Les stars fictives créées par l’IA déferlent sur les écrans

Critterz, film créé par IA, fait sensation avant Cannes. Le deepfake, longtemps perçu comme un danger, devient un outil grand public.

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Les intelligences artificielles génératives n’amusent plus la galerie. En quelques mois, elles sont devenues des machines de production capables de créer des visages, des personnages et des histoires d’un réalisme troublant.
De quoi bouleverser un secteur du divertissement déjà fragilisé. Le cinéma, les réseaux sociaux et l’audiovisuel dans son ensemble entrent dans une phase d’accélération brutale. Les images synthétiques ne sont plus une exception : elles deviennent la norme.

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Le raz-de-marée visuel venu de la Silicon Valley

Ce n’est plus une tendance, c’est une lame de fond. Les contenus visuels générés par IA explosent, portés par des modèles de plus en plus puissants conçus par OpenAI, Google ou Meta. Ces systèmes permettent de créer en quelques secondes des vidéos d’une qualité autrefois réservée aux studios. Résultat : les productions se multiplient dans des volumes jamais vus. Longtemps cantonnée à des usages marginaux, cette technologie s’industrialise à grande vitesse.

En septembre, le Festival de Zurich a vu apparaître Tilly Norwood, une actrice entièrement virtuelle conçue par le studio suisse Xicoia. Objectif affiché : signer de vrais contrats avec de vrais studios d’ici deux ans.

Les professionnels du cinéma sur la défensive

À Zurich, plusieurs comédiens ont exprimé leur inquiétude. Le syndicat SAG-AFTRA, déjà mobilisé contre l’automatisation dans le secteur, dénonce une menace directe contre les emplois d’acteurs. Whoopi Goldberg, elle, se dit encore capable de repérer une actrice virtuelle. Mais elle reconnaît que la concurrence devient déloyale face à des personnages composés des meilleurs traits de stars passées.

Cette montée en puissance des figures synthétiques alimente un malaise grandissant dans le monde du cinéma. Les outils ne sont plus cantonnés à la postproduction ou à l’animation : ils entrent désormais au cœur du processus créatif.

Des films à prix cassés, made in intelligence artificielle

Critterz, film d’animation attendu au prochain Festival de Cannes, marque un tournant. Réalisé à l’aide du générateur vidéo Sora d’OpenAI, le projet coûte moins de 30 millions de dollars. C’est peu, surtout comparé aux standards du genre. Mais ce n’est pas tout : OpenAI ne se contente pas de fournir la technologie. L’entreprise participe à la production, en utilisant son modèle GPT-5 pour générer les images.
Des artistes humains ont posé les bases, mais c’est l’IA qui a réalisé l’essentiel. Et si Critterz reste un film d’animation, la suite est déjà en préparation : des films ultra-réalistes entièrement créés par intelligence artificielle, à partir de simples descriptions textuelles et visuelles.

L’audiovisuel redessiné par les géants de l’IA

Avec Sora, Veo (chez Google) ou les outils de Meta, la production audiovisuelle vit une transformation radicale. Les barrières à l’entrée s’effondrent. Là où il fallait des équipes entières, des mois de travail et des millions d’euros, quelques ordinateurs suffisent. Un créateur indépendant peut produire des séquences dignes de Pixar.

Ce changement rebat les cartes. OpenAI, désormais valorisée à 500 milliards de dollars, avance vite. Elle intègre ses outils dans la création culturelle, avec une stratégie claire : devenir un acteur central du contenu, pas seulement de la technologie. Meta développe des plateformes pour diffuser ces vidéos, et Google accélère la mise en ligne de ses générateurs.

Réseaux sociaux : l’ère des influenceuses fictives a commencé

Le cinéma n’est pas seul concerné. Sur les réseaux sociaux aussi, l’IA s’installe. Meta a lancé Meta Vibes, une sorte de TikTok version IA, où toutes les vidéos sont générées automatiquement. Pas de caméra, pas d’humain : uniquement des algorithmes.
Les contenus les plus viraux suivent une recette simple : animaux en action, femmes hypersexualisées, cascades surréalistes. Le réalisme est tel que les utilisateurs ne font souvent pas la différence. Les commentaires en ligne le montrent : l’illusion est totale.

Le deepfake, longtemps perçu comme un danger, devient un outil grand public. OpenAI a lancé une version sociale de Sora, permettant de transformer une simple photo en clip vidéo animé. Le résultat est bluffant. Wired compare la plateforme à un « Instagram des deepfakes », où les visages défilent à un rythme hypnotique.

Ce basculement vers des vidéos entièrement artificielles ne relève plus de la science-fiction. Ce qui était une technique de désinformation devient un divertissement de masse.



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