Écart brut/net : comment est calculé votre salaire ?

Brut, net, cotisations, CSG… Vous ne comprenez pas vos prélèvements ? Découvrez comment votre salaire est réellement calculé, poste par poste.

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Chaque mois, des millions de salariés constatent un écart parfois saisissant entre le salaire brut affiché sur leur contrat et le montant réellement versé sur leur compte bancaire. En 2025, ce différentiel entre brut et net s’invite à nouveau dans le débat public, porté par des propositions politiques visant à accroître le pouvoir d’achat sans affaiblir le modèle social français.

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Salaire brut et salaire net : quelles différences ?

Le salaire brut représente la rémunération globale convenue entre l’employeur et le salarié, avant toute déduction. Le salaire net correspond au montant effectivement perçu, après soustraction des cotisations sociales salariales. Ces prélèvements financent notamment l’assurance maladie, les retraites, le chômage ou encore la dépendance.

Salaire brut mensuel (€) Cotisations salariales (€) Salaire net estimé (€) Taux brut → net (%) Écart brut/net (€)
1 801,80 (SMIC) 375,50 1 426,30 79,2 % 375,50
2 500 538,50 1 961,50 78,5 % 538,50
3 500 810,50 2 689,50 76,8 % 810,50
5 000 1 217,00 3 783,00 75,7 % 1 217,00
7 000 1 772,00 5 228,00 74,7 % 1 772,00

Source : URSSAF, calculs indicatifs à partir des taux 2025.

Au 1er janvier 2025, le SMIC brut s’élève à 1 801,80 euros par mois pour un temps plein, soit 11,88 euros de l’heure. Mais le salarié ne perçoit en réalité que 1 426,30 euros nets. L’écart atteint ainsi près de 375 euros, soit un taux de 79 % de brut converti en net.

Ce différentiel s’explique essentiellement par les cotisations salariales (environ 21 % du brut), auxquelles s’ajoutent des prélèvements tels que la CSG et la CRDS, partiellement déductibles. Les cotisations patronales, payées directement par l’employeur, alourdissent encore le coût total du travail.

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Cotisations sociales : les taux applicables en 2025

Les principaux prélèvements sociaux appliqués en 2025 sont répartis entre employeur et salarié. Parmi eux :

  • L’assurance vieillesse plafonnée : 6,90 % (salarial) et 8,55 % (patronal) sur les revenus jusqu’à 47 100 euros annuels
  • L’AGIRC-ARRCO (retraite complémentaire) : jusqu’à 8,64 % de cotisation salariale pour les rémunérations élevées
  • La CSG : prélevée à hauteur de 9,70 %, dont 6,80 % déductibles du revenu imposable
  • L’assurance chômage : 4 % de contribution employeur, sans part salariale depuis 2018

Ces taux, bien que connus, sont souvent mal compris. Ils jouent pourtant un rôle central dans le fonctionnement du système de solidarité français.

Un écart qui s’est creusé au fil des décennies

L’écart entre salaire brut et net n’est pas figé : il s’est progressivement accru depuis les années 1970. À cette époque, les salariés percevaient en moyenne 69 % de leur brut. Aujourd’hui, ce ratio est tombé à 54 % pour les bas salaires.

Plusieurs réformes expliquent cette évolution. La création de la CSG en 1991, d’abord à 1,1 %, puis son augmentation progressive, a marqué un tournant. Les hausses successives des cotisations retraites, destinées à financer un système de plus en plus sollicité, ont aussi contribué à l’effritement du net. Ce glissement structurel nourrit aujourd’hui les appels à une refonte du financement de la protection sociale.

Réduire l’écart brut-net : les pistes sur la table

Face à la pression sur le pouvoir d’achat, plusieurs propositions ont été avancées en 2024 et 2025 pour réduire l’écart entre brut et net.

Le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé en juin 2025 une série de mesures visant à alléger les charges employeurs, avec l’objectif de dynamiser les rémunérations nettes, notamment dans les petites entreprises.

Le ministre des Comptes publics Sébastien Lecornu doit présenter début octobre une feuille de route budgétaire incluant une baisse partielle de la CSG et des exonérations ciblées sur les bas salaires.

L’Union des entreprises de proximité (U2P), de son côté, propose un « big bang fiscal » : suppression progressive de la CSG-CRDS sur cinq ans, hausse compensatoire de la TVA, gel des pensions de retraite supérieures à 2 500 euros et relèvement de certains impôts sur le patrimoine.

Enfin, une mesure discutée au Parlement envisage un allègement ciblé d’un point de CSG pour les salaires modestes. Le coût de cette mesure est estimé à 10 milliards d’euros par point supprimé.

Salaire brut/net : comment se positionne la France en Europe ?

Sur le plan européen, la France affiche un écart brut-net dans la moyenne haute. Le ratio net/brut y est de 72,5 %, contre 68,8 % en moyenne dans l’Union européenne. Ce chiffre place l’Hexagone dans une position intermédiaire : au-dessus de l’Allemagne (71 %) et de l’Espagne (74 %), mais en dessous du Royaume-Uni (77,1 %).

Ce comparatif met en lumière le poids particulier des cotisations sociales dans le modèle français. Il reflète aussi une différence de philosophie : la France privilégie un financement collectif de la protection sociale par le travail, là où d’autres pays optent pour des systèmes plus fiscalisés.

Un arbitrage entre pouvoir d’achat et solidarité collective

Le débat sur l’écart entre salaire brut et net soulève une question de fond : qui doit financer la solidarité nationale ? Chaque réforme des cotisations implique un choix entre soutenir le revenu immédiat des actifs ou préserver les ressources nécessaires à la protection sociale.

Réduire les charges peut accroître le pouvoir d’achat, mais risque de fragiliser les équilibres budgétaires ou de transférer la charge vers d’autres formes d’imposition, comme la TVA, plus régressive. À l’inverse, maintenir un haut niveau de cotisations garantit un socle de solidarité mais pèse sur la fiche de paie.



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