Douze ans d’existence, une base d’utilisateurs solide, une indépendance revendiquée à contre-courant de l’écosystème fintech : Le Pot Commun incarne une anomalie dans un secteur qui a fait du financement rapide et du passage en force sa grammaire ordinaire.
A LIRE AUSSI
Cagnottes en ligne : Tribee révolutionne le don solidaire
Créée en 2011 par trois cousins, la plateforme s’est construite autour d’un usage simple : collecter de l’argent à plusieurs. L’idée séduit immédiatement, dans un pays où l’on célèbre encore les départs à la retraite avec une enveloppe et les anniversaires avec une participation. Le succès est rapide. En quelques années, Le Pot Commun s’impose comme l’un des pionniers de la cagnotte en ligne. Recette gagnante : simplicité d’usage, rapidité des transactions, sentiment de sécurité. Les cas d’usage prolifèrent au rythme des moments de vie – des plus joyeux aux plus urgents.
Un retour à l’indépendance
Puis vient le parcours balisé : celui d’une startup prometteuse happée par un écosystème bancaire en quête de modernité. En 2015, l’entreprise passe sous le pavillon du groupe BPCE. En 2021, elle est intégrée dans Bimpli, une initiative dédiée aux avantages salariés. L’année suivante, elle est absorbée par Swile, l’une des rares licornes françaises. Mais, surprise rare dans la fintech : en 2023, Le Pot Commun fait machine arrière. Les fondateurs reprennent les rênes et redonnent à l’entreprise son indépendance. Un retour aux sources présenté comme stratégique.
A LIRE AUSSI
Dons en ligne : transparence totale avec Mon ami poto
Mais le charme de l’indépendance ne suffit pas à masquer la question qui fâche : que reste-t-il de l’agilité d’hier dans une structure qui a connu plusieurs intégrations, puis un rachat par ses fondateurs ? Les chiffres affichés – 700 millions d’euros collectés depuis sa création, 2 millions de cagnottes, 21 millions de participants – impressionnent par leur volume et montrent une vraie résilience. Car le marché des cagnottes en ligne, aujourd’hui, n’est plus une terre vierge. Il est mature, segmenté, exposé à des pressions multiples : concurrence accrue, exigences de conformité renforcées, régulation plus stricte sur la sécurité des paiements. Sans compter l’évolution des attentes des utilisateurs, plus mobiles, plus exigeants, plus volatils. Le Pot Commun promet de s’adapter. Refonte de l’offre, amélioration du service client, repositionnement stratégique prévu pour l’automne 2025.
Une stratégie axée sur l’utilité sociale et la proximité
Les fondateurs veulent croire à une mission : faire de la cagnotte un vecteur de solidarité locale, un levier au service de projets collectifs. Une ambition qui sonne juste, mais qui devra passer l’épreuve du réel. Comment émerger dans un environnement numérique saturé de propositions similaires ? Quelle capacité à innover en interne quand on refuse les capitaux extérieurs ? Et surtout, quelle gouvernance pour accompagner une croissance hors du périmètre historique, celui des cercles familiaux et amicaux ?
A LIRE AUSSI
Céline Lazorthes, l’entrepreneuse qui bouscule les codes
