Kidibam : l’irrésistible ascension du jouet d’occasion

Kidibam fait un tabac avec des jouets reconditionnés vendus à moitié prix. Un business vertueux qui séduit familles… et distributeurs.

Résumé Résumé

Le marché français du jouet d’occasion connaît une croissance exceptionnelle : +23 % en valeur en 2024, pour un total de 332 millions d’euros générés, selon les derniers chiffres sectoriels. Cette dynamique dépasse désormais celle du marché du neuf. Au cœur de cette mutation, la jeune entreprise Kidibam, fondée fin 2022 sous le nom de Le Tricycle, s’impose comme un acteur central de cette transition vers une consommation plus durable.

En moins de trois ans, la start-up a remis en circulation plus de 50 000 jouets, s’est installée dans les linéaires de plusieurs grands distributeurs, et prévoit de traiter jusqu’à 4 millions d’articles d’ici 2027. Son cofondateur, Théodore Chastel, affirme viser une présence dans une cinquantaine de points de vente physiques cette année, tout en accélérant le déploiement sur les marketplaces.

Un réseau de distribution en pleine expansion

Initialement limitée à la vente en ligne, l’offre de Kidibam a progressivement investi les rayons physiques. Dès 2024, l’entreprise signe des partenariats stratégiques avec le groupe Kiabi, via son concept Kidkanaï, ainsi qu’avec les Galeries Lafayette. Dans le magasin haussmannien du groupe, un espace [RE]STORE Kids est désormais entièrement dédié à la seconde main.

La dynamique se poursuit avec de nouveaux distributeurs. Le groupe Carrefour a lancé une opération de reprise dans une centaine de magasins, permettant la collecte de 4 500 jouets en trois mois. En juin 2025, Franprix rejoint le mouvement, en proposant à ses clients des bons d’achat en échange du don de jouets usagés.

Parallèlement, Kidibam teste des implantations en magasin. À Amiens Glisy, un premier rayon a été installé au sein d’un Intermarché en novembre dernier. « Nous y proposons un concept clé en main. La sélection est réalisée en amont, les articles sont envoyés par palettes, nettoyés, parfois remis en état, et immédiatement prêts à la vente », explique Théodore Chastel. Le test s’étant avéré concluant, le modèle devrait être étendu à d’autres points de vente de l’enseigne.

Jouets d’occasion : un marché désormais stratégique

Face à ce positionnement offensif, les enseignes historiques du jouet commencent à réagir. King Jouet a lancé en 2024 ses espaces King’Okaz dans une trentaine de magasins. Objectif affiché : déployer le concept à l’ensemble de son réseau de 300 points de vente. De janvier à septembre, l’enseigne affirme avoir collecté 40 000 jouets usagés et vendu 35 000 articles d’occasion, preuve de l’appétence croissante des consommateurs.

Sur le terrain du numérique, Kidibam se confronte aux grandes plateformes de vente généralistes, qui bénéficient d’une force de frappe supérieure. Pour se différencier, l’entreprise met en avant son exigence en matière de qualité : « Nous sommes les seuls à proposer 15 000 articles vérifiés, avec une équipe dédiée à la conformité et à la sécurité des produits », insiste Théodore Chastel. L’atelier de 400 m² situé à Paris emploie actuellement 11 salariés, dont la moitié est affectée au reconditionnement.

Répondre aux freins de l’occasion grâce à l’innovation

L’un des freins majeurs à l’achat de jeux d’occasion réside dans l’absence de notice, particulièrement sensible lors des fêtes de fin d’année. Près de 59 % des achats d’occasion se concentrent autour de Noël, selon les données internes de la marque.

Pour répondre à ce besoin, Kidibam a développé une bibliothèque numérique gratuite regroupant les règles de jeux de nombreux éditeurs : Auzou, Gigamic, Djeco, Goliath, Dujardin, Nathan, Bioviva, et l’École des Loisirs. Ouvert à tous les acteurs du secteur, ce projet collaboratif vise à lever une barrière d’usage persistante et à encourager une meilleure circulation des jeux existants.

Des objectifs ambitieux soutenus par une levée de fonds

Afin de soutenir sa croissance, Kidibam a levé 700 000 euros sur la plateforme Sowefund, avec le soutien de business angels tels que Clément Alteresco (Morning) et Cécile Guillou (Picard). L’entreprise vise un chiffre d’affaires de 300 000 euros pour l’année 2024, avec une montée en puissance progressive au fil des nouveaux déploiements.

Au-delà du grand public, la start-up s’adresse désormais à d’autres segments de marché : crèches, assistantes maternelles, comités d’entreprise. Objectif : proposer une offre structurée et accessible dans un contexte où 110 000 tonnes de jouets sont jetées chaque année en France.

Vers une nouvelle norme de consommation

Si le prix demeure la première motivation d’achat pour 79 % des parents, la dimension écologique gagne du terrain : 61 % des consommateurs déclarent prendre en compte l’impact environnemental. Avec un prix moyen de 9,50 € pour un jouet d’occasion, contre 18,20 € pour un article neuf, le marché conjugue désormais accessibilité et durabilité.

Aujourd’hui, le jouet d’occasion représente 7,1 % du marché global. Les projections estiment qu’il pourrait atteindre 10,5 % dès 2030, soit plus de 40 millions d’unités vendues en 2025. Dans ce paysage en recomposition, Kidibam entend consolider sa place en structurant une offre de qualité, ancrée dans les nouveaux usages de consommation.



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