Résumé Résumé
C’est donc officiel : à partir de janvier 2026, la SNCF offrira une nouvelle « expérience de voyage premium » avec sa classe Optimum, et son extension ultra-élitiste Optimum Plus sur la ligne Paris-Lyon. Service à la place, hôte personnel, vaisselle en porcelaine… Le tout, sous prétexte d’« excellence », mais à quel prix ? Et surtout, pour qui ?
Une classe Optimum pensée pour une élite professionnelle
Pendant que la majorité des usagers subit retards, rames bondées, suppression de trains et hausse des tarifs, la compagnie nationale choisit de soigner une infime minorité de clients prêts à dégainer leur carte Gold — ou plus probablement la carte bancaire de leur entreprise. On nous parle d’un « soutien rapide et personnalisé avant, pendant et après le voyage »… mais uniquement si vous pouvez payer pour. Quant aux autres, qu’ils continuent à patienter 20 minutes au téléphone ou à faire la queue au wagon-bar pour un sandwich sous vide.
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SNCF : des prix illisibles, des voyageurs à bout
Ce virage assumé vers une segmentation à la sauce business class aérienne n’a rien d’un progrès. C’est un choix politique. La SNCF n’a jamais été qu’une entreprise de transport : elle est aussi un service public, financé indirectement par les contribuables. Offrir à tous un accès égalitaire à la mobilité, voilà ce qui devrait rester son cœur de mission. Au lieu de cela, elle approfondit la fracture ferroviaire : pendant que certains voyageront en porcelaine, d’autres s’entasseront debout dans des rames sans climatisation.
La fracture ferroviaire se creuse, loin des priorités
L’obsession de la « montée en gamme » masque mal la réalité : la SNCF fait le pari cynique d’une clientèle à deux vitesses. Ceux qui voyagent par nécessité seront relégués au rang d’utilisateurs à rentabiliser, pendant que ceux qui voyagent par confort deviendront les véritables « clients » du rail.
Ironie ultime : c’est sur la ligne Paris-Lyon — déjà ultra-rentable — que la SNCF lance son offre la plus luxueuse. Comme si c’était là que se situait l’urgence. Pendant ce temps, les petites lignes ferment, les correspondances en zones rurales se raréfient, et les usagers du quotidien se résignent à une expérience de plus en plus dégradée. Mais qui s’en soucie, tant que les verres de Chardonnay coulent à flot entre Part-Dieu et Gare de Lyon ?
Ce n’est pas d’un hôte dédié qu’a besoin la SNCF, mais d’un rappel à sa mission fondamentale : relier tous les territoires, pas seulement les premiers de cordée. En misant sur l’élitisme ferroviaire, elle tourne le dos à l’égalité d’accès au transport et consacre une logique purement marchande. Une politique sur les rails… du mépris.