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Le mythique bonbon à la réglisse pourrait bientôt retrouver les rayons. Après neuf mois d’absence, la marque Cachou Lajaunie, détenue par le groupe Perfetti Van Melle, fait l’objet d’un projet de reprise porté par un entrepreneur de l’Hérault. Des discussions sont en cours.
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En 2023, le groupe italo-néerlandais Perfetti Van Melle rachète le pôle confiserie de Mondelez pour 1,35 milliard de dollars, incluant la marque Cachou Lajaunie. Peu après, la production est arrêtée, officiellement en raison d’une baisse de la demande. Chaque mois, 14 tonnes de pastilles étaient alors fabriquées par trois salariés dans l’usine Mondelez de Toulouse. La nouvelle passe d’abord inaperçue.
La disparition du produit finit pourtant par susciter une vive réaction. Une pétition lancée par un étudiant toulousain recueille rapidement des dizaines de milliers de signatures. En parallèle, Rémy Groussard, dirigeant de la PME Tonton Pierrot, multiplie les appels à relancer la production. La médiatisation de son projet pousse Perfetti Van Melle à entamer des échanges avec lui.
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Rémy Groussard, un repreneur au profil solide
À 28 ans, Rémy Groussard dirige l’entreprise familiale Bonbec Show, connue sous la marque Tonton Pierrot. Installée depuis 1995 à Graissessac, dans l’Hérault, cette PME a quitté le stade artisanal pour devenir un acteur reconnu sur le marché européen de la confiserie.
Avec un chiffre d’affaires de 7 millions d’euros en 2023, l’entreprise propose aujourd’hui 60 références de bonbons, toutes garanties sans gluten, sans OGM et sans parabène. Ses produits sont distribués dans 25 pays, via plus de 60 000 points de vente. Trois antennes à l’international – en Espagne, en Allemagne et en Bulgarie – soutiennent cette croissance.
Tonton Pierrot dispose déjà des infrastructures nécessaires pour accueillir une nouvelle ligne de production. Un espace de 3 500 m² est prêt à être mobilisé. Ne manque que l’accord du groupe propriétaire pour relancer Cachou Lajaunie.
Une marque patrimoniale au parcours mouvementé
Créée en 1880 par un pharmacien toulousain, la pastille à la réglisse et au cachou est devenue au fil des décennies une référence du patrimoine sucré français. Sa boîte jaune et noire est familière aux générations successives. Mais la marque a connu de nombreux changements de mains.
Initialement propriété du laboratoire Pierre Fabre, elle est rachetée par le groupe américain Warner-Lambert, puis intègre l’empire Kraft en 2010. Mondelez en hérite ensuite, avant de céder l’ensemble de son activité confiserie, dont Cachou Lajaunie, à Perfetti Van Melle. Ce dernier est notamment connu pour les marques Chupa Chups et Mentos.
Mobilisation populaire et pression d’image
C’est la mobilisation spontanée d’un jeune internaute qui fait éclater l’affaire. Attristé par la disparition de la marque, il lance une pétition en ligne. Le succès est immédiat : plus de 11 000 signatures en trois jours, plus de 48 000 à ce jour. Ce sursaut populaire, relayé par les médias locaux et nationaux, rappelle l’attachement fort des consommateurs à certaines marques historiques.
Dans ce contexte, la médiatisation agit comme un levier. Selon Rémy Groussard, le coût d’image pour le groupe propriétaire pourrait peser dans la balance. En relançant la marque via un partenaire français, Perfetti Van Melle pourrait transformer un épisode négatif en opportunité de communication.
Un marché favorable aux confiseries régionales
Paradoxalement, l’arrêt de Cachou Lajaunie intervient dans un contexte de croissance pour les spécialités sucrées régionales. En 2024, les ventes de réglisses et cachous ont progressé de 8,3 % en France. Les petites structures, souvent familiales, résistent mieux que prévu. Les artisans-confiseurs de moins de 10 salariés captent 15 % du marché. Les PME, qui représentent 57 % des entreprises du secteur, tiennent tête à la concentration industrielle.
En parallèle, les restructurations se multiplient. L’usine LU de Château-Thierry, appartenant à Mondelez, fermera ses portes fin 2025, supprimant 61 postes. La CGT parle d’une « année record » en matière de défaillances industrielles. Dans ce paysage, les PME dynamiques apparaissent comme des acteurs de stabilisation.