Résumé Résumé
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou s’est retrouvé vendredi presque seul à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies. Plus des deux tiers des délégations avaient quitté la salle, certaines, dont l’Espagne, ne s’y étant même pas présentées. Ce boycott massif, coordonné par plusieurs pays européens, visait à marquer une désapprobation claire de la politique israélienne à Gaza. Malgré les huées et les applaudissements ironiques de certains diplomates restés sur place, Netanyahou a poursuivi son discours, seul contre tous, dans un ton offensif.
Conflit à Gaza et pressions internationales croissantes
Cette prise de parole intervient alors qu’Israël est confronté à une pression diplomatique sans précédent. Depuis deux ans, le conflit dans la bande de Gaza a fait plus de 65 000 morts, selon l’Autorité palestinienne, et environ 220 000 victimes au total. Plusieurs organisations internationales, dont une commission indépendante du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, accusent Israël de crimes de guerre, voire de génocide. Parallèlement, une dizaine de pays ont récemment reconnu l’État de Palestine, accentuant l’isolement du gouvernement israélien.
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Benyamin Netanyahou a choisi de répondre avec fermeté. Il a affirmé que l’armée israélienne « anéantira le Hamas » et a rejeté catégoriquement toute idée de création d’un État palestinien, qu’il a comparée à « donner un État à Al-Qaïda après le 11 septembre ». Qualifiant la reconnaissance de la Palestine par certains pays comme « une honte indélébile », il a directement ciblé la France, le Royaume-Uni et le Canada.
Refusant les accusations de génocide, il a assuré qu’Israël avait livré « deux millions de tonnes de nourriture » à Gaza, soit « 3 000 calories par jour et par habitant ». Il a accusé le Hamas d’avoir détourné 80 % de l’aide humanitaire pour financer ses opérations. Il a également défendu le bilan humain des frappes israéliennes, affirmant que le taux de victimes civiles était « l’un des plus bas », avec un ratio de « deux pour un », inférieur selon lui à celui enregistré en Afghanistan.
Un appel aux otages
Netanyahou s’est également adressé aux otages israéliens retenus par le Hamas, au nombre de 48 selon les autorités, dont une vingtaine seraient encore en vie. Il a déclaré que la guerre pourrait « prendre fin immédiatement » si ces otages étaient libérés. Une déclaration difficilement conciliable avec sa promesse de « finir le travail » contre le Hamas, dans une guerre qu’il présente comme bénéfique au « monde civilisé ».
Décrivant Israël comme le rempart contre la barbarie islamiste, il a élargi le champ de bataille à six autres fronts : le Hezbollah au Liban, les rebelles houthis au Yémen, les milices en Irak, et surtout l’Iran, présenté comme l’ennemi principal. Selon lui, Israël « fait le sale boulot » pour le reste du monde.
Le recours à la mémoire de la Shoah
Pour contrer les accusations de crimes contre l’humanité, Netanyahou a de nouveau invoqué l’histoire de la Shoah. « Un pays qui commet un génocide demanderait-il à la population civile d’évacuer les zones de combat ? Les nazis ont-ils demandé aux Juifs de partir ? », a-t-il lancé. Il a insisté sur le fait qu’Israël avait envoyé des milliers de tracts et de messages d’alerte aux habitants de Gaza avant les bombardements. Une défense régulièrement mise en doute par les organisations humanitaires présentes sur le terrain.
Le départ massif des délégations a envoyé un signal politique fort. Sans déclarations tonitruantes ni sanctions immédiates, plusieurs pays ont choisi de manifester leur rejet par l’absence. Une réponse silencieuse mais éloquente à la stratégie de confrontation affichée par Netanyahou. La France, l’Espagne, l’Irlande et plusieurs autres États européens ont ainsi voulu marquer une rupture avec une politique jugée incompatible avec le droit international.
Éviter l’espace aérien français et espagnol
Netanyahou n’a pas évoqué explicitement le mandat d’arrêt requis contre lui par la Cour pénale internationale, mais son itinéraire a dû être modifié pour éviter l’espace aérien français et espagnol. Ce détail souligne l’ampleur des tensions diplomatiques actuelles. En dénonçant l’hypocrisie de ceux qui « ont abandonné Israël quand la situation est devenue difficile », il a clairement visé plusieurs de ses alliés historiques.
Le Premier ministre israélien a annoncé qu’il s’exprimera officiellement sur la reconnaissance de la Palestine à son retour en Israël, après une réunion prévue à Washington avec Donald Trump. Certains analystes estiment que cette réponse pourrait prendre la forme d’une annexion de facto de la Cisjordanie, déjà largement colonisée. Une telle décision signerait la fin de toute perspective réaliste de solution à deux États.
Donald Trump, de son côté, aurait assuré à des dirigeants arabes qu’il s’opposerait à cette option. Mais l’influence croissante du sionisme chrétien au sein du Parti républicain, ainsi que le soutien indéfectible de certaines franges de la diaspora juive américaine, pourraient pousser l’administration Trump à appuyer le projet de Netanyahou.
Un soutien américain qui masque difficilement l’isolement
Alors qu’Israël se retrouve de plus en plus isolé dans les enceintes multilatérales, Netanyahou continue de miser sur son alliance stratégique avec les États-Unis. Le soutien d’une partie importante de la communauté juive américaine et des évangéliques constitue un contrepoids partiel à la dégradation de son image internationale. L’ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, nie l’existence même de la Cisjordanie, utilisant les appellations bibliques de « Judée et Samarie », reprises par Netanyahou dans son discours.