Géotec, success story à la française dans le BTP

De Quetigny aux grands chantiers européens, Géotec creuse son sillon. Une entreprise devenue incontournable dans l’ingénierie du sol.

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À Quetigny, dans la périphérie tranquille de Dijon, se trame une histoire de croissance peu spectaculaire en apparence, mais redoutablement efficace. Celle d’un groupe d’ingénierie qui creuse, dans tous les sens du terme. Géotec, spécialiste des études géotechniques, environnementales et structurelles, s’est imposé sans bruit parmi les piliers français — et désormais internationaux — de l’ingénierie du sous-sol. Une trajectoire fondée sur la patience, la méthode et une compréhension aiguë des forces telluriques… économiques.

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Une PME devenue mastodonte

En 1973, François Barnoud, jeune ingénieur sorti des Arts & Métiers, lance un modeste bureau d’études. Un demi-siècle plus tard, son fils, Olivier Barnoud, pilote un groupe de 1 000 collaborateurs, répartis dans neuf pays, pour 120 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024. Le siège ? Toujours à Quetigny. Le style ? Toujours familial. La croissance ? Exponentielle.
Sous sa direction, Géotec a doublé de taille en six ans. Une expansion menée au pas cadencé, avec en moyenne une à deux acquisitions par an. Pas de coup d’éclat ni de fanfare : juste des cibles bien choisies et intégrées sans rupture.

La croissance externe comme boussole

Dernier rachat en date : Envisol, une entreprise iséroise spécialisée dans les sols pollués, avalée en 2025. Un pas de plus dans la diversification environnementale de Géotec. Ce n’est pas un hasard : cette opération s’inscrit dans un plan à dix ans, Ambition 2030, qui articule croissance, transition écologique et innovation.

Depuis 2017, les cibles s’enchaînent et dessinent une cartographie stratégique : Verbeke (Belgique), Sénélabo (Sénégal), A2EP (Nouvelle-Calédonie), CSI (Italie), Atemac (France)… Objectif : élargir le spectre des compétences et ouvrir de nouveaux terrains. Littéralement.

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Des chantiers spectaculaires

Mais ce qui assoit la réputation d’un géotechnicien, ce sont les chantiers. Géotec en aligne quelques-uns de poids :

  • À Kourou, en Guyane, le groupe est à la manœuvre pour les fondations du programme spatial Ariane 6, sur plus de 200 hectares.
  • En Europe, il s’attaque au Future Circular Collider, le successeur du LHC, 91 kilomètres de tunnel à creuser sous les Alpes pour le CERN. Un chantier scientifique, mais aussi géotechnique, titanesque.
  • Et sur le littoral français, c’est Fort Boyard que Géotec contribue à sauver de l’érosion, dans un chantier qui s’étendra jusqu’en 2028.

Autant de démonstrations d’un savoir-faire à haute technicité, où chaque forage raconte une histoire de contraintes, de calculs et de compromis.

Diversification : le mot d’ordre

Si Géotec tient la distance, c’est aussi parce qu’il ne met pas tous ses pieux dans le même sol. À côté de la géotechnique (35 % de son chiffre d’affaires), l’entreprise a développé huit métiers : environnement, structure, maritime, risques naturels, géothermie, géophysique, exploration et ingénierie routière.
Résultat : plus de 24 000 projets par an, dans des secteurs variés. Une mécanique de diversification qui permet d’amortir les chocs, tout en restant fidèle à sa colonne vertébrale : comprendre le sol pour bâtir durablement.

Loin des aventures hasardeuses, Géotec mène une expansion maîtrisée. Ses 17 filiales sont implantées dans neuf pays, du Sénégal à l’Italie, de la Belgique à Madagascar. Au Canada, les projets prennent forme par partenariats. Le choix des implantations obéit à un double impératif : compatibilité technique et opportunité économique.

L’Afrique de l’Ouest, avec Géotec Afrique, constitue un relais de croissance, dans une région en plein essor infrastructurel. L’Europe, via des acquisitions ciblées, offre des synergies linguistiques et normatives. Une logique de pas comptés, pas de bonds désordonnés.

Une entreprise qui appartient (vraiment) à ses salariés

Autre singularité : un actionnariat salarié développé, et pas pour la vitrine. Près de 50 % des collaborateurs sont actionnaires via un FCPE. Un choix qui aligne les intérêts et renforce la culture d’entreprise.

La formation n’est pas en reste : 3 % de la masse salariale y est consacrée. Plus de 1 600 jours de formation par an, avec un vivier d’alternants dont deux tiers restent dans la maison. Des partenariats solides avec les écoles d’ingénieurs (ENSEGID, INSA Toulouse) complètent ce dispositif de montée en compétences.

Numérisation : quand l’ingénierie bascule dans les datas

Le monde du forage n’échappe pas au digital. Depuis 2018, plus d’un million d’euros ont été investis pour moderniser l’infrastructure numérique. Résultat : un système d’information unifié, des applis mobiles de terrain, et surtout, une base de données de plus de 100 000 études.

L’objectif n’est pas que comptable. Grâce à ces données, Géotec développe des modèles prédictifs basés sur l’IA. Sur les chantiers, le pilotage temps réel et l’intégration automatisée des données transforment les pratiques. Moins de papier, plus d’analyse, et surtout, une valorisation accrue du capital humain.

Pas de grand discours, mais des actes. Depuis 2019, Géotec structure sa politique RSE : comité dédié, charte éthique, engagements sectoriels. En quatre ans, les émissions de GES ont baissé de 9 %. La part de véhicules à faibles émissions atteint 38 %. L’index égalité professionnelle ? 86/100.

La Fondation Géotec, abritée par la Fondation de France, finance chaque année des projets sociaux, en France comme en Afrique de l’Ouest. En 2024, 16 initiatives ont été soutenues, dans les domaines de l’eau, de l’insertion ou encore de l’alphabétisation.

« Ambition 2030 » : la feuille de route du sous-sol européen

Le cap est clair. Cinq axes : diversification, digitalisation, transition environnementale, talents, innovation. Avec des chantiers émergents comme la géothermie ou l’éolien offshore, les opportunités sont là, sous les pieds.

Géotec mise aussi sur l’IA, les jumeaux numériques, et l’analyse prédictive du comportement des sols. Objectif affiché : devenir la référence européenne de l’ingénierie du sol et de l’environnement. Rien que ça.



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