Résumé Résumé
Trois semaines après son arrivée à Matignon, Sébastien Lecornu prépare un exercice d’équilibriste. Alors que la contestation sociale repart et que l’opposition menace d’une motion de censure, le Premier ministre veut envoyer un signal clair aux classes moyennes et populaires : le gouvernement réfléchit à une baisse ciblée des impôts pour les salariés. Objectif : calmer la rue, isoler les oppositions et rassembler une majorité autour du projet de budget 2026.
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Dans les couloirs de Matignon, l’heure est à la mise au point d’un « paquet pouvoir d’achat ». L’exécutif veut répondre à la fatigue des Français face à l’érosion de leur niveau de vie. Plusieurs pistes fiscales sont à l’étude, centrées sur les salariés à faibles et moyens revenus. Sans entrer dans les détails, l’entourage du Premier ministre évoque une logique de « mieux vivre de son travail », dans un contexte où le reste à vivre devient un critère politique aussi crucial que la croissance.
Pour ne pas laisser le terrain à la gauche, qui dénonce un budget trop peu redistributif, et au RN, qui capitalise sur la colère sociale, l’exécutif cherche une réponse mesurée mais visible. L’objectif est autant économique que politique : prouver que le gouvernement reste à l’écoute, sans sacrifier les équilibres budgétaires.
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Heures supplémentaires : une nouvelle niche en préparation
Parmi les leviers privilégiés, un renforcement de la défiscalisation des heures supplémentaires. Aujourd’hui limitées à 7 500 euros de rémunération nette par an, ces heures pourraient bientôt être exonérées de CSG. Une mesure qui augmenterait directement le gain net pour les salariés concernés, sans toucher au salaire brut.
Cette orientation vise en particulier les travailleurs aux horaires décalés, souvent oubliés des politiques fiscales classiques. Pour le gouvernement, l’enjeu est clair : cibler une mesure populaire, simple à comprendre, avec un effet immédiat sur les feuilles de paie. Reste à en évaluer le coût, dans un budget déjà contraint.
Impôt sur le revenu : un coup de pouce pour les petits foyers
Autre idée sur la table : alléger l’impôt sur le revenu des couples dont les salaires dépassent légèrement le SMIC. Ces ménages, souvent jeunes actifs ou familles en début de carrière, sont imposés dès qu’ils franchissent le bas du barème, sans pour autant bénéficier des dispositifs d’aide. L’exécutif envisage donc de réformer le mécanisme de la décote pour leur offrir une respiration fiscale.
Les foyers au SMIC, déjà non imposables, ne seraient pas concernés. Mais ceux juste au-dessus, souvent les plus exposés à la hausse des prix et aux dépenses contraintes, pourraient bénéficier d’un ajustement bienvenu. Une manière de corriger un angle mort fiscal, tout en soignant le discours sur la « justice sociale ».
Prime Macron : un retour aux exonérations
Le gouvernement songe aussi à relancer un dispositif emblématique : la prime de partage de la valeur, ex-prime Macron. Mise en place à la suite de la crise des Gilets jaunes, elle avait permis à six millions de salariés de toucher une prime défiscalisée. Mais depuis la suppression des exonérations en 2024, les versements ont fortement chuté.
Pour relancer la dynamique, Matignon envisage de rétablir les exonérations fiscales et sociales, notamment sur la CSG. Une décision qui permettrait aux entreprises de verser des primes avec un effet net renforcé, sans alourdir la fiche de paie ni peser sur les finances publiques.
Transmission de patrimoine : un geste en direction des jeunes
Autre piste explorée : faciliter la transmission anticipée du patrimoine. Le gouvernement étudie un assouplissement des règles de donation entre grands-parents et petits-enfants. Aujourd’hui, ces donations bénéficient d’un abattement de 31 865 euros tous les quinze ans. Trop peu, estime l’exécutif, dans un contexte où les jeunes peinent à s’installer et à accéder à la propriété.
Une révision de ce seuil, ou un élargissement du cadre fiscal, permettrait de fluidifier le transfert de richesse entre générations. Une façon aussi de répondre aux critiques sur l’inaction face à la montée des inégalités patrimoniales.