Résumé Résumé
Entre solde de base, primes multiples, logement gratuit et autres avantages liés au statut militaire, la rémunération des gendarmes forme un système complexe, souvent mal compris. Alors, combien gagnent-ils vraiment ?
Des salaires peu élevés au départ
La rémunération d’un gendarme repose sur la grille indiciaire de la fonction publique d’État, indexée sur le point d’indice, dont la valeur a été portée à 5,04882 € au 1er juillet 2025, soit une hausse de 2,56 % par rapport à 2024. Ce point, multiplié par l’indice majoré propre à chaque grade et échelon, sert de base au calcul de la solde.
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En début de carrière, les montants restent modestes. Un Gendarme Adjoint Volontaire (GAV) touche environ 1 005 € nets par mois pendant sa formation, logement compris. En unité, ce montant passe à 1 249 € nets, avec hébergement et prime d’alimentation inclus.
Les Sous-officiers (SOG) perçoivent 1 530 € bruts pendant leur formation, puis environ 2 185 € nets par mois une fois en unité, logement fourni.
Statut | Période | Solde nette mensuelle | Avantages inclus |
---|---|---|---|
Gendarme Adjoint Volontaire (GAV) | En formation | 1 005 € | Logement, repas |
Gendarme Adjoint Volontaire (GAV) | En unité | 1 249 € | Logement, prime alimentaire |
Sous-officier (SOG) | Formation initiale | 1 530 € bruts | Hébergement, restauration |
Sous-officier (SOG) | Début de carrière | 2 185 € | Logement, primes |
Officier | Formation (EOGN) | 1 810 – 2 090 € | Logement, indemnités |
Officier | Début de carrière | 2 910 € | Logement, ISSP, ICM |
Officier général | Fin de carrière | 6 500 € bruts | Résidence, ICM, statut |
Les Officiers, formés à l’École des officiers de la gendarmerie nationale (EOGN), gagnent entre 1 810 € et 2 090 € nets durant leur formation, puis démarrent leur carrière avec un salaire net minimum de 2 910 €. Un général de division peut dépasser 6 500 € bruts en fin de carrière.
À titre d’exemple, la solde nette mensuelle moyenne des militaires de la gendarmerie, hors élèves et réservistes, a atteint 3 045 € en 2024, en hausse de 3,7 % par rapport à 2023, reflétant les diverses revalorisations salariales.
Primes de gendarmerie
Les primes et indemnités jouent un rôle clé. En 2020, elles représentaient 41,3 % de la solde brute des sous-officiers et 29,6 % pour les officiers. Ce poids a légèrement augmenté ces dernières années avec le rehaussement de plusieurs dispositifs.
Parmi les principales, l’Indemnité de Sujétion Spéciale de Police (ISSP) s’élève désormais entre 22 % et 30 % de la solde de base selon les grades. L’Indemnité pour Charges Militaires (ICM) a été augmentée de 3 % au 1er janvier 2025.
L’Indemnité de Résidence reste calculée selon la zone géographique, et le Supplément Familial de Solde peut toujours atteindre jusqu’à 173 € pour un gendarme marié ou pacsé avec deux ans d’ancienneté, plus 70 € par enfant. Depuis 2024, une nouvelle indemnité, la Fidélisation en Unité Territoriale (IFT), peut être versée, jusqu’à 200 € nets par mois, afin de stabiliser les effectifs dans les zones rurales.
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Certaines primes, notamment l’ISSP et l’IMGM (mise en place en 2022 pour accompagner les mutations fréquentes), restent exemptées d’impôt, ce qui complexifie le calcul du revenu net réel.
Logement gratuit et autres avantages
Le logement concédé par nécessité absolue de service (LCNAS) continue d’être un élément central de la rémunération indirecte. Ces logements en caserne, avec prise en charge des charges, compensent la disponibilité 24h/24 et 7j/7 demandée aux gendarmes, en particulier dans les zones rurales.
L’offre d’avantages complémentaires s’est étendue : la réduction SNCF de 75 % s’applique désormais aussi aux abonnements TER domicile-travail depuis mars 2025.
Les congés annuels ont également été élargis, avec une nouvelle possibilité de 10 jours supplémentaires pour événements familiaux, cumulables avec les congés habituels (jusqu’à 45 jours pour les GAV, 9 semaines pour les sous-officiers et officiers).
Ces conditions, souvent perçues comme des avantages, répondent avant tout à des contraintes militaires strictes : absence de droit syndical, horaires irréguliers, astreintes, et engagement opérationnel permanent.
Un coût budgétaire en hausse et surveillé de près
Le budget global de la gendarmerie a augmenté de 6,4 % en 2025, principalement pour financer les hausses salariales, les primes revalorisées et la création de 2 000 postes supplémentaires dans le cadre du plan Sécurité 2030.
Même si ces mesures sont soutenues par les syndicats et associations professionnelles, la Cour des comptes a alerté sur un risque de dépassement des crédits de personnel à hauteur de 2,3 %, et recommande un suivi budgétaire renforcé.
Heures de travail élevées mais peu comptabilisées
Une enquête interne menée en juin 2025 confirme que les gendarmes travaillent en moyenne 81 heures par semaine. Un volume horaire largement supérieur à celui des autres agents publics, mais peu reflété dans le niveau de rémunération horaire effectif.
L’absence de suivi horaire systématique empêche toute comparaison claire avec d’autres corps, qu’ils soient civils ou militaires.
Mobilité, vie familiale, pouvoir d’achat
La mobilité géographique, avec une mutation moyenne tous les 3 à 5 ans, reste un facteur structurant dans la carrière des gendarmes. Malgré la mise en place de l’IMGM et de la prime de fidélisation en unité, l’impact sur la vie familiale, le logement ou la scolarité reste difficile à objectiver.
En termes de pouvoir d’achat, une étude conjointe DGAFP-IGPN publiée en mars 2025 révèle que le revenu net moyen d’un gendarme est environ 7 % inférieur à celui d’un policier de grade équivalent. En cause notamment : des plafonds sur les primes à missions, qui limitent les compléments de rémunération.
Cette asymétrie interroge sur l’attractivité comparée des deux forces au sein de la fonction publique de sécurité.
Sources principales
- DGAFP, Observatoire social de la défense, rapport 2025
- Ministère de l’Intérieur, décrets et arrêtés 2024–2025
- Projet de loi de finances 2025, budget Sécurité
- Cour des comptes, rapport sur la gendarmerie 2025
- Étude conjointe DGAFP–IGPN, mars 2025
- Rapport interne Gendarmerie nationale, juin 2025