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- Prépa HEC privée : deux modèles, deux logiques de tarification
- Des frais de scolarité qui creusent les écarts
- Prépa ECG en province : jusqu’à 9 600 euros d’économie
- Trois profils de parcours pour trois stratégies familiales
- Un système d’aides méconnu mais efficace pour certains
- Prépas ECG : une demande en hausse malgré la hausse des prix
- Choisir sa prépa selon son budget
- Un investissement rentable uniquement pour certains profils
- Prépas HEC : sélection par l’argent ?
Les classes préparatoires aux grandes écoles de commerce, également appelées prépa HEC ou prépa ECG, constituent un parcours d’excellence exigeant — et de plus en plus coûteux. À Paris, certaines familles déboursent jusqu’à 73 500 euros sur deux ans pour garantir à leur enfant les meilleures chances d’intégrer HEC, l’ESSEC ou l’ESCP. Décryptage complet d’un investissement qui interroge autant qu’il engage.
Prépa HEC privée : deux modèles, deux logiques de tarification
Aujourd’hui, environ 16 % des 86 900 étudiants inscrits en classes préparatoires commerciales relèvent du secteur privé. Deux grandes catégories coexistent : les établissements hors contrat, libres de fixer leurs prix et méthodes ; et ceux sous contrat, partiellement financés par l’État.
| Établissement | Statut | Frais annuels 2025 (€) | Internat inclus ? | Aides spécifiques |
|---|---|---|---|---|
| Ipesup (Paris) | Hors contrat | 14 000 | Non | Aucune |
| Commercia (Paris 16e) | Hors contrat | 11 250 | Non | 5 exonérations totales/an pour boursiers |
| Sainte-Geneviève (Versailles) | Sous contrat | 5 886 – 19 482 | Oui (obligatoire) | Internat de la réussite (20 % du tarif pour boursiers) |
| Stanislas (Paris) | Sous contrat | 2 979 | Non | Bourses internes et réductions familiales |
| ENC-Blomet (Paris) | Sous contrat | 9 000 | Non | Gratuité totale possible pour boursiers |
| Institut Catholique de Paris | Sous contrat | 5 600 – 8 280 | Non | Tarif modulé selon les revenus familiaux |
Parmi les établissements hors contrat, Ipesup (Paris) domine avec un tarif annuel de 14 000 euros, pour des classes de 15 à 20 élèves et un accompagnement intensif assuré par des enseignants agrégés. Commercia (Paris 16e) suit avec 11 250 euros annuels, incluant une politique sociale : 5 exonérations totales par an pour des boursiers.
Côté sous contrat, les tarifs sont plus modulés. Sainte-Geneviève (Versailles), première prépa ECG de France, applique une tarification sociale allant de 5 886 euros à 19 482 euros par an, internat compris. Stanislas (Paris) facture 2 979 euros par an, avec des réductions familiales et des bourses internes. ENC-Blomet propose 9 000 euros, avec une gratuité totale possible pour les boursiers. À l’Institut catholique de Paris (ICP), les frais s’adaptent au revenu fiscal de la famille, de 5 600 euros à 8 280 euros.
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Des frais de scolarité qui creusent les écarts
Une analyse des tarifs 2025 fait apparaître une hiérarchie nette. Les prépas HEC hors contrat occupent le haut du tableau : Ipesup (14 000 €), Commercia (11 250 €). Les établissements sous contrat oscillent entre 3 000 et 9 000 euros selon les cas. Ces écarts traduisent des positionnements différents, mais aussi des publics aux moyens inégaux.
Outre les frais de scolarité, le lieu d’études a un poids décisif. Un étudiant inscrit en classe préparatoire ECG à Paris dépense en moyenne 1 620 euros par mois, soit près de 19 500 euros par an. Le logement représente le poste principal (857 euros/mois en moyenne dans le privé), loin devant l’alimentation (250 à 400 €), le transport (28,50 €) ou les loisirs.
À cela s’ajoutent des frais souvent négligés : inscriptions aux concours (jusqu’à 500 euros), déplacements pour les oraux, matériel informatique. En deux ans, la vie parisienne peut ainsi coûter entre 26 000 et 45 500 euros selon le mode de vie.
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Prépa ECG en province : jusqu’à 9 600 euros d’économie
Pour les familles prêtes à s’éloigner de la capitale, la province représente une option économiquement avantageuse. Le budget mensuel moyen d’un étudiant en prépa HEC régionale varie entre 1 000 et 1 250 euros, principalement grâce à des loyers plus accessibles. À Lyon, par exemple, le coût moyen de la vie étudiante est de 1 214 euros par mois, en hausse de 5,5 % en 2025, mais toujours inférieur à Paris.
Sur deux ans, l’écart peut dépasser les 9 000 euros. Un critère décisif pour les familles à budget serré.
Trois profils de parcours pour trois stratégies familiales
Les différences de coût donnent lieu à des stratégies familiales très contrastées :
Scénario premium : Ipesup + Paris. Avec 28 000 euros de scolarité et jusqu’à 45 500 euros de dépenses annexes, la facture grimpe à 73 500 euros. Ce choix correspond à des foyers aux revenus supérieurs à 150 000 euros annuels, prêts à investir lourdement pour maximiser les chances d’entrée dans le top 3 des écoles.
Scénario équilibré : Ginette + internat. À Versailles, la scolarité (pension comprise) revient à environ 24 000 euros sur deux ans, auxquels s’ajoutent 28 400 euros de dépenses, soit 52 400 euros au total. Un compromis qualité/prix assumé par des familles de la classe moyenne supérieure.
Scénario accessible : Stanislas + aides. À Paris, avec un tarif de 2 979 euros par an et une stratégie d’optimisation des aides (bourses, logement social), le coût total peut tomber à 24 300 euros sur deux ans. Une option réaliste pour les familles aux revenus modestes.
À l’opposé de ce spectre, les classes préparatoires publiques ne coûtent que 210 euros sur deux ans (contribution CVEC). L’écart avec les prépas privées peut donc atteindre plus de 70 000 euros. La question se pose alors : cette différence se traduit-elle en performance ?
Un système d’aides méconnu mais efficace pour certains
Pour les prépas ECG sous contrat, les bourses sur critères sociaux du CROUS sont le principal levier : jusqu’à 5 579 euros par an selon les revenus et la situation familiale. En revanche, les établissements hors contrat n’y donnent pas droit.
Des dispositifs internes complètent l’offre. Stanislas propose des réductions de frais dès le deuxième enfant et des bourses cumulables avec les aides nationales. Ginette, via sa fondation, permet aux boursiers de ne payer que 20 % des frais totaux. ENC-Blomet peut offrir la gratuité complète. À cela s’ajoutent les aides au logement (APL), les bourses Talents ou les aides régionales spécifiques.
Une stratégie de cumul bien maîtrisée permet de réduire la facture de plusieurs milliers d’euros.
Prépas ECG : une demande en hausse malgré la hausse des prix
Les classes préparatoires commerciales connaissent un regain d’attractivité. À la rentrée 2024-2025, les effectifs globaux ont progressé de 5,5 %, avec une croissance encore plus marquée dans le privé hors contrat (+8,1 %). Cette hausse s’explique par une volonté croissante des familles d’investir dans l’éducation supérieure, malgré les hausses de tarifs et le coût de la vie.
Le nombre de redoublants — ou « cubes » — est également en hausse, avec +9,6 % sur un an. Les prépas HEC privées, grâce à leurs effectifs réduits et leur accompagnement personnalisé, répondent à cette demande de persévérance et de seconde chance.
Choisir sa prépa selon son budget
Les familles à hauts revenus privilégient les établissements hors contrat les plus prestigieux. Pour celles disposant de ressources intermédiaires, les prépas ECG sous contrat comme Ginette, ICP ou ENC-Blomet offrent un bon rapport qualité/prix. Les foyers plus modestes maximisent les aides pour viser des établissements comme Stanislas ou optent pour le public.
D’autres stratégies existent : suivre une CPGE publique avec des cours particuliers ciblés (5 000 à 10 000 euros sur deux ans), intégrer une école de commerce post-bac (souvent moins sélective), ou passer par l’université pour tenter les concours parallèles.
Un investissement rentable uniquement pour certains profils
Le salaire moyen à la sortie d’une grande école de commerce est estimé à 41 103 euros par an en 2025. Pour un étudiant issu d’une prépa HEC privée haut de gamme, l’investissement peut être rentabilisé en 3 à 5 ans — à condition d’intégrer l’une des écoles les mieux classées.
Ginette affiche 100 % d’admis dans une grande école, Ipesup revendique des taux similaires. Dans les prépas publiques moyennes, le taux de réussite peut descendre à 30-40 %. À cette performance académique s’ajoute souvent la valeur du réseau : stages, premiers postes, évolution de carrière. Mais ces bénéfices restent inégalement répartis.
Prépas HEC : sélection par l’argent ?
Selon le parcours choisi, le coût d’une classe préparatoire économique et commerciale varie de 24 000 à plus de 73 000 euros. Le statut juridique de l’établissement (sous contrat ou hors contrat) a un impact majeur sur le coût final, bien plus que la localisation géographique.
Cette différenciation de l’accès à l’excellence interroge la méritocratie à la française. Alors que les effectifs augmentent, l’éducation d’élite devient de plus en plus assimilée à un produit d’investissement, réservé à ceux qui en ont les moyens. Face à cette tendance, le privé mise sur l’innovation pédagogique — technologies éducatives, suivi psychologique, coaching — pour justifier ses tarifs.
