Résumé Résumé
- Le salaire du président du Sénat en chiffres
- Une rémunération en hausse depuis 2014
- Des avantages en nature très élevés
- Des pensions de retraite cumulées sur plusieurs régimes
- Des revenus patrimoniaux et financiers supplémentaires
- Un revenu très supérieur à celui de la majorité des Français
- Des dépenses contestées en 2024 et 2025
- Réformes et résistances autour de la transparence
Gérard Larcher, président du Sénat depuis 2014, perçoit une rémunération globale estimée entre 25 000 et 30 000 euros nets par mois. Cette somme comprend son salaire, ses pensions de retraite, ses avantages en nature et ses revenus patrimoniaux. À ce niveau, il fait partie des personnalités politiques les mieux rémunérées de France.
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Le salaire du président du Sénat en chiffres
La rémunération mensuelle brute de Gérard Larcher s’élève à 21 829,53 euros. Après déduction des prélèvements, elle atteint environ 18 496,12 euros nets. Elle se décompose en deux blocs principaux : l’indemnité de sénateur et l’indemnité spécifique de président du Sénat.
L’indemnité parlementaire de base est fixée à 5 931,95 euros bruts, à laquelle s’ajoutent une indemnité de résidence (177,96 euros) et une indemnité de fonction (1 527,48 euros). Le sous-total brut pour sa fonction de sénateur est donc de 7 637,39 euros, pour un net estimé à 5 676,12 euros.
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À cela s’ajoute une indemnité spécifique de président du Sénat, à hauteur de 7 591,58 euros bruts (environ 6 220 euros nets). S’y ajoute enfin une avance pour frais de mandat (AFM), non imposable, d’un montant forfaitaire de 6 600 euros.
Cette rémunération dépasse celle d’un ministre (environ 10 692 euros bruts) et reste légèrement inférieure à celle du président de la République ou du Premier ministre (16 000 euros bruts).
Une rémunération en hausse depuis 2014
Depuis le début de son second mandat en 2014, la rémunération brute du président du Sénat a connu une augmentation régulière. En 2019, elle atteignait 14 436,37 euros bruts mensuels. En 2025, elle dépasse les 15 229 euros bruts mensuels, soit une hausse d’environ 5,5 % sur six ans. Cette progression suit l’évolution des traitements de la fonction publique.
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L’avance pour frais de mandat a également augmenté, passant de 5 900 euros à 6 600 euros en janvier 2024. Cette hausse de 11,9 % a été justifiée par l’inflation et les dépenses supplémentaires engendrées par les Jeux olympiques à Paris.
Des avantages en nature très élevés
Au-delà de son salaire, Gérard Larcher bénéficie d’un ensemble d’avantages en nature.
Il dispose d’un logement de fonction de 80 m² au Petit Luxembourg, dont la valeur locative est estimée à 120 000 euros annuels. L’appartement est meublé, entretenu, et dispose d’un service de ménage.
Le président du Sénat bénéficie également d’un véhicule avec chauffeur permanent (coût estimé à 150 000 euros par an), ainsi que d’une sécurité rapprochée (environ 100 000 euros par an).
Pour la restauration, les repas officiels sont facturés entre 5 et 10 euros, alors que leur coût réel est estimé entre 30 et 50 euros. Avec environ 300 repas par an, l’économie réalisée est de l’ordre de 7 500 à 13 500 euros.
Enfin, son cabinet emploie plusieurs conseillers, dont les salaires peuvent dépasser 19 000 euros nets par mois. Le budget global du cabinet est estimé entre 2 et 3 millions d’euros par an.
Des pensions de retraite cumulées sur plusieurs régimes
Gérard Larcher cumule plusieurs pensions issues de ses fonctions passées. Ce cumul est légal, bien que peu commun à ce niveau.
Il perçoit environ 4 500 euros bruts par mois au titre de sa retraite parlementaire, 2 000 euros pour ses fonctions d’ancien maire de Rambouillet, 1 000 euros pour son activité de médecin libéral avant 1983, et 500 euros en tant qu’ancien ministre.
Au total, ses pensions s’élèveraient à environ 8 000 euros bruts mensuels, soit 6 400 euros nets. Sur une base annuelle, cela représente 96 000 euros bruts. Ces montants restent des estimations, car Gérard Larcher a refusé de communiquer les chiffres exacts. Certaines sources évoquent un montant mensuel total supérieur à 10 000 euros.
Des revenus patrimoniaux et financiers supplémentaires
Selon les déclarations transmises à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), Gérard Larcher détient 30 % du capital d’une société civile immobilière (SCI) valorisée à 285 000 euros. Il a perçu en 2022 un revenu foncier de 18 019 euros.
Il détient également des participations dans le Crédit Mutuel et Centravet. En 2022, ses revenus nets annuels issus de sa fonction de président s’élevaient à 151 654 euros. En 2023, il avait déjà perçu 120 194 euros sur une période partielle.
Ces chiffres ne tiennent pas compte des pensions de retraite, qui ne sont pas considérées comme des revenus d’activité et ne sont donc pas incluses dans les déclarations obligatoires à la HATVP.
Un revenu très supérieur à celui de la majorité des Français
En cumulant salaire, retraites et avantages en nature, le revenu net mensuel de Gérard Larcher se situe entre 25 000 et 30 000 euros. Ce niveau de revenu correspond au centile supérieur des foyers français. À titre de comparaison, le revenu mensuel moyen net d’un Français est de 2 424 euros. Gérard Larcher gagne donc environ dix fois plus qu’un citoyen moyen. Sa retraite estimée est également 4,6 fois supérieure à celle d’un retraité moyen (environ 1 400 euros nets mensuels). Quant aux avantages en nature, ils représentent une forme de rémunération inaccessible au grand public.
Par rapport à ses homologues européens, Gérard Larcher se situe dans la moyenne haute. En Allemagne, le président du Bundesrat perçoit 108 984 euros bruts annuels (soit 2,5 fois le salaire moyen national). En France, la rémunération du président du Sénat atteint 182 754 euros bruts hors avantages, soit un ratio de 5,1 fois le salaire moyen national. Ce ratio est l’un des plus élevés d’Europe.
Des dépenses contestées en 2024 et 2025
Plusieurs polémiques ont marqué l’année 2025. Deux fauteuils présidentiels achetés pour 34 000 euros ont provoqué des critiques. Gérard Larcher a reconnu une “erreur” d’appréciation. La hausse de l’avance pour frais de mandat, passée à 6 600 euros en janvier 2024, a été décidée sans consultation publique. Elle a été justifiée par l’inflation et les dépenses liées aux Jeux olympiques.
En 2018, les frais de “déplacements, missions et réceptions” du président du Sénat avaient déjà atteint 376 133 euros, dont 133 799 euros pour les seules réceptions. Cette somme marquait une hausse de 48 % par rapport à l’année précédente.
Réformes et résistances autour de la transparence
Face aux critiques, le Sénat a adopté certaines mesures correctives. Les avantages accordés aux anciens présidents et Premiers ministres ont été supprimés. Les règles de contrôle sur les frais de mandat ont été renforcées. Enfin, la publication des informations budgétaires a été améliorée.
Malgré ces évolutions, les résistances restent fortes. Gérard Larcher a notamment défendu le maintien des régimes spéciaux de retraite, tout en soutenant par ailleurs des réformes exigeant des efforts supplémentaires pour les salariés, comme l’extension du temps de travail non rémunéré.
La situation financière de Gérard Larcher est le reflet d’un système institutionnel qui reste légal mais peu transparent. Le niveau cumulé de ses revenus, salaires, retraites, avantages et patrimoine compris, soulève des interrogations sur la soutenabilité démocratique de tels écarts avec la population.