Résumé Résumé
Finary ne fait pas partie des startups les plus visibles de la French Tech. Son nom est rarement cité aux côtés des licornes françaises. Pourtant, son fondateur, Mounir Laggoune, attire l’attention. Il est reconnu dans la rue, interrogé sur ses conseils d’investissement, interpellé sur ses vidéos. À 35 ans, il dirige une application de gestion de patrimoine qui a levé 25 millions d’euros en septembre 2025 lors d’une série B menée par PayPal Ventures. Cette levée de fonds n’explique pas sa notoriété. C’est YouTube qui a changé la trajectoire de l’entreprise.
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Une chaîne YouTube à forte audience
La chaîne YouTube de Mounir Laggoune est dédiée à l’éducation financière. En décembre 2024, elle dépasse les 500 000 abonnés. Elle enregistre aujourd’hui 10 millions de vues par mois. La production est régulière : deux vidéos par semaine, diffusées sans publicité payante. Les contenus sont conçus pour être accessibles sans sacrifier la précision. Le format s’adresse à un public large, mais informé.
Ce canal est devenu le principal moteur de croissance de Finary. L’entreprise ne dépense rien en acquisition payante. Les revenus générés par la chaîne couvrent les frais de production et permettent d’attirer des utilisateurs qualifiés. Ce modèle réduit les coûts marketing tout en maintenant un flux constant de nouveaux clients. Il reste peu répandu dans la fintech, où la publicité représente souvent une part importante des dépenses.
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Un objectif : rendre la finance compréhensible
Finary s’adresse à un public qui cherche à mieux comprendre la gestion de son argent. Laggoune considère que le supposé désintérêt des Français pour les questions financières est largement exagéré. Selon lui, c’est le manque de pédagogie qui freine l’accès à ces sujets.
Ses contenus visent à combler ce manque. Ils s’inscrivent dans une démarche plus large : améliorer l’éducation financière. Cette stratégie repose sur plusieurs canaux. Outre la chaîne YouTube, Laggoune publie régulièrement sur LinkedIn, où il figure parmi les profils les plus suivis. Il a également publié un livre, Investir pour être libre, écoulé à plus de 50 000 exemplaires.
Le contenu au service du produit
Finary ne sépare pas ses activités éditoriales de son produit. La chaîne YouTube alimente la notoriété, génère du trafic qualifié et facilite la conversion en abonnés. En 2024, l’entreprise atteint la rentabilité avec un revenu annuel récurrent (ARR) de 6,5 millions d’euros, en hausse de 340 % sur un an. Elle revendique aujourd’hui 600 000 utilisateurs, dont 50 000 abonnés payants. Ces derniers représentent 80 % du chiffre d’affaires.
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Cette croissance repose sur une stratégie différente de celle adoptée par la majorité des fintechs. Finary ne mise pas sur l’accélération rapide financée par des campagnes publicitaires. Elle privilégie un développement progressif, maîtrisé, fondé sur la qualité du contenu et la rétention des utilisateurs.
Un parcours entre la France et les États-Unis
Mounir Laggoune est diplômé de l’Essec. Il commence sa carrière en France mais affine son projet aux États-Unis, où il passe par l’accélérateur Y Combinator à San Francisco. À son retour à Paris, il cofonde Finary avec Julien Blancher, ancien de Recast.AI. Ensemble, ils conçoivent une plateforme qui centralise les données bancaires, l’épargne, les investissements et d’autres types d’actifs, dans un outil unique.
L’application vise à simplifier la gestion patrimoniale. Elle permet aux utilisateurs d’avoir une vision complète de leur situation financière et de suivre leurs objectifs. Le parcours client est pensé comme un accompagnement continu.
Une levée de fonds pour accélérer l’expansion
En septembre 2025, Finary lève 25 millions d’euros auprès de PayPal Ventures, avec la participation de LocalGlobe, Shapers et Hedosophia. Ce financement doit permettre d’accélérer le développement de l’entreprise. Il servira à recruter, à renforcer l’offre produit et à étendre la présence de Finary en Europe. L’entreprise cible en priorité le Royaume-Uni, l’Allemagne et la Suisse.
Contrairement à d’autres startups, cette levée de fonds n’est pas destinée à couvrir des pertes. Finary est rentable. Elle lève des fonds pour soutenir sa croissance, pas pour prolonger sa survie. Ce point constitue un avantage dans un contexte de resserrement des financements.
Développement de l’intelligence artificielle
L’entreprise prépare également de nouveaux services : assurance-vie, plan d’épargne retraite, gestion libre, PEA, CTO, ainsi qu’une offre de gestion privée pour les patrimoines supérieurs à 500 000 euros via Finary One. L’intelligence artificielle joue un rôle de plus en plus important dans cette stratégie.
Finary développe des agents automatisés capables d’analyser les données financières des utilisateurs et de proposer des recommandations personnalisées. L’objectif est de proposer un service de conseil accessible, intégré à l’application, sans intervention humaine. Le modèle vise à démocratiser l’accès à des outils jusque-là réservés aux clients fortunés des banques privées.