Football : le Losc, premier club français

Sans mécène milliardaire, Lille surclasse les géants de Ligue 1 avec une gestion implacable. Plongée dans un modèle qui bouscule le football français.

Résumé Résumé

Par-delà le tumulte et les excès d’un football français en perte de repères, il existe une anomalie qui détonne : Lille. Un club du Nord, sans mécène qatari ni milliardaire américain, mais qui se hisse au sommet du classement économique de la Ligue 1. Résultat net positif, dette apurée, formation florissante, performance sportive continue : le LOSC joue une partition rare. À contre-courant. Et ce n’est pas un hasard.

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Quand Lille bat Paris

À l’heure où la plupart des clubs français pleurent des comptes dans le rouge vif, le LOSC affiche une santé insolente : +16,9 millions d’euros de résultat net sur la saison 2023-2024. Mieux que Lens (+7,5 M€), mieux que Toulouse (+7 M€), et bien loin de la débâcle des mastodontes : PSG (-60,3 M€), OM (-39,1 M€), OL (-25,7 M€). Le chiffre d’affaires ? 161,4 M€, pour 138,2 M€ de charges. Une équation simple, presque scolaire, mais que peu arrivent à résoudre. Et surtout, Lille est sorti du radar du Fair-Play Financier de l’UEFA depuis juillet 2023, après quatre années de surveillance.

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Le tournant Létang : retour à l’équilibre par la sueur

Décembre 2020. Lille gagne sur le terrain, mais tangue en coulisses. La dette frôle les 270 millions d’euros. Le déficit d’exploitation atteint 92,3 millions annuels. Et un LBO alambiqué orchestré par Gérard Lopez siphonne 67,7 millions vers des entités privées. C’est dans ce chaos qu’arrive Olivier Létang.

Son style ? Moins flamboyant, plus comptable. Mais efficace. En quatre ans, il redresse la barre : désendettement complet annoncé en octobre 2024, trois exercices bénéficiaires consécutifs (22,2 M€, 30 M€, 16,9 M€), et 267 millions d’euros encaissés en transferts entre 2020 et 2024. Une remontée à la force du poignet, sans cesser d’être compétitif.

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Un “trading” à la française, mais contrôlé

Depuis dix ans, le LOSC génère 386 millions d’euros de profits nets sur le marché des transferts. C’est mieux que l’Ajax (317 M€), mieux que Monaco (218 M€). Et ce n’est pas un miracle. C’est une méthode. Lille achète jeune, forme vite, vend bien.

Quelques chiffres : Leny Yoro, 62 M€. Amadou Onana, 40 M€. Sven Botman, 37 M€. Carlos Baleba, 27 M€. Des opérations chirurgicales. À l’inverse, la vente d’Osimhen (81 M€ bruts, 7 M€ nets) illustre les dérives de l’ancienne gouvernance.

Côté dépenses ? Prudents. 23,8 M€ dépensés à l’été 2024, contre 62 M€ encaissés. Et une masse salariale ramenée à 55 M€ cette saison, contre près de 75 M€ un an plus tôt. À Lille, on dépense ce qu’on a. Et ça change tout.

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Le centre de Luchin : une usine à talents

À l’entrée de la métropole lilloise, le domaine de Luchin incarne la vision industrielle du football. 43 hectares, 20 millions d’euros investis à l’origine, un fonctionnement annuel à 6 M€… et un rendement constant. Lucas Chevalier, Leny Yoro, Eden Hazard avant eux : les joueurs formés ici rapportent. Et pas qu’en émotions.

Les mécanismes réglementaires – indemnités de formation, clauses de revente – permettent à Lille de capter une partie de la valeur générée, même longtemps après les départs. Classé en catégorie 1, le centre est aussi une vitrine qui attire les jeunes. Et donc, les capitaux futurs.

Sportivement, un club qui réussit

C’est peut-être là que Lille surprend le plus. Car le redressement financier n’a pas entamé les ambitions sportives. Depuis le titre de 2021, obtenu avec 83 points devant Paris et Monaco, le LOSC reste dans le haut du tableau. Mieux : il se renforce sur la scène européenne.

Sous Paulo Fonseca, la campagne 2022-2023 en Conference League (quart de finale contre Aston Villa) prépare le terrain. En 2024-2025, c’est la Ligue des Champions : 14 matchs, 7 victoires, 3 nuls, 4 défaites. Et des succès contre le Real Madrid, l’Atlético ou Feyenoord.

Jonathan David en est le symbole : 27 buts sur la saison, dont 9 en C1. Sa valorisation ? Près de 50 millions d’euros.

Choc budgétaire à venir, mais amorti

Le club attaque la saison 2025-2026 sans Ligue des Champions, sans les fonds CVC, avec des droits TV en baisse. Soit une chute de revenus anticipée de 115 millions d’euros. Pourtant, Lille maintient un budget de 90 à 100 M€, en partie grâce aux 80 millions générés la saison précédente via les primes UEFA, les droits internationaux et la billetterie.

Le partenariat avec SPORTFIVE, engagé depuis 2021, vise à capter des revenus hors marché des transferts. Une dizaine de salariés y travaillent à plein temps, pour faire de Lille un club européen… sans être un gouffre financier.

Ce qui se joue à Lille dépasse les frontières du club. Olivier Létang siège aux groupes de travail autour de Philippe Diallo, président de la FFF, pour repenser la gouvernance du football français. Il milite pour une adaptation du modèle Premier League au contexte hexagonal. Et il parle d’expérience.



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