Oracle, le géant qui faisait mine de dormir

En quelques jours, Oracle a signé son retour en force dans le cloud et l’intelligence artificielle. Voici pourquoi tout le monde en parle aujourd’hui.

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Oracle n’était plus vraiment au centre des conversations technologiques. Relégué au rang d’acteur historique des bases de données, son nom évoquait davantage les années 1990 que l’intelligence artificielle générative ou les mégacontrats du cloud. Et pourtant. En l’espace de quelques jours, le groupe américain a frappé un grand coup. Il a dévoilé une explosion inédite de ses revenus contractuels, provoqué une envolée boursière, et repositionné son cofondateur Larry Ellison parmi les hommes les plus riches de la planète. L’entreprise, que beaucoup pensaient endormie, semble désormais bien réveillée.

La pari gagnant d’Oracle

Créée en 1977, Oracle s’est imposée pendant des décennies comme le leader mondial des systèmes de gestion de bases de données relationnelles. Mais au moment où la valeur se déplace vers les plateformes d’IA et les infrastructures cloud, cette position n’était plus suffisante. Depuis plusieurs années, la firme avait amorcé un virage stratégique discret, misant sur Oracle Cloud Infrastructure (OCI), une offre encore loin des mastodontes du secteur comme Amazon Web Services ou Microsoft Azure. Ce pari, longtemps perçu comme secondaire, est en train de se révéler décisif.

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Contrat stratégique avec OpenAI change la donne

Lors de la présentation de ses résultats trimestriels, Oracle a annoncé avoir triplé ses revenus contractuels futurs en l’espace de trois mois. Ils atteignent désormais 455 milliards de dollars. Sa division cloud pourrait générer 18 milliards de chiffre d’affaires dès cette année fiscale, avec une projection à 144 milliards dans cinq ans. Des chiffres qui ne doivent rien au hasard : ils s’appuient sur des contrats massifs signés avec des groupes comme Toyota, FedEx ou Zoom.

Mais surtout, Oracle vient de décrocher un accord stratégique avec OpenAI, l’éditeur de ChatGPT. Celui-ci prévoit l’achat de 300 milliards de dollars de puissance de calcul sur environ cinq ans, ce qui nécessitera une capacité énergétique de 4,5 gigawatts, soit l’équivalent de la consommation de 4 millions de foyers. Cette alliance place Oracle au cœur de l’infrastructure de l’intelligence artificielle générative.

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Une envolée boursière change tout pour Oracle

L’impact sur les marchés a été immédiat. En une seule journée, l’action Oracle a bondi de près de 36 % à Wall Street, atteignant une valorisation record de 922 milliards de dollars. Depuis le début de l’année, le titre a progressé de 97 %. Cette envolée place l’entreprise dans une ligue désormais comparable à celle des géants de la tech, même si Nvidia (4300 milliards) et Microsoft (3720 milliards) restent encore hors de portée. Les investisseurs saluent une stratégie claire et une exécution rapide.

Ils restent néanmoins attentifs aux risques : le contrat avec OpenAI, aussi spectaculaire soit-il, oblige Oracle à investir massivement en amont dans des centres de données, de la puissance de calcul et de l’énergie, sans garantie sur la stabilité de la demande ou l’évolution technologique. Si des obstacles surgissent – régulation, changements de paradigme ou ralentissement de l’IA – le groupe pourrait se retrouver avec des coûts fixes très lourds.

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L’atout Larry Ellison

Derrière cette transformation se trouve un homme dont l’influence a rarement été aussi visible : Larry Ellison. Cofondateur d’Oracle il y a 48 ans, il détient encore 41 % du capital, une exception dans l’univers de la tech. À 81 ans, il occupe toujours les fonctions de président et de chief technology officer, et voit sa fortune atteindre 383 milliards de dollars selon Bloomberg, à un milliard seulement d’Elon Musk. Sa proximité avec Donald Trump n’a jamais été un secret. C’est sous l’œil de l’ancien président qu’il a signé, début 2024, un protocole d’accord avec OpenAI et SoftBank pour investir au moins 500 milliards de dollars dans la construction de centres de données aux États-Unis. Ce projet, baptisé Stargate, commence à se matérialiser au Texas.



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