Monsieur Macron, il est temps de partir maintenant !

La chute express du gouvernement Lecornu signe une crise de régime. Emmanuel Macron n’a plus de cap ni de majorité : sa démission devient une nécessité démocratique.

Résumé Résumé

Monsieur le Président, il arrive un moment où l’obstination n’est plus une ligne de conduite mais une fuite en avant. La démission éclair de Sébastien Lecornu — quatorze heures après la présentation de son équipe — n’est pas un incident de parcours : c’est l’aveu public que votre pouvoir ne gouverne plus. La France ne peut pas être administrée à coups de remaniements-éclairs et de cabinets jetables. Vous devez démissionner.

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Un gouvernement en quatorze heures

La scène est connue, mais elle dépasse la chronique politique : dans la matinée, Matignon remet les clés, l’Élysée accepte, et le pays découvre que le gouvernement annoncé la veille entre déjà en phase terminale. Quinze lignes de communiqué, et voilà la deuxième économie de la zone euro rendue à l’improvisation institutionnelle. Le gouvernement Lecornu est le plus éphémère de l’Histoire de France, record sinistre d’une crise devenue structurelle.

Les marchés ne votent pas, mais ils prennent la mesure du vide. CAC 40 en baisse marquée, banques françaises chahutées, euro en retrait, prime de risque française qui se retend : tout indique que la politique n’envoie plus de signal lisible. Ce n’est pas « la dictature des marchés », c’est la facture d’un risque institutionnel laissé prospérer.

Le fusible ne suffit plus

On objectera que la démission d’un Premier ministre n’engage pas le chef de l’État. C’est faux, et les Français le savent. Lorsque le cinquième chef de gouvernement en deux ans tombe en quelques heures, ce n’est plus un fusible : c’est le tableau électrique qui brûle. Lecornu n’a pas chuté seulement sur des arbitrages contestés, il a été broyé par une mécanique devenue ingouvernable. Cette mécanique, c’est la vôtre.

Depuis 2022, vous avez fait profession de « gouverner autrement » dans une Assemblée fragmentée. Vous avez promis la main tendue et la méthode parlementaire, puis inventé le bricolage permanent : dissolutions ratées, coalitions introuvables, remaniements à répétition. L’épisode Lecornu n’est pas une anomalie, c’est la conclusion logique d’un quinquennat réduit au réflexe tactique. La politique ne se pilote pas à la journée. Elle exige un cap, une majorité, un contrat. Aujourd’hui, il n’y a ni cap, ni majorité, ni contrat.

Les faux remèdes

Vos défenseurs plaideront la responsabilité : « Surtout, ne pas déstabiliser davantage. » Mais que reste-t-il à déstabiliser ? La stabilité ne se décrète pas, elle se regagne. Changer encore de Premier ministre n’aurait plus de sens : hier déjà, l’option du fusible a explosé en plein vol. Dissoudre ? Vous l’avez tenté. Le résultat : une Chambre plus morcelée encore, des blocs qui se font face et une arithmétique intraitable. Rejouer la même scène, c’est reproduire la panne.
La vérité est plus simple et plus exigeante : dans la Ve République, la légitimité politique remonte. Quand le système cale, elle se reconstruit au sommet. Votre démission n’est pas une capitulation ; c’est l’acte de responsabilité qui rouvre le chemin démocratique. Elle permettrait de clarifier le paysage, de remettre les compteurs à zéro, d’offrir au pays un mandat net avant le budget 2026 et les choix européens à venir. À défaut, la France restera prisonnière d’un entre-deux où tout gouvernement est déjà un gouvernement de sursis.

Sauver les institutions

Vous dites aimer les institutions. Alors sauvez-les. En renvoyant la décision au peuple, vous accepterez que la verticalité ne peut plus, seule, suppléer à l’absence d’assise parlementaire. Les oppositions — de l’extrême droite à la gauche — réclament des élections ou votre départ ; elles ont leurs calculs. Peu importe. Ce qui compte, c’est que le pays retrouve un horizon. L’intérêt général ne se confond pas avec la durée d’un locataire à l’Élysée.
On vous dira que cette demande de démission est une invective. Non. C’est un constat civique, appuyé sur des faits publics, sur un gouvernement tombé en quatorze heures et sur une crédibilité ébranlée jusque dans les chiffres. C’est une adresse à l’homme qui pourrait encore surprendre par le courage. Le pays ne peut plus vivre au rythme des communiqués de démission ni de la fébrilité des écrans boursiers. Il a besoin d’un acte clair.



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