Résumé Résumé
Un million d’euros pour digitaliser la nuit. C’est le montant que la jeune pousse parisienne OnParty vient de lever auprès d’un investisseur français et d’un acteur international resté discret. Fondée en 2023, l’entreprise se donne une mission ambitieuse, presque démiurgique : devenir la plateforme centrale de la vie nocturne mondiale, en « gamifiant » l’expérience festive et en digitalisant les interactions sociales de l’obscurité. La promesse a de quoi séduire.
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Une croissance rapide
Déjà présente dans cinq villes que l’on qualifiera sans grand risque de symboliques dans l’imaginaire de la night culture – Paris, Marrakech, Ibiza, Dubaï, et une autre non nommée – OnParty annonce une croissance de 76 % sur les six derniers mois. Plus de 150 partenaires affiliés (clubs, festivals, collectifs) auraient rejoint l’écosystème. Pourtant, peu d’éléments permettent d’évaluer la réalité derrière ces chiffres. Ni chiffre d’affaires, ni taux de rétention, ni nombre d’utilisateurs actifs : la transparence attendra. Un classique dans l’univers des start-up, où la vitesse prime parfois sur la vérifiabilité.
Le cœur du projet repose sur un diagnostic que peu contestent : le monde de la fête reste désorganisé, éclaté, parfois inaccessible. OnParty entend y remédier en proposant une interface unique : accès à des soirées privées, réservations de prestations (DJs, sécurité, etc.), messagerie intégrée, notifications ciblées, le tout sur fond d’UX inspirée des codes des réseaux sociaux. Côté organisateurs, des outils B2B : gestion des invités, billetterie via QR code, segmentation d’audience. Une sorte de Salesforce de la nuit, en plus sexy.
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Un projet porté par deux profils complémentaires
Les deux fondateurs, Jordan Cohen (ancien de Tessan) et Édouard Potel (bien connu dans les nuits parisiennes et ibizéennes), visent 150 000 utilisateurs actifs d’ici 2026. Un objectif ambitieux, voire optimiste, au regard de la fragmentation des marchés visés et de la diversité des cultures festives. Conquérir la nuit ne se fait pas à coups d’API.
L’enveloppe levée permettra de renforcer les équipes, d’accélérer le développement technologique – notamment via l’intelligence artificielle – et d’étendre la présence géographique, avec une priorité affirmée : le Moyen-Orient. Un choix stratégique encore peu courant pour une start-up culturelle européenne, mais justifié par une « carence d’offres intégrées », selon les fondateurs.
Expérience utilisateur immersive et personnalisée
Sur le plan produit, la feuille de route est aussi dense qu’ambitieuse : moteur de recommandation d’événements, enrichissement du profil utilisateur, algorithmes de matching, parcours de réservation fluide. Tout est là pour séduire une génération ultra-connectée, avide d’expériences à la fois immersives et personnalisées. Mais entre le code et la culture, le fossé est souvent large.
C’est que le terrain de jeu choisi est encore mal balisé. La « night economy », en France comme ailleurs, reste un concept flou, mal défini, éclaté entre secteurs – lieux de consommation, logistique, sécurité, événements culturels. Dans cet univers composite, espérer imposer une plateforme unique, aussi intelligente soit-elle, suppose une capacité d’adaptation extrême. Régulations locales, usages culturels, informalité structurelle : la fête ne se laisse pas facilement encadrer.