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Le Haut-Commissariat au Plan vient de lancer un exercice de prospective à long terme baptisé France 2035, France 2050. Objectif affiché : imaginer des trajectoires d’avenir dans un moment où les repères collectifs semblent se fissurer. L’étude d’opinion commandée pour accompagner ce travail donne le ton : la majorité des Français ne croit plus à la pérennité de leur modèle social.
Un pessimisme massif sur les piliers de l’État social
Selon le sondage Toluna Harris mené mi-septembre, 71 % des personnes interrogées estiment que le système de retraite par répartition se sera détérioré d’ici dix ans. Une majorité anticipe même la disparition pure et simple de la Sécurité sociale d’ici à 2050, au moment où elle fête ses 80 ans.
Le doute s’étend à tous les grands services publics : santé, école, sécurité, justice. Plus de six Français sur dix jugent qu’ils seront dans un état pire qu’aujourd’hui. Sur les finances publiques, les deux tiers des sondés n’imaginent pas de redressement durable. Même morosité sur le climat : 67 % estiment que la situation environnementale continuera à se dégrader d’ici 2035.
Une démocratie jugée solide, mais un rôle international en recul
Les Français gardent un attachement fort à leur démocratie. Trois quarts des sondés pensent que la France restera un régime démocratique, bien ancré dans l’Union européenne. Mais cet ancrage ne protège pas d’un sentiment de déclin.
Pour 61 %, le poids de la France dans l’UE va diminuer dans la prochaine décennie. Ce repli géopolitique s’accompagne d’une crainte croissante : plus d’un Français sur deux juge probable un conflit armé en Europe d’ici 2050. Résultat, la paix devient la priorité numéro un des Français pour l’avenir, devant la liberté et l’égalité.
Une jeunesse plus optimiste, portée par la technologie
Dans ce tableau sombre, une lueur vient des plus jeunes. Les 18-24 ans affichent un état d’esprit nettement plus positif : 56 % pensent qu’ils seront plus heureux en 2035 qu’aujourd’hui. Ils misent sur les technologies pour améliorer le quotidien : progrès médicaux, intelligence artificielle, réseaux sociaux, innovations…
Ils sont aussi plus nombreux que la moyenne à espérer disposer de plus de temps libre, à croire à une meilleure répartition des richesses ou à un avenir européen plus solide. Ce décalage générationnel pourrait peser dans les débats à venir.
Un exercice de projection pour réveiller un pays désabusé
Le Haut-Commissaire au Plan, Clément Beaune, veut faire de cette démarche prospective un levier de mobilisation. Il entend « redonner le goût de l’avenir aux Français », selon ses propres mots. Pour cela, dix groupes de travail ont été constitués, réunissant une centaine d’experts issus de l’administration, de la recherche et de l’économie.
Parmi eux : Jean-Luc Tavernier (ex-Insee), Amélie Verdier (finances publiques), ou Xavier Ragot (OFCE). Leurs travaux devront aboutir à des propositions concrètes, adossées à des comparaisons internationales, pour construire une vision collective de long terme. Premiers résultats attendus : juin 2026.