Lecornu veut faire payer les malades

Lecornu prépare un plan d’économies sur la santé. Les malades chroniques verront leurs aides fiscales supprimées et leurs frais médicaux augmenter.

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L’État cherche de l’argent, et il a trouvé un filon : les malades. Selon nos informations, le gouvernement envisage de mettre fin à un avantage fiscal dont bénéficient actuellement les personnes reconnues en affection de longue durée (ALD). Ces patients peuvent aujourd’hui déduire de leur revenu imposable les indemnités journalières versées par la Sécurité sociale lorsqu’ils sont en arrêt de travail. Une mesure logique, au vu de leur situation médicale, souvent lourde et prolongée.

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Mais cette niche fiscale pourrait bientôt disparaître. L’Inspection générale des finances préconise cette suppression au nom de « la lisibilité et de l’équité ». Une justification classique. En réalité, le gain espéré est de 700 millions d’euros pour les caisses publiques. Sébastien Lecornu, en quête de marges budgétaires, regarde donc du côté des patients longue durée.

Franchises médicales : un prélèvement qui s’alourdit

Et ce n’est pas tout. Le projet du gouvernement prévoit également d’augmenter les franchises médicales, ces montants que chacun paie de sa poche à chaque acte de soin ou délivrance de médicament. Le barème grimperait à 2 euros par consultation, 1 euro par boîte de médicaments, et jusqu’à 8 euros pour un transport sanitaire aller-retour.

Ces sommes ne sont pas remboursées par les complémentaires santé. Et leur plafonnement annuel, censé protéger les patients les plus exposés, pourrait lui aussi être relevé. Une double peine pour ceux qui ont des pathologies lourdes, nécessitant des soins réguliers. Déjà évoquée par le précédent gouvernement, cette réforme avait soulevé un tollé chez les associations de patients et les professionnels de santé. Elle est pourtant toujours sur la table, avec un objectif chiffré cette fois : 2 milliards d’euros d’économies.

L’hôpital et les médicaments à la diète

L’ajustement budgétaire ne s’arrête pas aux patients. L’hôpital public, déjà sous tension, est lui aussi dans le viseur. Le budget 2026 prévoit des économies sur les dépenses hospitalières, sans que les détails soient encore publics. Une des pistes évoquées serait la hausse du forfait hospitalier — ce montant payé par le patient ou sa complémentaire pour chaque jour d’hospitalisation.

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Cette évolution pèserait indirectement sur les assurés, à travers l’augmentation attendue des cotisations d’assurance santé. Le gouvernement entend également poursuivre la baisse des prix des médicaments imposée aux laboratoires, un levier désormais systématique dans les plans de redressement des comptes sociaux. Cette politique permet de contenir les dépenses de remboursement, mais commence à provoquer des tensions sur la disponibilité de certains traitements innovants.

Un plan d’économies de 7 milliards en 2026

En tout, ce sont 7 milliards d’euros d’économies que l’exécutif veut engranger sur les dépenses de santé en 2026. Objectif affiché : contenir leur progression à 1,6 %, contre 3,4 % cette année. Une marche arrière brutale, après deux années de relative générosité post-Covid.

Ces mesures s’inscrivent dans un contexte de dégradation accélérée des comptes sociaux. Le déficit de la Sécurité sociale atteint près de 22 milliards d’euros, dont 16 milliards rien que pour la branche maladie. Le message est clair : l’État ne peut plus suivre le rythme. Mais au lieu de s’attaquer aux causes structurelles ou aux abus, il choisit la voie la plus simple, et sans doute la plus injuste — faire payer ceux qui sont déjà affaiblis.



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