L’amour est dans le pré, un business très lucratif

M6 capitalise sur L’amour est dans le pré, un programme au modèle économique redoutable. Entre pub, streaming et circuits courts, l’écosystème est florissant.

Résumé Résumé

L’amour est dans le pré est l’un des programmes les plus rentables de M6. Porté par une audience fidèle, il génère chaque année des millions d’euros de revenus publicitaires. Autour de l’émission, un écosystème économique s’est structuré, touchant la production, la distribution, le streaming, et jusqu’à certains agriculteurs. Derrière le divertissement, un modèle économique imparable.

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Un poids lourd de la publicité pour M6

À l’antenne depuis 2005, L’amour est dans le pré reste l’un des créneaux les plus rentables de la télévision française. Chaque semaine, les écrans publicitaires diffusés en prime time s’arrachent à des tarifs élevés. Selon les données du marché publicitaire télévisuel, les spots en prime time peuvent atteindre des montants significatifs, particulièrement lors des créneaux les plus prisés de l’émission. En access prime time, les prix demeurent soutenus, reflétant l’attractivité constante du programme.

Ces montants s’expliquent par une audience particulièrement attractive pour les annonceurs. La saison 20, lancée en septembre 2025, affiche 29,7 % de part d’audience sur la cible FRDA-50 (femmes responsables des achats de moins de 50 ans) et 24,8 % chez les 25-49 ans. Deux segments clés pour les marques de grande consommation.

Dans un contexte de baisse globale du marché publicitaire — M6 a enregistré un recul de 1,8 % de ses revenus publicitaires vidéo au premier semestre 2025, à 450,1 millions d’euros — l’émission fait figure de valeur refuge. Sa stabilité d’audience et la fidélité de son public en font un pilier de la stratégie commerciale du groupe.

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Une croissance soutenue par le streaming

Le succès de L’amour est dans le pré se prolonge sur la plateforme M6+, qui voit ses revenus publicitaires progresser de 35 % entre 2024 et 2025. Elle représente désormais 11,6 % du chiffre d’affaires vidéo du groupe, contre 8,4 % un an plus tôt. Le programme y joue un rôle central, enregistrant des performances remarquables en replay avec des records historiques d’audience à J+7.

M6 tire également parti de formats hybrides comme les écrans « Puissance 6 », qui combinent diffusion linéaire et replay IPTV. Ces nouveaux formats permettent d’élargir l’audience globale de certains programmes, contribuant ainsi à renforcer l’attractivité du catalogue tout en générant des revenus publicitaires complémentaires.

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Une production à coûts optimisés

Derrière cette rentabilité, la production du programme s’appuie sur un modèle économique particulièrement maîtrisé. Contrairement à d’autres formats de téléréalité, les agriculteurs ne sont pas rémunérés. La production prend uniquement en charge les frais liés aux premières rencontres : 200 euros par participant pour accueillir trois prétendants pendant cinq jours, ainsi que les frais de transport.

Les speed-datings, organisés en région parisienne, incluent l’hébergement, le transport et les activités de groupe. En revanche, les sorties supplémentaires — restaurants, spas, karaokés — restent à la charge des candidats. Un choix assumé par la production, qui vise à montrer une image réaliste du mode de vie des agriculteurs.

Le programme est produit par Fremantle, filiale du groupe RTL, également actionnaire de M6. Cette intégration permet une sécurisation des droits par des contrats pluriannuels, garantissant la continuité du format. Fremantle bénéficie en outre des revenus issus de la vente du format à l’étranger, où plusieurs versions locales sont diffusées.

Des retombées variables pour les agriculteurs

Si certains participants parviennent à transformer leur passage dans l’émission en levier de croissance économique, les résultats restent contrastés et fragiles face aux aléas du secteur agricole.

Pierre et Frédérique, candidats de la saison 7, avaient initialement vu leurs ventes d’armagnac grimper de 50 % après l’émission. Ils ont déposé la marque « L’armagnac est dans le pré » et ouvert une maison d’hôtes. Cependant, leur exploitation traverse actuellement une crise financière sévère, illustrant la fragilité économique du secteur agricole, avec une récolte quasi inexistante en 2024.

Brice, saunier découvert lors de la saison 19, a constaté une hausse de 10 à 20 % de ses ventes, lui permettant de réduire son temps de travail sans perte de revenus. Claire, participante de la saison 10, a renommé sa gamme de produits « L’amour est dans le pot » et connu des ruptures de stock lors du Salon de l’agriculture, avant d’être confrontée à de nouvelles difficultés.

L’exposition médiatique permet parfois d’attirer de nouveaux clients ou de diversifier l’activité, mais ces effets restent fragiles et inégaux, dépendant à la fois de la personnalité des candidats, de leur capacité à structurer une offre commerciale et des contraintes structurelles du monde agricole.

Un écosystème commercial parallèle en expansion

Le succès de l’émission a favorisé l’émergence d’activités annexes. Pendant la pandémie, des anciens participants ont lancé l’ADP Tour, une série de marchés itinérants permettant aux agriculteurs de vendre directement leurs produits. Ces événements attirent des centaines de visiteurs et renforcent la notoriété des producteurs locaux, créant une dynamique économique parallèle.

M6 a également structuré des partenariats avec la grande distribution. En février 2025, Karine Le Marchand a lancé le label « L’amour est tout près » en collaboration avec plusieurs enseignes. Ce dispositif permet à des agriculteurs en difficulté, employés à moins de deux équivalents temps plein, de commercialiser leurs produits en circuit court, avec un appui logistique fourni par les distributeurs.

La Région Sud a notamment organisé un événement à Marseille autour de ce label en avril 2025, illustrant l’ancrage croissant de l’émission dans les politiques de développement économique local.

Mutation du marché publicitaire télévisuel

La digitalisation du programme permet à M6 de renforcer sa monétisation tout en élargissant ses formats publicitaires. Les revenus OTT (over-the-top) issus de M6+ ont atteint 63,8 millions d’euros sur les neuf premiers mois de 2024, en hausse de 35 %. Cette croissance se poursuit en 2025, avec des annonceurs qui profitent d’un ciblage plus fin grâce aux données utilisateurs, tout en accédant à des formats plus flexibles.

M6 a également développé une intelligence artificielle baptisée « Cé6lia », en partenariat avec OpenAI et basée sur ChatGPT 3.5. Cette IA modélise en temps réel la valeur des audiences et recommande des stratégies d’investissement cross-média. L’outil s’inscrit dans une stratégie d’optimisation de la performance publicitaire à l’ère numérique.

La chaîne anticipe par ailleurs un basculement progressif du format publicitaire de référence : le spot de 30 secondes cède peu à peu la place à un format de 20 secondes, plus adapté aux usages digitaux. L’amour est dans le pré, en tant que contenu premium, accompagne cette mutation du marché publicitaire télévisuel.



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