités non rentables. Free2Move est la première à faire les frais de cette inflexion.
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Free2Move : des ambitions élevées, des pertes durables
Lancée en 2016 par Carlos Tavares, Free2Move devait incarner la réponse de PSA à l’évolution des usages urbains. En rachetant Share Now en 2022, Stellantis espérait consolider sa présence en Europe et aux États-Unis. Les objectifs étaient ambitieux : 2,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2030, 15 millions d’utilisateurs. Mais la réalité est restée en deçà. En 2023, le chiffre d’affaires a bondi de 90 %, à 800 millions d’euros. Un bon rythme de croissance, mais une rentabilité qui reste dérisoire : la marge d’exploitation n’a jamais dépassé les 2 %.
À mi-2025, la plateforme revendique 6 millions d’utilisateurs. L’Europe reste le principal marché (45 %), suivie des États-Unis (30 %) et de l’Amérique latine (25 %). Mais l’effet d’échelle n’a pas fonctionné. La densité urbaine, la fragmentation du marché et le poids des coûts fixes ont freiné l’essor. Le retrait de Zity à Paris début 2024 avait déjà donné le ton : le modèle Free2Move ne décolle pas.
Une vente orchestrée pour générer du cash rapidement
Le 6 octobre 2025, Stellantis a confié à la Société Générale la mission de piloter le processus de cession. La banque d’affaires coordonne les audits, prépare la data room, et sonde les acheteurs potentiels. Le profil des intéressés est déjà connu : opérateurs de mobilité urbaine, fonds d’infrastructure à la recherche de flux récurrents, ou géants technologiques en quête de briques de connectivité.
Les premières marques d’intérêt sont là, mais aucune offre ferme à ce stade. Les dossiers doivent être déposés d’ici mi-novembre. Le groupe espère un closing pour le premier trimestre 2026. L’opération pourrait rapporter entre 500 et 800 millions d’euros. De quoi soulager une trésorerie sous tension et financer des priorités mieux alignées avec la nouvelle stratégie. Notamment l’électrification et les segments à forte marge, comme les SUV, les pickups et les utilitaires.
Marchés rassurés, stratégie validée
La cession de Free2Move est perçue comme un signal clair envoyé aux marchés. L’action Stellantis a progressé de 4,6 % après l’annonce du mandat confié à la Société Générale. Les analystes saluent un mouvement de recentrage cohérent, à défaut d’être audacieux. L’abandon progressif de la mobilité partagée s’inscrit dans une logique plus large de simplification. Stellantis impose désormais un seuil minimal de rentabilité du capital employé (ROCE) de 12 % pour chaque entité.
Le groupe mise sur une structure plus légère, une gouvernance resserrée, et une capacité d’exécution renforcée via le principe « One Team, One Way ». La priorité est donnée aux projets industriels structurants : renforcement des sites européens via le programme Euroncap 2026, accélération des partenariats en Inde et en Chine.


