Résumé Résumé
La France insoumise joue gros. En propulsant Sophia Chikirou en tête de sa liste pour les municipales de 2026 à Paris, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon fait un choix clair : rester fidèle à sa ligne. Mais cette obstination pourrait coûter cher à la gauche. Fragmentée, divisée, sans perspective d’union au premier tour, elle laisse à la droite un boulevard. Dans ce contexte, la victoire de Rachida Dati devient une hypothèse de plus en plus crédible.
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Chikirou, c’est l’incarnation pure et dure de la ligne mélenchoniste. Depuis plus de dix ans, elle fait partie du premier cercle. Elle a façonné la communication du leader de LFI, dirigé sa campagne de 2017, fondé Le Média et bâti une stratégie d’influence numérique pensée pour durer. Élue et réélue dans l’est parisien, elle s’est ancrée dans les quartiers populaires de la capitale. Sa candidature est logique, cohérente, mais peu rassembleuse. Elle conforte l’électorat insoumis, sans ouvrir vers le reste de la gauche.
Quatre listes à gauche, une à droite
La gauche part en ordre dispersé. LFI, EELV, PS et PCF se présentent séparément. Rien à voir avec l’union victorieuse de 2020 autour d’Anne Hidalgo. Aucun accord à l’horizon, les désaccords sur la gestion de la ville et la transition écologique persistent. Pendant ce temps, la droite affine sa stratégie. Rachida Dati, candidate officielle des Républicains, est donnée en tête dans les sondages. Elle peut compter sur des soutiens solides : Pierre-Yves Bournazel, Francis Szpiner, et une droite locale rassemblée. Cette configuration lui donne un net avantage en cas de triangulaire.
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Un programme qui cible les quartiers populaires
Sur le fond, Sophia Chikirou déroule le programme classique de LFI appliqué à l’échelle municipale : réquisition de logements vacants, construction massive de logements sociaux, développement des mobilités douces, équipements publics renforcés dans les arrondissements périphériques. Elle promet un rééquilibrage des ressources entre l’est et l’ouest de Paris, et une approche différente de la sécurité, fondée sur la prévention et la médiation. Mais cette ligne radicale convainc peu au-delà du socle insoumis. L’électorat centriste, modéré, pourrait fuir.
Un maintien au second tour qui favorise Dati
À ce stade, Chikirou est créditée de 10 % des intentions de vote. Ce score suffirait pour se maintenir au second tour. Si aucun accord n’est trouvé entre les forces de gauche, la triangulaire devient un scénario plausible. Dans ce cas, la droite rassemblée bénéficierait mécaniquement de la division adverse. L’hypothèse d’un basculement de la mairie de Paris devient crédible.
Chikirou reste sous le coup d’une mise en examen pour escroquerie aggravée dans le cadre des comptes de campagne de 2017. Elle dénonce une instrumentalisation politique. Mais cette affaire, même marginale pour l’électorat militant, peut peser lourd chez les indécis. En pleine campagne, l’exposition médiatique d’un dossier judiciaire peut rapidement devenir un handicap électoral.