Résumé Résumé
Le couturier Matthieu Blazy présente ce lundi 6 octobre sa première collection pour Chanel au Grand Palais, lors de la Fashion Week parisienne. Un moment décisif pour la vénérable maison, qui ouvre un nouveau chapitre sous la direction de ce créateur reconnu pour sa précision et son exigence. À 40 ans, le styliste franco-belge succède à Virginie Viard à la tête de la création, après une trajectoire sans faute dans l’industrie du luxe.
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Sa nomination, annoncée en décembre dernier, a marqué un tournant pour Chanel. Pour la première fois depuis plus de quarante ans, la maison a choisi un créateur extérieur à ses rangs pour réinterpréter ses codes. Cette décision, mûrement réfléchie, s’inscrit dans un contexte de transformation du secteur et de repositionnement stratégique.
L’héritage Lagerfeld
Depuis le décès de Karl Lagerfeld en 2019, Chanel avait opté pour la stabilité avec Virginie Viard, collaboratrice de longue date du créateur. L’arrivée de Matthieu Blazy introduit une rupture mesurée : il hérite d’une maison au patrimoine puissant, mais doit y faire entendre une voix singulière.
Chanel cherche aujourd’hui à conjuguer fidélité à son ADN et renouvellement esthétique. Blazy est attendu sur sa capacité à équilibrer tradition et innovation, dans un secteur où la pression créative est aussi forte que les enjeux économiques.
Formé à La Cambre à Bruxelles, Matthieu Blazy débute sa carrière en 2007 auprès de Raf Simons. Il rejoint ensuite Maison Martin Margiela, où il prend en charge la ligne Artisanal. Il y affine une approche expérimentale du vêtement, saluée par les observateurs de l’époque.
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Il poursuit son parcours chez Celine avec Phoebe Philo, puis à New York chez Calvin Klein, de nouveau sous la direction de Raf Simons. En 2020, il rejoint Bottega Veneta en tant que bras droit de Daniel Lee, avant de lui succéder à la direction artistique en 2021. À chaque étape, Blazy a démontré une capacité rare à intégrer l’univers d’une maison tout en y imprimant sa propre vision.
Un style affirmé, entre savoir-faire et illusion
Chez Bottega Veneta, Matthieu Blazy s’impose par son goût de l’expérimentation maîtrisée. Il joue avec les matières, les formes et les techniques pour créer des pièces sophistiquées : jeans en cuir trompe-l’œil, cuissardes sculptées d’un seul bloc, finitions invisibles. Son style repose sur la rigueur, la précision et une forme d’élégance technique. Ce travail sur l’illusion et le détail traduit une connaissance approfondie du vêtement. Il valorise le geste artisanal tout en développant une esthétique contemporaine, à la fois architecturale et fluide.
Sous sa direction, Bottega Veneta connaît une croissance de 6 % en 2024, atteignant 1,7 milliard d’euros, alors que le groupe Kering traverse une période difficile. Cette performance confirme la capacité de Blazy à concilier direction artistique et dynamique commerciale.
Chez Chanel, la situation est plus contrastée. La maison a enregistré un recul de 4,3 % de son chiffre d’affaires et une baisse de 28,2 % de son bénéfice net, dans un contexte de ralentissement mondial, particulièrement marqué en Asie. L’arrivée de Blazy répond à un double objectif : relancer l’élan créatif et restaurer la performance.
Une première collection très attendue
La première collection Chanel signée Matthieu Blazy dévoilée ce lundi 6 octobre au Grand Palais, en pleine Fashion Week parisienne sera particulièrement suivie par les spécialistes mondiaux de la mode. L’attente est à la hauteur de l’enjeu : donner le ton d’un nouveau cycle tout en respectant l’héritage de la maison. Cette présentation marque l’entrée officielle du créateur dans l’univers Chanel, après plusieurs mois de préparation en coulisses.
Chez Chanel, la direction artistique ne peut se permettre de rupture brutale. La maison repose sur un équilibre fragile entre codes historiques et désir d’actualité. Matthieu Blazy est attendu sur sa capacité à préserver cette tension féconde : être à l’écoute de l’époque sans céder aux effets de mode, inscrire ses propositions dans la continuité tout en les renouvelant.