Le groupe TAP pose une brique de plus dans sa stratégie industrielle. Et pas n’importe laquelle : une usine automatisée, à La Chapelle-Saint-Luc, près de Troyes. Montant de l’investissement : 7 millions d’euros. Objectif : bâtir un modèle reproductible dans le traitement des déchets. D’ici fin 2026, le site doit sortir de terre et tourner à plein régime. Une première en Europe, assure le groupe.
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Derrière l’annonce, un changement d’échelle. Sur 16 000 m² de terrain, 3 000 m² seront consacrés à la production, à la maintenance et à la réparation de bennes et conteneurs à déchets. Le tout piloté par des robots, des cabines de peinture automatisées, une ligne de transitique et des systèmes de contrôle dernier cri. L’immobilier absorbe 2,5 millions d’euros. Les équipements, 4,5. TAP n’a pas lésiné.
Un investissement de 7 M€ soutenu localement
L’appui est local : la Région Grand Est, la métropole de Troyes, la ville de La Chapelle-Saint-Luc et Business Sud Champagne sont à bord. TAP ne cache pas son intention : faire de ce site un démonstrateur pour essaimer ailleurs. En France d’abord, en Europe ensuite.
Ce n’est pas un coup isolé. Depuis près de vingt ans, TAP trace sa route dans l’industrie du déchet, à coups de rachats ciblés et d’extensions de sites. Le groupe pèse aujourd’hui 114 millions d’euros de chiffre d’affaires, avec une vingtaine d’entités, neuf usines et quelque 500 salariés. En début d’année, il a remis sur pied le site Oxytemps 10, alors en liquidation. Les 24 salariés ont été gardés. L’expertise en tôlerie fine est venue enrichir le savoir-faire du groupe. Résultat : TAP fabrique désormais 2 500 bennes par an et se hisse parmi les leaders français du secteur.
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La localisation à Troyes n’a rien d’un hasard. L’Île-de-France et le Nord sont dans le viseur. L’idée : rapprocher la production des grands pôles de demande. Gagner du temps. Réduire les coûts logistiques. Et étoffer un réseau industriel déjà bien ancré dans le Jura. Le groupe veut dupliquer ce schéma ailleurs, toujours avec cette logique de proximité et de modularité.
Un modèle industriel durable
Derrière les murs de cette usine, c’est un autre modèle qui se dessine. Celui d’un service global, où la vente de bennes laisse place à la location, à la mutualisation, à la polyvalence. Un modèle inspiré de l’automobile, avec des équipements plus durables, mieux entretenus, moins gourmands en CO₂. Une production souple, ajustable, conçue pour les nouveaux usages des collectivités et opérateurs privés.
TAP vise les poids lourds. Veolia, Suez, Paprec, Derichebourg… Des géants aux structures lourdes, parfois peu agiles. TAP, lui, joue la carte inverse : agilité, ancrage local, innovation. Une posture de trublion, qui veut bousculer l’ordre établi.
L’usine de La Chapelle-Saint-Luc n’est pas un point d’arrivée, mais un point de départ. TAP veut prouver que son modèle tient la route. Le dupliquer. L’adapter. Et s’imposer, pas à pas, comme un acteur central de l’industrie du déchet en Europe.