Résumé Résumé
- La République bloquée
- Dégradation financière et isolement international
- Effondrement démocratique
- Impasse politique
- Pauvreté record et inégalités croissantes
- Démantèlement des services publics
- Désindustrialisation et précarisation du travail
- Fractures sociales et perte de cohésion républicaine
- Un président affaibli, une République fragilisée
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Monsieur Macron, il est temps de partir maintenant !
La France traverse une crise politique majeure. Le pays est sans gouvernement stable depuis plusieurs mois, sa dette publique atteint un niveau historique, et son classement démocratique a été rétrogradé. Pour une large majorité des citoyens, la démocratie « ne fonctionne plus ».
Ce tableau d’instabilité et de défiance résulte d’un processus politique continu engagé en 2017. Emmanuel Macron, élu sur une promesse de transformation, aura méthodiquement affaibli les piliers de la République. Bilan d’un quinquennat prolongé devenu cycle de déconstruction.
La République bloquée
Depuis septembre, la France est dans une situation institutionnelle inédite. Après la censure du gouvernement de Michel Barnier en décembre 2024, celui de François Bayrou a subi le même sort à l’automne 2025. Sébastien Lecornu, nommé à Matignon en urgence, démissionne brutalement avant même d’avoir pu engager son action. Quarante-cinq motions de censure ont été déposées en trois ans, transformant un outil parlementaire exceptionnel en rituel systématique.
Cette instabilité chronique bloque la machine étatique. Aucune réforme ne peut être engagée, et les arbitrages budgétaires sont repoussés sine die. Le pays vit au rythme des dissolutions et des remaniements, sans perspective claire.
Indicateur | 2017 | 2025 | Évolution |
---|---|---|---|
Dette publique (en milliards €) | 2 281 | 3 416 | +1 135 |
Dette/PIB (%) | 101 % | 115,6 % | +14,6 pts |
Taux de pauvreté (%) | 13,6 % | 15,4 % | +1,8 pts |
Personnes sous le seuil de pauvreté | ~8,7 millions | 9,8 millions | +1,1 million |
Usines fermées (par an) | ~70 | 100 | +30/an |
Classement démocratie (EIU) | 20e (démocratie pleine) | 26e (démocratie défaillante) | -6 places |
Satisfaction présidentielle (%) | ~50 % | 19 % | -31 pts |
Lits d’hôpital supprimés | — | 17 000 | — |
Chômage réel (catégorie A) | 3,2 millions | 3,4 millions | +200 000 |
Utilisation du 49.3 | 0 | 27 | +27 |
Gouvernements censurés | 0 | 2 | +2 |
Dégradation financière et isolement international
En parallèle, la situation économique se détériore. La dette publique atteint 3 416 milliards d’euros au deuxième trimestre 2025, soit une augmentation de plus de 1 100 milliards depuis 2017. Elle représente désormais 115,6 % du PIB. La charge annuelle des intérêts atteint 55 milliards d’euros, dépassant le budget de l’Éducation nationale.
Les agences de notation ont réagi : en septembre, Fitch a abaissé la note française de AA- à A+, suivie de Morningstar DBRS. Ces dégradations traduisent une perte de confiance des investisseurs face à une instabilité institutionnelle persistante et à l’absence de stratégie de redressement.
Sur le plan diplomatique, la France s’est isolée. Les relations avec l’Allemagne se sont tendues, les opérations militaires au Sahel se sont soldées par des expulsions, et la présence française sur la scène internationale s’efface. Le leadership européen promis n’a jamais émergé.
Effondrement démocratique
L’opinion publique reflète ce déclin. En septembre 2025, seuls 19 % des Français se déclarent satisfaits de l’action présidentielle. Pour 78 %, la démocratie fonctionne mal. Le pays est désormais classé 26e dans l’indice mondial de la démocratie, sortant du groupe des « démocraties pleines ». Ce déclassement repose en grande partie sur la dégradation du fonctionnement gouvernemental et du respect des contre-pouvoirs.
Le présidentialisme renforcé, les usages répétés du 49.3 (27 fois en huit ans), et la marginalisation du Parlement ont profondément déséquilibré les institutions. La Vème République s’est transformée en régime hyper-centralisé, affaibli et contesté.
Impasse politique
L’effondrement du système partisan a précipité cette crise. Les Républicains et le Parti socialiste ont été réduits à moins de 5 % lors de la présidentielle de 2022. Le paysage politique s’est figé autour de trois blocs incapables de former une majorité stable. Cette tripolarisation paralyse le fonctionnement démocratique et rend toute alternance opérationnelle improbable.
En supprimant les repères idéologiques traditionnels et en absorbant les élites politiques issues de tous horizons, Emmanuel Macron a vidé le champ politique de ses structures intermédiaires. Le résultat est un vide institutionnel durable.
Pauvreté record et inégalités croissantes
Le quinquennat d’Emmanuel Macron a également été marqué par une montée brutale de la pauvreté. En 2023, le taux atteint 15,4 %, soit près de 10 millions de personnes. Les familles monoparentales sont les plus touchées, avec une progression de près de trois points en un an. Les enfants de moins de 18 ans représentent plus d’un cinquième des personnes pauvres.
Les inégalités se sont creusées à un niveau inédit. Les 20 % les plus riches perçoivent 4,5 fois plus que les 20 % les plus pauvres. Le patrimoine des 10 % les mieux dotés est 163 fois supérieur à celui des 10 % les plus modestes. La reproduction sociale devient la norme. Le travail ne compense plus l’origine sociale.
Démantèlement des services publics
L’hôpital public a subi une réduction massive de ses capacités. Depuis 2017, 17 000 lits d’hospitalisation ont été supprimés. Un service d’urgences sur cinq est aujourd’hui en difficulté, et les délais de prise en charge s’allongent. L’accès aux soins devient un enjeu territorial, accentuant les inégalités.
Le système éducatif est lui aussi fragilisé. Les inégalités scolaires se creusent, avec un accès limité à l’enseignement supérieur pour les jeunes issus de familles ouvrières. L’éclatement de la carte scolaire favorise la concentration des élèves défavorisés dans certains établissements, tandis que l’enseignement privé capte une part croissante des ressources et des élèves les mieux lotis.
Désindustrialisation et précarisation du travail
Malgré les annonces de réindustrialisation, la France a continué de perdre des usines. Depuis 2017, le rythme moyen est de 100 fermetures par an. L’industrie ne représente plus que 10 % du PIB, le taux le plus bas d’Europe. En 2025, le premier semestre voit 83 fermetures pour seulement 60 ouvertures, avec l’agroalimentaire, l’automobile et la métallurgie en première ligne.
Sur le front de l’emploi, les chiffres officiels cachent une réalité plus dégradée. Le chômage repart à la hausse, avec une prévision de 7,7 % en fin d’année. Le nombre d’inscrits en catégorie A à France Travail atteint 3,4 millions, en hausse de 12,8 % en un an. La précarité s’installe durablement dans un marché du travail de plus en plus fragmenté.
Fractures sociales et perte de cohésion républicaine
Les tensions sociales se sont aggravées au fil des mandats. Le mouvement des Gilets Jaunes, puis les mobilisations contre la réforme des retraites, ont révélé un pays profondément divisé. Les violences policières, les arrestations massives et la judiciarisation du maintien de l’ordre ont suscité des critiques jusque dans les instances internationales.
La montée des logiques communautaires remet en question le modèle républicain d’intégration. La laïcité recule dans plusieurs secteurs, et les revendications identitaires s’installent dans le débat public. Le vivre-ensemble républicain se fragilise.
Un président affaibli, une République fragilisée
Emmanuel Macron termine son second mandat dans un isolement politique et institutionnel inédit sous la Vème République. La promesse initiale de « débloquer » la France a laissé place à un pays paralysé, divisé et affaibli. Les institutions sont déséquilibrées, la société fracturée, et les finances publiques sous tension extrême.
Le bilan s’inscrit dans la durée. L’endettement structurel, la désindustrialisation, l’effondrement des services publics et la perte de confiance démocratique ne pourront être corrigés à court terme. Le prochain président héritera d’un pays affaibli sur tous les plans : économique, social, institutionnel et géopolitique.