Un méga parc éolien va transformer la Normandie

Avec Centre Manche 2, TotalEnergies lance un projet éolien hors norme, capable d’alimenter un million de foyers. Une nouvelle étape vers la transition.

Résumé Résumé

C’est une première, et elle est de taille. TotalEnergies a été désignée le 24 septembre pour développer Centre Manche 2, un parc éolien en mer posé de 1 500 MW au large de la Normandie. Un projet à 4,5 milliards d’euros, qui marque l’arrivée en force du géant français dans l’éolien offshore, face à un secteur jusqu’ici dominé par EDF et quelques spécialistes européens.

TotalEnergies désignée pour développer Centre Manche 2

L’appel d’offres AO8, lancé en 2022, a départagé sept candidats. Le consortium Cotentin Energies Marines, formé par TotalEnergies et l’allemand RWE, a été retenu par le ministère de l’Industrie. Le choix a été validé après évaluation de la Commission de régulation de l’énergie, sur des critères techniques et financiers. Le projet s’installe dans une zone bien identifiée : à plus de 40 km des côtes normandes, non loin du site de Centre Manche 1, déjà attribué.

A LIRE AUSSI
En Aveyron, un projet solaire unique en son genre

Un projet éolien géant au large des côtes normandes

Ce nouveau parc produira environ 6 TWh d’électricité par an. De quoi alimenter plus d’un million de foyers. Le tarif proposé s’élève à 66 €/MWh. Un prix qui reste dans la moyenne basse des projets européens récents, malgré l’inflation des coûts.

Sauf que depuis l’évaluation des offres, les choses ont changé. RWE a décidé de se retirer, sans attendre l’annonce officielle. Le groupe allemand revoit sa stratégie sur le marché français, après plusieurs déconvenues. TotalEnergies poursuivra donc seule l’aventure. L’entreprise a confirmé vouloir s’associer à un nouveau partenaire, mais sans remettre en cause le calendrier : décision finale d’investissement début 2029, mise en service prévue en 2033.

A LIRE AUSSI
Troyes : l’usine TAP veut bousculer les géants du déchet

Un chantier XXL pour l’emploi et l’industrie locale

Ce projet est le plus gros investissement industriel de TotalEnergies en France depuis trente ans. Une manière de se positionner durablement dans l’éolien posé, alors que l’entreprise est déjà présente sur le flottant dans d’autres pays. Le signal est clair : le groupe parie sur l’éolien en mer comme pilier de sa transition énergétique.

Le gouvernement a encadré ce type de projet avec des exigences économiques et sociales. Pour Centre Manche 2, 500 000 heures de formation sont prévues, dont 300 000 en apprentissage et 200 000 en insertion. En phase de construction, le chantier mobilisera jusqu’à 2 500 personnes sur trois ans. Un dispositif de financement participatif sera proposé, à hauteur de 10 millions d’euros, ouvert aux habitants et collectivités normandes.

A LIRE AUSSI
Genevilliers s’apprête à accueillir 50 000 tonnes de déchets

Côté industriel, le consortium affiche sa volonté d’ancrer le projet en Europe. Les éoliennes, les câbles et d’autres composants devraient être produits dans l’Union. Un choix stratégique dans un contexte de tensions sur les chaînes d’approvisionnement et de relocalisation industrielle. La Normandie, déjà dotée d’un écosystème offshore structuré, devrait en profiter. Le Campus Normandie Éolien, les ports de Cherbourg et du Havre, les PME locales : tous les ingrédients sont là pour dérouler une filière solide.

L’éolien en mer, nouveau pilier énergétique français

Ce succès tranche avec l’échec d’AO7, un appel d’offres lancé en parallèle pour un projet au large de l’île d’Oléron. Aucun candidat ne s’est manifesté. Le ministère parle de difficultés spécifiques liées à la zone Sud-Atlantique, où les contraintes environnementales et l’opposition locale pèsent plus lourd.

Centre Manche 2 renforce la trajectoire engagée par la France sur l’éolien en mer. Après les trois projets flottants attribués en 2024 en Méditerranée et en Bretagne sud, et les mises en service en cours à Yeu-Noirmoutier, la barre des 5 GW attribués a été franchie cette année. Avec AO8, le total atteint 7,8 GW, en incluant les projets en service, en chantier ou encore en développement.

D’ici 2035, l’objectif est fixé à 18 GW, pour monter à 45 GW en 2050. Ce cap placerait l’éolien en mer au deuxième rang des sources d’électricité en France, derrière le nucléaire. Pour TotalEnergies, c’est un marché stratégique. Pour l’État, c’est un test industriel grandeur nature.



L'Essentiel de l'Éco est un média indépendant. Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités :

Publiez un commentaire

Publier un commentaire