Bonus écologique : +1000 € pour les véhicules « Made in Europe »

Le bonus écologique augmente de 1000 € pour les voitures électriques assemblées en Europe avec une batterie européenne. Une mesure active dès octobre.

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Lundi 8 septembre, le gouvernement a annoncé une nouvelle hausse du bonus écologique, désormais porté à 5 200 euros pour les ménages modestes, à condition que le véhicule soit fabriqué en Europe, batterie comprise. Une aide publique qui se veut incitative, ciblée, et surtout, alignée avec les ambitions industrielles de l’Union.

Mais derrière l’affichage politique se cache une mécanique bien plus subtile. Car il ne s’agit plus ici de soutenir la demande, mais de façonner l’offre, en orientant les chaînes de valeur vers le Vieux Continent. Traduction : si vous voulez le bonus, il faudra acheter européen – ou au moins ce qui en a l’apparence.

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Relocaliser les batteries

L’idée est dans l’air depuis des mois : rapatrier la production, réduire la dépendance asiatique, faire émerger des champions européens de la batterie. Cette hausse ciblée du bonus s’inscrit dans cette stratégie, en lien direct avec la montée en puissance des gigafactories, ces usines XXL censées assurer la souveraineté énergétique du continent. On récompense le produit final, mais c’est en réalité l’écosystème industriel que l’on tente de construire.

Sauf que la manœuvre est délicate. Les batteries ne se fabriquent pas en un claquement de doigts, et les constructeurs ne changent pas de fournisseurs par décret. La fameuse liste des modèles éligibles, promise dans les prochains jours, devra arbitrer entre pragmatisme et ambition industrielle. Et elle risque de montrer que l’offre « bonus-compatible » est encore très étroite.

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L’illusion d’un bonus sans facture

Autre innovation revendiquée : le bonus « sans coût budgétaire direct ». Une formule élégante pour dire qu’il est financé non par l’État, mais par les certificats d’économie d’énergie (CEE). Autrement dit, par les fournisseurs d’énergie, eux-mêmes répercutant ces coûts sur… leurs clients. On ne touche pas au budget, mais la facture, elle, existe bien – simplement déplacée ailleurs.

Cette externalisation du financement permet au gouvernement de faire de l’affichage vert sans passer par la case loi de finances. Un bricolage institutionnel de plus dans une politique climatique à moyens constants, où l’ambition se mesure souvent à la créativité comptable.

L’ombre de 2035

Mais le moment choisi pour cette annonce ne doit rien au hasard. L’industrie automobile européenne tangue sous la pression des normes, des objectifs climatiques, et de la concurrence chinoise. Et la perspective de l’interdiction des ventes de voitures thermiques en 2035 fait de plus en plus grincer les dents – même en Allemagne. En trois jours, Mercedes, BMW, puis Stellantis ont dit tout haut ce que beaucoup pensaient tout bas : la marche est peut-être trop haute.

Dans ce contexte, le nouveau bonus apparaît comme un compromis bancal : un signal aux industriels (« investissez ici »), un gage de volonté écologique, et un outil pour ne pas trop brusquer les électeurs à l’approche de 2027.



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