Combien gagne un fonctionnaire de catégorie A ?

Salaires, primes, inégalités : quelle est la rémunération des agents de catégorie A dans la fonction publique ? Analyse complète et chiffres clés à l’appui.

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Ces cadres de la fonction publique occupent des postes à responsabilité dans des domaines aussi variés que l’enseignement, l’ingénierie, la santé ou l’administration. Leur salaire moyen dépasse le revenu médian en France, mais cette moyenne masque de fortes disparités.
Entre recul du pouvoir d’achat, écarts entre métiers et revalorisations limitées, la rémunération des agents de catégorie A illustre les tensions croissantes qui traversent le service public.

Des salaires moyens qui varient

Selon les données officielles de 2025, un fonctionnaire de catégorie A perçoit en moyenne 3 373 euros nets par mois dans la fonction publique d’État. Dans la territoriale, cette moyenne grimpe à 3 534 euros, tandis qu’elle tombe à 3 038 euros dans la fonction publique hospitalière. Ces niveaux placent les cadres publics au-dessus du salaire médian français (environ 1 970 euros nets mensuels), mais ces moyennes nationales masquent des écarts importants entre versants et métiers.

Versant de la fonction publique Salaire moyen net mensuel (€)
Fonction publique d’État 3 373 €
Fonction publique territoriale 3 534 €
Fonction publique hospitalière 3 038 €
Salaire médian en France 1 970 €

Pouvoir d’achat : des rémunérations en baisse en euros constants

En apparence stables, les salaires des fonctionnaires de catégorie A s’érodent une fois l’inflation prise en compte. En 2025, la rémunération moyenne en euros constants a reculé de 0,1 % dans la fonction publique d’État et de 1,3 % dans la territoriale. Une tendance qui s’inscrit dans le temps long : depuis 2010, les syndicats estiment à 15 % la perte de pouvoir d’achat des agents publics. Le gel quasi permanent du point d’indice, socle de calcul des traitements, en est l’un des principaux leviers.

Comment est calculé le salaire d’un fonctionnaire de catégorie A ?

La rémunération d’un fonctionnaire repose d’abord sur un traitement indiciaire, calculé à partir de l’indice majoré multiplié par la valeur du point d’indice, fixé depuis juillet 2023 à 4,92278 euros. À titre d’exemple, un agent ayant un indice majoré de 500 touche 2 461 euros bruts par mois. À cette base s’ajoutent les indemnités, qui peuvent représenter une part importante du salaire total.

Depuis quelques années, le RIFSEEP (Régime indemnitaire tenant compte des fonctions, des sujétions, de l’expertise et de l’engagement professionnel) est progressivement généralisé. Il comprend une part fixe mensuelle (IFSE) et un complément indemnitaire annuel (CIA), versé en fonction de l’évaluation professionnelle. En 2025, le CIA varie par exemple de 1 460 à 1 860 euros annuels au ministère de l’Intérieur. Au CNRS, les ingénieurs de recherche ont perçu en moyenne 1 318 euros de CIA en 2024. Cette individualisation de la rémunération soulève toutefois des critiques syndicales, en raison du caractère jugé subjectif des évaluations.

Des écarts importants selon les métiers et les parcours

Sous l’étiquette commune de catégorie A cohabitent des métiers très différents. Un ingénieur territorial débute à 1 945 euros bruts mensuels et peut atteindre 3 338 euros en fin de carrière. En accédant au grade d’ingénieur principal, il peut percevoir jusqu’à 4 066 euros, voire 4 810 euros en tant qu’ingénieur hors classe.

Les inspecteurs des finances publiques suivent une progression comparable, allant de 1 944 à 3 337 euros bruts selon l’échelon. Les médecins hospitaliers, quant à eux, constituent une exception avec des rémunérations pouvant dépasser 6 800 euros nets par mois. Ces écarts tiennent aux responsabilités, aux contraintes du poste, mais aussi aux politiques indemnitaires spécifiques à chaque corps.

Malgré une fonction publique soumise à des obligations d’égalité, les écarts de rémunération entre femmes et hommes restent significatifs. Dans la fonction publique d’État, l’écart salarial global atteint 12,2 %. À poste équivalent, il est réduit à 2,6 %, mais reste non négligeable. Dans la fonction publique hospitalière, ces disparités sont encore plus marquées : en 2025, les femmes perçoivent en moyenne 2 704 euros nets contre 3 344 euros pour les hommes, soit un écart de 19,1 %. Ces différences s’expliquent par une surreprésentation féminine dans les corps les moins rémunérés, des interruptions de carrière plus fréquentes et un accès plus limité aux postes à forte part indemnitaire.

Une attractivité en déclin face au secteur privé

L’écart de rémunération entre secteur public et privé pèse sur les capacités de recrutement de la fonction publique. Entre 2011 et 2021, les salaires du privé ont progressé de 4,9 %, contre seulement 2,1 % dans le public. En 2025, la différence moyenne atteint 175 euros par mois. Les métiers techniques, notamment dans le numérique ou l’ingénierie, sont particulièrement touchés par ces difficultés de recrutement.

Pour faire face à l’urgence, le gouvernement a mis en place une prime exceptionnelle de pouvoir d’achat, allant de 300 à 800 euros selon les revenus, et a garanti qu’aucun agent ne serait rémunéré sous le SMIC. Mais la suppression de la Garantie individuelle du pouvoir d’achat (GIPA) en 2025 a également privé les agents en fin de carrière d’un mécanisme de compensation face à l’inflation.

Des réformes en cours mais un budget contraint

Depuis le 1er octobre 2025, le Livre III du Code général de la fonction publique est entré en vigueur. Il harmonise les règles de recrutement, de mobilité et de gestion des carrières. Les concours ont été réformés pour attirer des profils plus diversifiés, notamment dans les finances publiques. De nouvelles lignes directrices de gestion renforcent l’égalité professionnelle et imposent des obligations de formation pour accéder aux promotions internes.

Malgré ces chantiers, les perspectives budgétaires demeurent serrées. Le projet de loi de finances 2025 prévoit 2 201 suppressions de postes, principalement dans l’Éducation nationale et les ministères économiques. En parallèle, 590 millions d’euros de mesures catégorielles sont programmés, un montant jugé modeste au regard des 5,2 millions d’agents publics. À Bercy, on rappelle qu’une revalorisation de 1 % du point d’indice représente un coût de 1,8 milliard d’euros.



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