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Les derniers contrôles sanitaires menés en Europe sur les résidus de pesticides révèlent un paysage contrasté. Si une majorité des denrées restent dans les normes réglementaires, certains produits continuent de concentrer des traces multiples, parfois au-delà des seuils autorisés. Dans ce contexte, de nouvelles recommandations émergent pour réduire l’exposition des consommateurs, en particulier les plus vulnérables. Voici les dernières données disponibles et les choix alimentaires à privilégier.
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Résidus de pesticides : ce que montrent les contrôles européens et français
Selon le rapport publié en mai 2025 par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), 58 % des échantillons alimentaires analysés en 2023 ne contenaient aucun résidu détectable de pesticide. Environ 38,3 % présentaient des résidus dans les limites légales (LMR), et 3,7 % dépassaient ces seuils. Les dépassements concernent principalement des produits importés et certaines légumineuses sèches.
Catégorie | Produits sensibles | À privilégier en bio | Gestes utiles |
---|---|---|---|
Fruits à peau fine | Cerises, fraises, raisins, pêches, nectarines | Oui | Laver soigneusement, éplucher si possible |
Agrumes (zeste) | Citrons, oranges, pamplemousses | Oui | Éviter le zeste non bio en pâtisserie ou infusion |
Herbes & salades | Persil, coriandre, basilic, salades, épinards | Oui | Laver abondamment, ou cultiver en pot |
Légumineuses sèches | Haricots secs, lentilles, pois chiches | Si origine incertaine | Tremper et rincer avant cuisson |
Épices & graines | Cumin, sésame, poivre, infusions | Oui | Choisir des marques avec contrôles publiés |
Fruits exotiques | Agrumes, prunes, raisins | Oui si consommés avec la peau | Privilégier l’origine UE, bien laver |
En France, une synthèse des campagnes de contrôle menées entre 2017 et 2022, publiée en 2024, confirme des résidus fréquents sur les fruits à peau fine — cerises, raisins, prunes, pêches, nectarines, agrumes — ainsi que sur certaines herbes fraîches (persil, coriandre, basilic) et légumes comme le céleri-rave ou le melon. Les analyses montrent également la présence fréquente de cocktails de résidus, sans pour autant franchir les seuils réglementaires.
Sur les produits importés, les alertes se sont multipliées entre 2024 et 2025. Le cumin d’Inde a fait l’objet de plusieurs notifications dans le système d’alerte rapide européen (RASFF), en raison de résidus multiples, dont certains interdits en Europe comme le chlorpyriphos. En septembre 2025, l’Espagne a signalé un lot de cumin contaminé, entraînant un renforcement des contrôles, désormais portés à 30 % pour ce produit.
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Aliments les plus exposés : la liste des produits à surveiller en 2025
Les données récentes confirment des concentrations plus fréquentes de résidus sur certains types d’aliments. Les fruits à peau fine consommés entiers arrivent en tête des produits sensibles : cerises, fraises, raisins, pêches, nectarines, ainsi que les agrumes, notamment en cas d’utilisation du zeste.
Les herbes fraîches et feuilles comestibles — salades, épinards, persil, coriandre, basilic — présentent également un risque accru, du fait de leur grande surface d’échange et de leur consommation crue.
Les légumineuses sèches, en particulier les haricots, sont sous surveillance renforcée en raison de résidus persistants, notamment sur les lots importés. Les produits secs comme les épices, les graines (sésame, cumin, poivre) et les mélanges pour infusions concentrent les résidus du fait des procédés de transformation.
Enfin, les fruits exotiques importés présentent une fréquence plus élevée de résidus, selon les données françaises récentes, notamment sur les agrumes, les prunes et le raisin.
Pyréthrinoïdes et santé : l’alerte de l’Anses sur les risques neurologiques
En avril 2025, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a émis une alerte concernant plusieurs familles de pesticides toujours autorisées, en particulier les pyréthrinoïdes. Les données toxicologiques s’accumulent sur leurs effets potentiels en cas d’exposition prénatale et chez les jeunes enfants. L’agence recommande une vigilance accrue, la réduction des usages agricoles et un renforcement des contrôles sur les denrées destinées aux groupes sensibles.
Cette alerte s’inscrit dans une tendance plus large : l’attention portée aux effets à long terme des expositions faibles mais répétées à plusieurs substances. Les effets combinés et l’exposition chronique représentent aujourd’hui le principal enjeu sanitaire, davantage que les dépassements ponctuels de LMR.
Importations : les produits secs toujours sous surveillance
Le cumin, les graines de sésame, le poivre, les mélanges pour tisanes et autres produits secs d’importation continuent de susciter une vigilance accrue. En 2024 et 2025, les notifications d’irrégularités sur ces produits ont été fréquentes dans le système RASFF.
En cause : la présence de substances interdites dans l’Union européenne, des multirésidus à des concentrations élevées, et des manquements aux obligations de traçabilité. Plusieurs États membres ont renforcé leurs contrôles, notamment l’Espagne et l’Allemagne. Pour les consommateurs, l’origine géographique et le choix de marques publiant des tests indépendants sont devenus des critères déterminants.
Réduire son exposition aux pesticides : les bons réflexes
Face à cette exposition diffuse mais réelle, les spécialistes recommandent des gestes simples pour réduire les risques :
- Privilégier les produits de saison et d’origine européenne, soumis à des normes homogènes
- Laver soigneusement les fruits et légumes, voire les éplucher lorsque c’est pertinent
- Tremper et rincer les légumineuses sèches avant cuisson
- Éviter le zeste d’agrumes non bio en pâtisserie ou en infusion
- Préférer les herbes fraîches bio, ou issues de culture domestique en pot
Pour les produits les plus à risque, le recours au bio ciblé reste un levier efficace.
Quels produits privilégier en bio en 2025
Certaines catégories d’aliments méritent d’être systématiquement achetées en bio, en raison de leur exposition répétée aux résidus de pesticides :
- Cerises, fraises, raisins, pêches, nectarines
- Agrumes utilisés avec le zeste
- Salades, épinards, persil, coriandre, basilic
- Haricots secs et autres légumineuses d’origine incertaine
- Épices, graines, infusions — en particulier le cumin
Un choix ciblé, qui peut permettre de réduire significativement l’exposition, sans surcoût généralisé.
Le mémo du consommateur averti
La limite maximale de résidus (LMR) est un indicateur de conformité réglementaire, pas un seuil de toxicité. Un dépassement ne signifie pas nécessairement un danger immédiat. En revanche, l’exposition chronique à de faibles doses multiples, y compris en dessous des LMR, soulève des questions sanitaires croissantes. Dans ce contexte, les stratégies de réduction de l’exposition — choix bio ciblés, gestes de préparation, arbitrages d’achat — restent les outils les plus concrets à disposition des consommateurs.