Résumé Résumé
L’enquête publiée par L’Équipe détaille les comportements répétés de Roland Romeyer à l’égard de plusieurs femmes, principalement salariées ou collaboratrices de l’AS Saint-Étienne. Le quotidien sportif évoque des gestes déplacés, des propos à connotation sexuelle et un climat d’intimidation banalisé au sein du club. Parmi les faits rapportés : des baisers imposés, des remarques à caractère sexuel sur le physique des employées et une insistance dérangeante dans les interactions professionnelles.
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L’article démontre que ces comportements s’inscrivaient dans un système toléré de longue date, à l’abri de toute remise en question. Plusieurs témoins décrivent une culture interne où de tels agissements étaient relativisés, voire excusés, au nom du statut de Romeyer et de sa longue histoire avec le club.
L’AS Saint-Étienne contraint à une réponse rapide
La publication de l’enquête a provoqué une réaction immédiate de la part des nouveaux propriétaires du club, Kilmer Sports Ventures, qui ont rapidement condamné les faits révélés. Le directeur exécutif Ivan Gazidis a annoncé l’ouverture d’un audit interne et la pleine coopération du club avec la justice. La direction actuelle insiste sur sa volonté de transparence et de rupture avec les pratiques du passé.
Déjà fragilisé par les suites du rachat, le club se retrouve confronté à une crise d’image majeure. Cette affaire intervient dans un moment délicat de transition, alors que l’ASSE cherche à reconstruire son projet sportif et sa relation avec les supporters.
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Une affaire qui dépasse le monde du football
Au-delà du club stéphanois, les révélations de L’Équipe ont trouvé un large écho dans les médias et sur les réseaux sociaux. En l’espace de quelques heures, l’affaire est reprise dans l’ensemble de la presse généraliste et sportive. Ce traitement médiatique massif a accéléré la mobilisation de plusieurs acteurs du secteur.
L’association Her Game Too, qui milite pour l’égalité dans le sport, s’est félicitée de cette mise en lumière, soulignant que cette exposition médiatique avait permis à plusieurs femmes de prendre la parole. L’impact est immédiat : d’autres clubs commencent à faire l’objet de témoignages similaires, et la parole se libère dans plusieurs disciplines sportives.
Une gouvernance sportive à bout de souffle
Le scandale Romeyer intervient dans un contexte déjà tendu autour de la gouvernance du sport français. Plusieurs rapports, dont celui de l’Institut IRIS, alertaient ces derniers mois sur la persistance de pratiques autoritaires, opaques et sexistes au sein des instances sportives.
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Ce cas illustre la difficulté des clubs à se doter de mécanismes internes de prévention et de sanction. Il met en lumière l’inadéquation entre les attentes de transparence exprimées par la société et les modes de gestion encore en vigueur dans certains clubs historiques.
Un accélérateur des réformes en cours
Le ministère des Sports, engagé depuis plusieurs mois dans une réforme structurelle du secteur, voit dans cette enquête une justification de ses efforts. La loi du 8 mars 2024 sur la protection dans le sport, jusque-là peu médiatisée, prend une dimension nouvelle à la lumière de cette affaire.
Des dispositifs comme la plateforme Signal-Sports, dédiée à la remontée de signalements, bénéficient d’un regain d’intérêt. Selon plusieurs sources institutionnelles, le nombre de saisines aurait fortement augmenté dans les jours suivant la publication de l’enquête. Les pouvoirs publics considèrent désormais ce type de révélation comme un levier de transformation et non plus comme une menace d’instabilité.
Les témoignages recueillis dans l’enquête révèlent des formes de domination masculine encore largement présentes dans l’écosystème sportif. Les femmes concernées parlent de peur, de culpabilité et de sentiment d’isolement. L’enquête a permis de documenter ces mécanismes de façon précise, sans anonymat généralisé, ce qui renforce leur portée. Cette affaire renforce la légitimité des structures qui œuvrent pour une meilleure inclusion. Elle contribue également à faire émerger de nouveaux protocoles de prévention au sein des clubs professionnels, longtemps réticents à aborder ces sujets.
Un précédent judiciaire en voie de constitution
La publication de L’Équipe coïncide avec une évolution législative majeure : l’élargissement des critères de reconnaissance du harcèlement sexuel, adopté en mars 2025. Cette convergence pourrait faire de l’affaire Romeyer un précédent juridique. Les comportements décrits dans l’enquête sont désormais susceptibles de constituer des infractions clairement définies par le droit.
Des éléments précis – gestes non consentis, propos répétés à caractère sexuel, climat délétère – sont considérés comme recevables dans les procédures judiciaires en cours. Le traitement de cette affaire par les juridictions compétentes sera suivi de près, tant par les juristes que par les institutions sportives.
Une crise d’image pour le football français
Sur le plan économique, les répercussions de ce scandale sont déjà visibles. À l’heure où le football français cherche à attirer des partenaires internationaux, ces révélations fragilisent la réputation du secteur. Pour l’AS Saint-Étienne, l’impact est direct : la direction doit gérer une crise de confiance auprès de ses partenaires, tout en maintenant sa feuille de route sportive.
Paradoxalement, la gestion rapide et transparente du nouveau propriétaire pourrait à terme renforcer sa crédibilité, en France comme à l’étranger. Elle donne l’image d’une gouvernance réactive, soucieuse des enjeux éthiques, en rupture avec l’ancienne direction.
Le scandale de Saint-Étienne cristallise plusieurs tendances de fond : l’exigence de transparence, la montée en puissance des enjeux d’égalité dans le sport, et l’attente d’un traitement rigoureux des abus. Il marque la fin d’une époque où les comportements déviants pouvaient être ignorés ou couverts.