Reporting ESG : la start-up Greenscope voit loin

Et si une startup française détenait la clé du reporting durable en Europe ? Greenscope bouscule les codes avec sa plateforme tout-en-un.

Résumé Résumé

Avec l’entrée en vigueur de la directive européenne CSRD, des dizaines de milliers d’entreprises sont désormais tenues de publier des données détaillées sur leur impact environnemental, social et de gouvernance (ESG). Ce bouleversement réglementaire crée un nouveau marché, estimé à plusieurs milliards d’euros, dans lequel émergent de nombreux acteurs. Parmi eux, une start-up française tire son épingle du jeu : Greenscope.

A LIRE AUSSI
Verso Energy au cœur du plus gros projet de décarbonation d’Europe

Basée à Paris, cette jeune entreprise développe une plateforme technologique tout-en-un dédiée au reporting ESG. En intégrant intelligence artificielle, conformité réglementaire et outils de pilotage stratégique, Greenscope ambitionne de devenir un acteur clé de cette nouvelle infrastructure numérique. Forte d’une croissance rapide, d’un portefeuille clients en pleine expansion et d’une reconnaissance institutionnelle, la startup se positionne comme un candidat sérieux pour structurer le reporting durable à l’échelle européenne.

CSRD : un marché en forte accélération

Depuis le 1er janvier 2024, la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) impose de nouvelles obligations de transparence aux entreprises européennes. Elle élargit considérablement le champ d’application du reporting extra-financier : environ 50 000 entreprises sont désormais concernées, contre 12 000 auparavant. En France, cela représente 7 000 sociétés, grandes et moyennes, qui doivent s’adapter à une réglementation plus stricte.

A LIRE AUSSI
SeqOne : l’ambition mondiale d’une biotech de Montpellier

Le texte introduit des standards harmonisés (les ESRS), une vérification obligatoire par un tiers indépendant, ainsi qu’un format digital imposé. Il exige aussi une analyse dite de « double matérialité », c’est-à-dire l’évaluation à la fois de l’impact de l’entreprise sur son environnement, et des risques ESG sur ses activités.

Face à ce cadre de plus en plus complexe, les entreprises cherchent des outils capables de structurer, fiabiliser et automatiser leur reporting. Selon l’institut Xerfi, le marché européen du reporting durable pourrait atteindre entre 2,5 et 3,5 milliards d’euros d’ici 2029.

Une plateforme pensée pour les acteurs publics et privés

Greenscope répond à cette demande croissante avec une plateforme qui couvre l’ensemble du cycle de reporting : collecte des données, contrôle qualité, production des rapports, suivi des indicateurs, conformité réglementaire et analyse comparative.

La particularité de l’outil réside dans son architecture intégrée. Il permet aux entreprises de connecter leurs propres systèmes d’information (via API), d’importer des données manuellement ou par campagnes de collecte, et d’organiser ces informations par entité, business unit ou portefeuille. Des contrôles automatisés permettent de détecter les incohérences, tandis que des experts ESG peuvent intervenir en appui.

Les utilisateurs peuvent visualiser leurs données via des tableaux de bord dynamiques, suivre l’évolution de leurs indicateurs dans le temps, et se comparer à un benchmark sectoriel alimenté par les données anonymisées de plus de 7 000 entreprises. Le tout dans un environnement sécurisé, pensé pour répondre aux principales normes internationales : CSRD, SFDR, taxonomie européenne, TCFD, GRI, SASB.

L’IA comme outil d’aide, pas de remplacement

L’une des innovations clés de Greenscope est l’intégration d’un module d’intelligence artificielle, baptisé Greensight AI. Cette technologie, déployée en 2024, permet d’analyser automatiquement des documents — Excel, PDF — pour préremplir les questionnaires de reporting.

Mais la startup insiste sur un usage contrôlé de l’IA. Plutôt que d’automatiser les réponses, la plateforme propose des suggestions, paramétrables selon les préférences de l’utilisateur. Ce dernier conserve le contrôle à chaque étape, dans une logique d’accompagnement plutôt que de délégation. Une manière de garantir la fiabilité des données tout en fluidifiant le processus de déclaration.

Un positionnement de rupture

Sur un marché où de nombreux acteurs se spécialisent sur un seul aspect du reporting (bilan carbone, finance verte, conformité), Greenscope adopte une approche plus transversale. La plateforme combine plusieurs fonctionnalités habituellement séparées entre différents prestataires : reporting réglementaire, mesure d’impact, analyse de cycle de vie, visualisation stratégique, accompagnement expert.

Ce positionnement « tout-en-un » est l’un des arguments majeurs avancés par ses fondateurs. « Pour faire ce que fait Greenscope, il faut réunir quatre ou cinq outils différents », affirme Jean-Emmanuel Challan-Belval, cofondateur et CEO.

Dans ce contexte, la capacité de Greenscope à proposer une solution centralisée devient un facteur de différenciation. Elle lui permet notamment de s’adresser aussi bien aux PME qu’aux grands groupes ou aux institutions publiques, avec des offres adaptées selon le niveau d’accompagnement souhaité.

Une croissance rapide, soutenue par les investisseurs

La traction commerciale de Greenscope est forte. En 2023, l’entreprise a multiplié son chiffre d’affaires par huit. Sa base clients est passée de 15 à plus de 5 000 entreprises utilisatrices en moins de deux ans. La plateforme est aujourd’hui utilisée par des acteurs comme Montefiore Investment, qui gère plus de 5 milliards d’euros d’actifs, ou la Banque des Territoires.

Cette croissance a été reconnue par plusieurs distinctions, dont une 6ᵉ place au classement Fintech100 2025, fondé sur les performances économiques. Elle a également permis à Greenscope de lever plus de 4 millions d’euros en deux tours de financement, en 2023 puis en 2024. Les investisseurs historiques (Xplore by Épopée Gestion et Newfund) ont participé aux deux opérations, saluant la qualité de l’équipe et la pertinence du positionnement.

Certifiée B Corp

Derrière cette trajectoire, on retrouve une équipe fondatrice alignée sur une vision commune. Jean-Emmanuel Challan-Belval apporte une expérience de direction commerciale et un engagement ancien sur les questions RSE. Grégoire Étienne, cofondateur et Chief Revenue Officer, évolue dans l’écosystème de la finance durable depuis plusieurs années. Il est notamment associé de Time for the Planet. À leurs côtés, Eric Chea (tech) et Pierre-Edouard Montabrun (opérations) complètent l’équipe.

Depuis 2025, Greenscope est certifiée B Corp, un label exigeant qui reconnaît les entreprises respectant des standards sociaux et environnementaux élevés. Cette certification vient renforcer la légitimité de la startup dans un secteur où la sincérité de l’engagement est de plus en plus scrutée.

Une ambition européenne portée par la réglementation

Grâce à ses deux levées de fonds, Greenscope a entamé son expansion géographique. L’entreprise a ouvert un bureau à Londres, en plus de son siège parisien, et prévoit de s’implanter prochainement au Canada. Elle mise également sur des partenariats de prescription, du développement en marque blanche et une montée en puissance commerciale avec l’objectif de tripler son nombre de partenaires.

Cette stratégie s’inscrit dans un moment clé : l’Europe est aujourd’hui le continent le plus en avance sur la réglementation ESG, avec 84 % des encours mondiaux en fonds durables. L’entrée en vigueur de la CSRD ouvre un marché vaste, mais encore peu structuré, où la demande explose plus vite que l’offre.

Greenscope entend répondre à ce besoin avec une solution stable, évolutive et déjà opérationnelle. L’entreprise projette 3 000 nouveaux clients d’ici 2026, ainsi que le recrutement de 300 collaborateurs supplémentaires, principalement en Nouvelle-Aquitaine et en Île-de-France.



L'Essentiel de l'Éco est un média indépendant. Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités :

Publiez un commentaire

Publier un commentaire