Résumé Résumé
- Prépas privées en médecine : un marché en pleine croissance
- Des tarifs très disparates selon les villes et les formules
- Stages de pré-rentrée : une offre intensive en plein essor
- Des outils pédagogiques toujours plus sophistiqués
- Un impact financier massif pour les familles
- L’endettement étudiant gagne du terrain
- Le tutorat universitaire : une alternative gratuite mais sous-estimée
Les études de médecine, en France, sont gratuites à l’université. Mais pour maximiser leurs chances de réussir l’entrée en filière santé, de plus en plus d’étudiants ont recours à des préparations privées. Ces structures sont devenues comme un passage presque obligé.
Prépas privées en médecine : un marché en pleine croissance
Le développement des prépas privées accompagne la transformation de l’accès aux études de santé, désormais structuré autour des parcours PASS (Parcours d’Accès Spécifique Santé) et LAS (Licences avec Accès Santé). Ces cursus sélectifs, exigeants, ont renforcé le sentiment de compétition chez les candidats. Les familles cherchent à maximiser les chances de réussite, même au prix d’un investissement conséquent.
Le marché des prépas privées s’est donc structuré, avec une offre de plus en plus diversifiée : formations annuelles, stages de pré-rentrée, accompagnement méthodologique, outils numériques, suivi individualisé. Cette montée en gamme s’est traduite par une hausse continue des tarifs, bien supérieure à l’inflation.
Exemples des tarifs pour les prépas médecine (PASS et LAS)
Tarifs observés pour les principales préparations privées aux études de santé, à Paris et en région.
Prépa | Formule | Durée | Tarif (€) | Localisation |
---|---|---|---|---|
Antémed Epsilon | PASS + Stage tremplin | Année + 2 sem. | 8 100 | Paris |
CPCM | PASS avec stage | 275 h | 7 200 | Paris |
Excosup | PASS | 180 h | 6 150 | Paris |
Cours Thalès | Terminale Santé | 122 h | 2 990 | Paris |
Medisup | Stage de pré-rentrée | 2 sem. | 1 750 | Paris |
Supexam Dijon | Stage intensif | 4 sem. | 2 000 | Dijon |
Écart de prix observé | 1 750 € → 8 100 € |
Des tarifs très disparates selon les villes et les formules
À Paris, les prix atteignent des niveaux particulièrement élevés. Antémed Epsilon facture 8 100 à 8 500 € pour une prépa PASS annuelle, selon la formule choisie. L’année préparatoire P0, destinée aux lycéens ou étudiants en reconversion, est affichée à 11 900 €. Les formules LAS tournent autour de 3 500 €. D’autres établissements parisiens comme CPCM, Excosup ou Cours Thalès proposent des tarifs allant de 6 000 à plus de 9 000 € selon les durées et les options retenues.
En région, les prix sont plus contenus, mais restent significatifs. Une prépa PASS coûte en moyenne 5 466 €, contre 6 818 € en Île-de-France. Pour une prépa LAS, l’écart est similaire : 3 830 € en province contre 4 850 € en région parisienne. Ce différentiel s’explique par le coût de la vie, le niveau de concurrence entre établissements, mais aussi le pouvoir d’achat local.
Stages de pré-rentrée : une offre intensive en plein essor
Au-delà des formations annuelles, les prépas proposent des stages intensifs durant l’été. Ces formations, de deux à quatre semaines, visent à préparer les étudiants avant l’entrée en PASS ou LAS. En Île-de-France, ces stages coûtent entre 1 200 € et 1 900 €. En province, les tarifs sont légèrement inférieurs, de 1 000 € à 1 600 € pour deux à quatre semaines.
Le contenu est généralement dense : 40 à 80 heures de cours, exercices de méthodologie, études encadrées, examens blancs. Cette préparation en amont est présentée comme un levier déterminant pour prendre de l’avance sur les cours universitaires dès la rentrée.
Des outils pédagogiques toujours plus sophistiqués
Les prépas investissent massivement dans les technologies numériques. Plateformes interactives, classes virtuelles, QCM chronométrés, analyses statistiques des réponses, tutorat en ligne : ces dispositifs cherchent à reproduire les conditions réelles d’examen tout en personnalisant les parcours.
Certaines structures mettent en avant la richesse de leur banque de QCM (jusqu’à 10 000 questions), la qualité de leurs supports (cours rédigés, fiches, vidéos), ou encore l’accessibilité de leurs locaux (salles de travail ouvertes 7j/7). Ces outils, intégrés aux offres haut de gamme, contribuent à justifier des tarifs souvent proches de 10 000 € pour une année complète.
Un impact financier massif pour les familles
Le coût global d’une rentrée universitaire pour un étudiant en PASS avec prépa privée atteint 9 507 € en moyenne, selon une enquête 2025. Sans prépa, ce coût tombe à 3 184 € pour les étudiants bénéficiant du tutorat universitaire. L’écart dépasse donc 6 300 €.
Pour les étudiants en LAS, les chiffres sont similaires : 7 440 € avec prépa privée contre 3 118 € avec tutorat, soit un écart de plus de 4 300 €. Ces montants incluent les frais de formation, mais aussi le logement, les transports, la nourriture et les outils pédagogiques.
En parallèle, les tarifs des prépas augmentent régulièrement. En région, la hausse annuelle moyenne est estimée à 9,5 %, bien au-delà de l’inflation générale. À cela s’ajoutent des frais indirects : déplacements (50 à 150 € par mois), matériel complémentaire (200 à 500 € par an), options premium comme le coaching mental ou les stages additionnels (jusqu’à 1 000 € supplémentaires).
L’endettement étudiant gagne du terrain
Pour faire face à ces charges, certaines familles ont recours à l’endettement. Des prêts étudiants spécialisés existent, avec des taux réduits et des facilités de remboursement différé. Mais ils restent peu utilisés, en raison d’une méconnaissance du dispositif ou d’une réticence culturelle à s’endetter pour les études.
Quelques prépas proposent des paiements échelonnés (jusqu’à 10 fois sans frais), mais cela ne change rien à l’effort global. La pression financière est souvent ressentie comme une obligation : ne pas s’inscrire en prépa est parfois perçu comme un risque trop grand à prendre, dans un contexte de sélection jugée sévère.
Le tutorat universitaire : une alternative gratuite mais sous-estimée
Face aux prépas privées, les universités proposent un tutorat gratuit encadré par des étudiants des années supérieures. Ces dispositifs, présents dans la quasi-totalité des facultés de médecine, offrent des cours, des concours blancs, des séances de révision et un suivi individualisé. L’inscription est gratuite, parfois symboliquement tarifée à 5 ou 10 €.
À Paris, des structures comme A2SUP (Université Paris Cité) ou le Tutorat Santé PSA (Sorbonne Université) mobilisent plusieurs centaines de tuteurs. Les étudiants bénéficient d’examens blancs hebdomadaires, de milliers de QCMs, de forums de questions-réponses et d’un accompagnement régulier.
La force du tutorat repose sur son alignement avec les programmes universitaires, puisque les tuteurs ont eux-mêmes réussi les épreuves récemment. Son efficacité est largement reconnue : 95 % des étudiants ayant utilisé le tutorat se déclarent satisfaits.
Mais ce modèle présente aussi des limites. Le suivi est moins personnalisé que dans une prépa privée, faute de moyens. Et le manque de communication sur ces dispositifs gratuits freine parfois leur utilisation. De nombreux étudiants cumulent d’ailleurs prépa privée et tutorat.