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Légère, résistante et ultra-performante, la fibre de carbone est devenue incontournable dans des secteurs aussi stratégiques que l’aéronautique, l’automobile, l’énergie ou encore le sport de haut niveau. Pourtant, derrière ses qualités mécaniques se cache une réalité environnementale préoccupante : la production d’une tonne de fibre de carbone vierge génère environ 40 tonnes de CO₂, soit l’équivalent des émissions annuelles de quatre Français.
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Face à une demande mondiale croissante — près de 200 000 tonnes de fibres vierges produites en 2024 — les déchets s’accumulent. Chaque année, environ 40 000 tonnes de rebuts sont générées, dont 90 % sont incinérées ou enfouies, faute de solutions de recyclage adaptées. Une problématique majeure pour l’industrie des matériaux composites, encore peu équipée pour répondre à l’urgence écologique.
Une technologie de recyclage à faible empreinte carbone
C’est dans ce contexte que s’inscrit la solution développée par Nova Carbon, start-up deeptech fondée en 2023 à Bordeaux. Son procédé breveté, baptisé « Long Fiber Realignment », représente une rupture technologique dans le recyclage des matériaux composites.
Contrairement aux techniques classiques qui broyent ou coupent les fibres, Nova Carbon utilise un système de détissage mécanique à l’aide de peignes spécifiques. Résultat : les fibres de carbone sont extraites intactes, conservant leur longueur, leur orientation et donc leurs propriétés mécaniques d’origine.
Sur le plan environnemental, l’impact est spectaculaire : le procédé ne génère que 500 kg de CO₂ par tonne recyclée, soit 80 fois moins que la production d’une fibre neuve. Même dans les cas complexes — comme les pièces nécessitant une dépolymérisation (cadres de vélo, réservoirs à hydrogène) — l’empreinte reste contenue, autour de 5 tonnes de CO₂ par tonne, soit encore huit fois moins que la fibre vierge.
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Recyclage de la fibre de carbone : vers une économie circulaire industrielle
Nova Carbon a rapidement noué des partenariats industriels majeurs pour déployer sa technologie à grande échelle. Avec Forvia, 7e équipementier automobile mondial, la start-up travaille à la valorisation des réservoirs en fin de vie, conçus en fibre de carbone. Ces réservoirs sont transformés en semi-produits recyclés capables d’être réinjectés dans les chaînes de production, conformément à la stratégie climat de Forvia, qui vise une réduction de 90 % de ses émissions d’ici 2045.
Autre collaboration clé : Epsilon Composite, acteur de référence de la pultrusion carbone en Nouvelle-Aquitaine. Ensemble, ils déploient une boucle locale fermée : les chutes de production sont récupérées, recyclées, puis réutilisées dans les mêmes procédés industriels, limitant la perte de valeur des matériaux tout en réduisant l’impact logistique et environnemental.
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Nova Carbon : un modèle d’innovation
L’ambition de Nova Carbon repose aussi sur une solide base financière. En juin 2024, la jeune pousse lève 1,4 million d’euros auprès d’investisseurs tels que AFI Ventures, UI Investissement, Épopée Gestion, Kima Ventures ou encore Bleu Capital. S’ajoutent à cela des soutiens publics de poids : Bpifrance, la Région Nouvelle-Aquitaine et l’ADEME. Le total des financements dépasse aujourd’hui 3 millions d’euros.
Ces ressources permettent à Nova Carbon de renforcer son industrialisation : montée en puissance de sa ligne pilote, recrutement d’une équipe R&D, développement de premiers semi-produits recyclés d’ici 18 mois. Basée à Mérignac, la start-up évolue au cœur de l’écosystème aéronautique girondin, lui offrant un accès privilégié aux industriels régionaux.
Une réponse aux réglementations européennes
La pression réglementaire européenne joue en faveur de ce type d’innovation. À l’horizon 2030, des restrictions devraient interdire la mise en décharge de matériaux composites recyclables, en particulier la fibre de carbone. Pour les industriels, l’anticipation devient impérative. Nova Carbon se positionne comme une solution crédible, performante et compatible avec les standards de production existants.
À l’heure où la décarbonation de l’industrie devient un objectif stratégique, la fibre de carbone recyclée, aux propriétés techniques conservées, pourrait devenir un matériau de référence dans un modèle de production plus sobre et circulaire.
Une technologie issue de la recherche publique française
Le procédé de Nova Carbon repose sur 13 années de recherche au sein de l’Institut de Mécanique et d’Ingénierie de Bordeaux (I2M), menées en collaboration avec des institutions de référence : CNRS, Bordeaux INP, ENSAM et INRAE. Cette trajectoire illustre une valorisation exemplaire de la recherche scientifique française, transférée avec succès vers le monde industriel.
Finaliste du Startup Booster 2023 lors du salon JEC World, Nova Carbon revendique une avance technologique significative, portée par un brevet robuste et une compréhension fine des enjeux industriels.
