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Selon plusieurs sources concordantes, Emmanuel Macron devrait annoncer jeudi ou vendredi une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale, quelques mois seulement après le précédent scrutin législatif anticipé. Cette décision, que l’Élysée présentait encore récemment comme une hypothèse marginale, s’impose désormais comme l’option centrale pour sortir d’une impasse politique devenue structurelle.
Un proche conseiller du chef de l’État l’affirme : « Il a pris sa décision, il va dissoudre. » L’annonce serait calibrée pour intervenir avant la fin de la semaine, à l’issue d’un ultime cycle de consultations politiques formelles.
Un président acculé
La situation est inédite sous la Ve République. Aucun scénario ne permet aujourd’hui de dégager une majorité stable au sein de l’Assemblée. Un Premier ministre issu du camp présidentiel ne disposerait pas d’appuis suffisants ; un Premier ministre de gauche serait immédiatement confronté à une motion de censure. Les tentatives de rapprochement avec certains groupes centristes ou de droite ont échoué, faute de garanties sur la durée. L’arithmétique parlementaire, implacable, a rendu tout compromis durable impossible.
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Dans les dernières heures, le président de la République aurait été sonné par la prise de position publique de son ancien Premier ministre, Édouard Philippe, qui a appelé à sa démission. Une déclaration brutale, vécue comme une rupture personnelle autant qu’institutionnelle. Cet épisode aurait accéléré le processus de décision.
De l’option marginale à la seule voie praticable
Initialement envisagée comme une échappatoire de dernier recours, la dissolution a progressivement changé de statut dans les cercles du pouvoir : elle est devenue la seule sortie envisageable pour éviter un enlisement. Prolonger la recherche d’un gouvernement minoritaire exposerait le pays à une paralysie durable ; confier Matignon à une figure d’opposition serait, selon l’analyse présidentielle, un acte de renoncement sans garantie de stabilité.
Clarifier par les urnes, telle est désormais la boussole élyséenne. Le pari est risqué : la lassitude électorale pourrait se retourner contre l’exécutif, et rien ne garantit que les élections corrigeront la fragmentation actuelle. « À l’Élysée, c’est la panique. Si une nouvelle dissolution débouche sur une Assemblée identique, Emmanuel Macron n’aura plus qu’une issue : partir », confie une proche de Sébastien Lecornu.
Une procédure encadrée mais au calendrier serré
La dissolution est prévue à l’article 12 de la Constitution. Le président peut y recourir après consultation du Premier ministre et des présidents des deux chambres. Le décret présidentiel fixera les dates du scrutin dans un délai de vingt à quarante jours. Pendant cette période, le gouvernement gère les affaires courantes, tandis que le Sénat reste en fonction.
Mais l’organisation d’un nouveau scrutin en pleine rentrée budgétaire et diplomatique pose un défi majeur. Les marchés et la Commission européenne attendent des signaux clairs sur la trajectoire des finances publiques. Toute instabilité prolongée fragiliserait la position de la France sur la scène internationale.
Une majorité introuvable
Le pari présidentiel repose sur l’idée qu’un nouveau vote tranchera l’impasse. Encore faut-il que les partis en présence soient capables de construire des coalitions lisibles, avec des candidatures cohérentes et des alliances assumées. Les triangulaires, le niveau de participation et les reports de voix pèseront lourdement circonscription par circonscription.
Pour la majorité sortante, l’enjeu sera de défendre un bilan tout en proposant une gouvernance crédible sans majorité absolue. Pour les oppositions, il faudra démontrer qu’une victoire électorale peut se transformer en capacité à gouverner. Le débat sur les coalitions — explicites ou implicites — structurera l’ensemble de la campagne.
Mercredi ou jeudi, Emmanuel Macron devrait prendre la parole. Il ne s’agira plus seulement d’annoncer une date de scrutin, mais de tenter de sauver un exercice du pouvoir devenu presque impossible.