Résumé Résumé
Le puzzle médiatique de Rodolphe Saadé s’assemble pièce par pièce. Le patron du groupe maritime CMA CGM, devenu en quelques années un acteur central du paysage médiatique français, vient de finaliser l’acquisition de Brut, le média vidéo en ligne prisé des jeunes générations. Une opération annoncée le 12 septembre, qui vient s’ajouter à une série de prises de contrôle à un rythme soutenu, de BFM-TV à La Tribune, en passant par RMC.
A LIRE AUSSI
4,2 milliards d’euros d’aides aux médias : qui en profite ?
Brut, nouveau satellite dans l’orbite CMA Media
Le média 100 % numérique, fondé sur les codes des réseaux sociaux, rejoint désormais CMA Media, la filiale du groupe dédiée aux contenus d’information. Elsa Darquier, actuelle directrice de Brut, reste aux commandes opérationnelles, mais placée sous l’autorité de Claire Léost – ancienne dirigeante de Prisma Media, propulsée à la tête de CMA Media et nommée présidente de Brut.
Les deux cofondateurs, Guillaume Lacroix et Renaud Le Van Kim, conservent un rôle consultatif en tant que conseillers stratégiques. Une manière de maintenir un lien avec l’ADN initial de Brut, tout en s’inscrivant dans une logique de gouvernance intégrée. Le média, qui emploie environ 250 personnes, a retrouvé la rentabilité au dernier trimestre 2023, après plusieurs années de réorganisation. Il met en avant ses performances sur les jeunes publics, mesurées par le temps de visionnage, le volume de vues et les interactions générées.
A LIRE AUSSI
Le nouveau système Hanouna : TBT9, influence et politique
Couvrir l’ensemble du spectre médiatique
Avec Brut, CMA Media érige un nouveau pôle dédié aux réseaux sociaux, aux côtés de ceux déjà existants dans l’audiovisuel et la presse écrite. La filiale revendique désormais une force de frappe de plus de 1 600 journalistes, affirmant constituer « la deuxième plus grande rédaction de France » – et « la première dans le privé ». L’ambition ne varie pas : couvrir l’ensemble du spectre médiatique, du papier à TikTok, en passant par les ondes hertziennes et la télévision numérique.
Cette diversification répond à une logique de présence tous azimuts, dans un contexte où les usages de l’information évoluent rapidement, et où les frontières entre formats s’effacent.
Depuis 2022, la stratégie du groupe s’affirme : des acquisitions ciblées, régulières, et toujours plus structurantes. CMA CGM a commencé par le rachat du groupe La Provence à l’automne 2022, avant d’entrer au capital de M6, puis de Brut. En 2023, le groupe prend le contrôle de La Tribune et lance une édition dominicale. À l’été 2024, c’est une série d’actifs audiovisuels majeurs – BFM-TV, RMC, RMC Découverte et RMC Story – qui basculent sous le pavillon CMA. Un mouvement qui se prolonge avec la préparation du rachat de Chérie 25, propriété du groupe NRJ.
A LIRE AUSSI
Canal+ : qui est vraiment Maxime Saada ?
L’ensemble dessine une stratégie méthodique, presque clinique, qui tranche avec l’approche plus opportuniste de certains concurrents.
Un pôle en voie d’intégration verticale
Avec l’intégration de Brut, la consolidation s’accélère. Rodolphe Saadé construit un pôle médias aux fondations larges : presse régionale et nationale, télévision, radio, réseaux sociaux. Un écosystème complet, où l’ensemble des canaux de diffusion sont couverts, et où chaque acquisition vient renforcer un édifice en construction. Trois ans après les premiers pas dans les médias, le groupe redessine progressivement les équilibres d’un paysage français longtemps figé.
